A. Gowariker et ses acteurs Part. II
Publié vendredi 10 juin 2005
Dernière modification mardi 28 juin 2005
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Fantastikasia : Comment êtes-vous arrivé à convaincre Shah Rukh Khan de jouer un rôle inhabituel pour lui ?
Shah Rukh et moi, on se connaît depuis longtemps. Nous avons commencé notre carrière d’acteur ensemble dans une série télé intitulée Circus. Ensuite, nous avons joué ensemble dans deux ou trois films. Nous sommes donc des amis de longue date. En fait, même avant Lagaan, après qu’Aamir Khan a refusé le rôle une première fois, je l’ai proposé à Shah Rukh qui n’en a pas voulu non plus, alors qu’il était très intéressé par le scénario. En fait, il ne se sentait pas le courage de se lancer dans une telle aventure. Donc, après le succès de Lagaan, il voulait savoir quels étaient mes prochains projets cinématographiques. Je lui ai donc parlé du personnage de Mohan. Je pensais déjà que ce personnage lui irait parfaitement. Il a adoré le scénario et il a décidé de jouer le rôle. Il n’a jamais interprété ce type de personnage avant, celui d’un scientifique, d’un homme mûr, simple dans sa façon de vivre, qui va dans un village pour rendre visite à la dame qui l’a élevé. C’est donc cette raison qui l’a motivé à accepter ce rôle. Nous avons donc tous les deux contribué à la création et à l’évolution de Mohan Bahargav dans l’écriture, ainsi que dans la façon d’interpréter ce personnage devant la caméra.
Fantastikasia : Que pouvez-vous nous dire sur Shah Rukh Khan et sur son impressionnante popularité en Inde ? Pouvez-vous nous expliquer la raison d’un tel succès ?
Vous savez, il y a beaucoup de bons acteurs indiens. Or, selon moi, ce qui fait la différence, ce qui fait qu’on se démarque des autres, c’est le charisme. Cela est aussi vrai pour les acteurs français, Gérard Depardieu, Jean-Paul Belmondo, Jean Gabin, Alain Delon sont de grands acteurs dotés d’un superbe charisme. Cela n’a rien à voir avec le fait d’être physiquement attirant ou celui de bien savoir jouer. C’est quelque chose en plus, et Shah Rukh Khan en est doté. C’est un bon acteur, mais c’est son charisme qui l’a mené là où il est aujourd’hui et qui le mènera un jour à une renommée internationale. Le public français pourrait donc finir par l’apprécier.
Fantastikasia : Comment est-il sur un tournage ? Est-il un acteur facile à diriger ?
C’est très facile de travailler avec Shah Rukh, car il est très flexible et il est, en permanence, ouvert aux suggestions. Il s’abandonne aux mains du réalisateur et se laisse volontairement façonné afin de fusionner avec son personnage, et ce, malgré son statut de star. Je pense que c’est aussi là où réside le secret de son succès.
Avec moi, c’est devenu un peu particulier, car au début, nous étions partenaires devant la caméra et, maintenant, je suis devenu réalisateur derrière la caméra. Nous avons partagé de très bons moments et nous nous sommes beaucoup amusés en travaillant ensemble sur ce film. Il a vraiment une méthode de travail particulière. Il est tout entier à son travail. En un premier temps, il absorbe absolument tout. Il apprend son texte par cœur et, une fois devant la caméra, il joue de façon complètement spontanée. Étant donné que nous avons déjà joué ensemble, je suis habitué à sa technique de travail. Du coup, sur le tournage de Swades, nous avons travaillé ensemble avec beaucoup d’aisance.
Fantastikasia : Dans Swades, on découvre une nouvelle venue, Gayathri Joshi. Comment l’avez- vous connue et pourquoi l’avoir choisie ?
Pour le rôle de Gita, j’ai fait passer de nombreuses auditions à des actrices de cinéma et de télévision, ainsi qu’à des mannequins. Malheureusement, je n’arrivais pas à obtenir, avec elles, la bonne combinaison de beauté, d’élégance, de maintien et d’une certaine force de caractère que l’on pourrait exprimer rien qu’avec l’expression du visage. C’est lors d’une réception que j’ai rencontré Gayathri Joshi. J’ai tout de suite su que le rôle était fait pour elle, mais je ne savais pas, à ce moment-là, si elle était intéressée à jouer dans un film. Je lui ai demandé, et elle fut ravie de venir auditionner pour le rôle de Gita. C’est vraiment étrange, car ce fut une rencontre fortuite. Elle est fabuleuse dans ce film. D’autant plus que c’est son premier film en tant qu’actrice. Elle est tout simplement sensationnelle.
Fantastikasia : Que pensez-vous des actrices indiennes comme Aishwarya Rai ou Rani Mukerjee ? Allez-vous un jour travailler avec elles ?
Absolument. C’est mon intention. En fait, Rani était initialement choisie pour jouer le rôle de Gauri dans Lagaan. Tout était presque finalisé, mais malheureusement, à cause d’un souci de planning, elle a dû se désister comme elle s’était déjà engagée dans un film dont les dates de tournage correspondaient aux nôtres. Nous étions très déçus de ne pas pouvoir travailler ensemble.
En ce qui concerne Aishwarya, je la trouve magnifique ! Vous savez, il y a eu de nombreuses miss Monde, mais rares sont celles qui ont pu atteindre une telle gloire, une telle célébrité, une telle marque d’approbation. Tout cela n’est pas simplement dû à sa carrière d’actrice, sa carrière de miss ou celle de mannequin. C’est plus que cela. Encore une fois, il s’agit ici de charisme. Elle l’a, dans sa façon de se comporter, sa façon de bouger, la façon dont elle projette son image en public. C’est un véritable personnage ! Je la trouve fabuleuse ! J’adorerais travailler avec elle.
Fantastikasia : Amitabh Bachchan a prêté sa voix pour Lagaan. Y a-t-il des chances de le voir figurer dans votre prochain casting ?
Vous savez, aujourd’hui, je suis peut-être un des rares réalisateurs à ne pas avoir travaillé avec lui (éclats de rire).
Fantastikasia : Pourquoi donc ?
Je n’ai vraiment pas eu de chance (rire). En fait, je n’ai pas encore trouvé le bon scénario, assez excitant, qui me permettrait de l’imaginer dans le rôle principal. Je pense que, dès que j’aurai écrit un tel scénario, je m’adresserai directement à lui. Vous savez, je suis prêt à mourir pour travailler avec lui.
Fantastikasia : Mais qu’attendez-vous pour écrire ce scénario ? (Rires)
En Inde, le film a souffert de la comparaison faite avec Lagaan. Les gens voulaient retrouver la magie de Lagaan à travers Swades. Qu’en pensez-vous ?
C’est assez attendu. En fait, c’est même une réaction normale. Quand un réalisateur fait un bon film, bien évidemment, le suivant est automatiquement comparé au précédent, en y recherchant un contenu similaire, une magie identique. En Inde, il y a eu deux réactions. Ceux qui attendaient un « Lagaan bis ». Ceux-là furent plutôt déçus pour la plupart. Et il y a ceux qui voulaient savoir ce que j’allais faire de nouveau après Lagaan. Eux ont adoré le film. Donc, vous voyez, c’est vraiment naturel. Par exemple, quand Sholay (le 1er film de Ramesh Sippy) est sorti, j’ai adoré ce film. Et donc, lorsque Shaan (le second film de Ramesh Sippy) est sorti, je m’attendais à voir un Sholay bis.