Aadavari Matalaku Ardhalu Verule
Traduction : Les mots d’une femme ont plusieurs sens
Langue | Telugu |
Genre | Comédie romantique |
Dir. Photo | B. Bala Murugan |
Acteurs | Trisha, Swathi, Mumaith Khan, K. Viswanath, Srikanth, Sunil, Kota Srinivasa Rao |
Dir. Musical | Yuvan Shankar Raja |
Paroliers | Sirivennela Sitaramasastri, Chandrabose, Kandikonda, Kulasekhar |
Chanteurs | Udit Narayan, Adnan Sami, Karthik, Gayatri Iyer, Haricharan, Anushka Manchanda, S. P. Balasubrahmanyam, Bhargavi Pillai, Swetha, Jenny, Matangi |
Producteurs | N.V. Prasad, Shanam Naga Ashok Kumar |
Durée | 157 mn |
Après avoir surpris le public tamoul avec ses films
Kadhal Konden,
7G Rainbow Colony ou
Pudhupettai, dans des genres plutôt sombres, le réalisateur Selva Raghavan a entrepris la conquête du public telugu avec une comédie romantique.
Aadari Matalaku Ardhalu Verule (qu’on pourrait traduire en français par Les mots d’une femme ont plusieurs sens) nous montre comment la communication entre deux personnes peut être difficile, et comment les non-dits peuvent avoir des conséquences très importantes sur leur vie.
Ganesh (Venkatesh) est un bon à rien. Risée de sa famille et du quartier, ce célibataire de 30 ans n’a jamais trouvé de travail. Pourtant, un jour, il se retrouve employé dans une multinationale. Sa supérieure n’est autre que Keerthi (Trisha), une jeune femme très belle, indépendante et fière. Prête à tout pour arriver à ses fins, elle va être à l’origine d’un grand traumatisme dans la vie de Ganesh.
Les comédies romantiques pures ne sont pas légion dans le cinéma telugu. Récemment on se souvient de Nuvvostanante Nenoddantana et Bommarillu, toutes deux très réussies car bourrées de sentiments, élément qui fait cruellement défaut dans le cinéma telugu moderne. En effet, les errances romantiques des héros sont souvent noyées au milieu d’un masala d’action. Adavari Matalaku Ardhalu Verule est ainsi une bouffée d’air frais dans le paysage cinématographique telugu, voire indien. Les sentiments dégagés par les interprètes du film y sont particulièrement sobres : pas de surjeu, pas de drame exacerbé, mais des situations assez plausibles, et des réactions très dignes. On appréciera donc cette retenue, peu fréquente dans les films indiens.
Si Selva Raghavan a toujours su manier les sentiments de ses personnages, il avait pour l’instant utilisé son talent pour amener ceux-ci dans des situations dramatiques, poussées à l’extrême (Kadhal Konden,
7G Rainbow Colony ). Il opère un virage à 140° en proposant une romance pleine de légèreté. Pourquoi pas 180° me direz-vous ? Tout simplement parce que notre réalisateur tamoul aime aussi quand on pleure, et le prouve notamment avec la scène précédant l’entracte.
La première partie est très plaisante, avec pas mal de comédie et une présentation des personnages dynamique. Mais la surprise vient de la deuxième partie du film, supérieure à la première grâce à une charge en émotions très forte. Habituellement, on s’ennuie quelque peu après l’intervalle, mais dans AMAV, c’est le contraire, on est captivé par l’histoire, qui devient de plus en plus intéressante. Le réalisateur, auteur également du script, a privilégié une progression dans le film, plutôt que de se concentrer sur la première partie comme c’est souvent le cas. Et si la comédie romantique domine, de nombreuses scènes relèvent du drame familial, ce qui amène le spectateur à mettre à contribution son paquet de mouchoirs.
Le scénario est bon, la réalisation aussi, mais ce sont également les performances des acteurs principaux qui contribuent à faire d’ AMAV un joli film. Elles sont en effet homogènes et supérieures à la moyenne, et les comédiens apportent assez d’énergie et de sincérité à leur jeu pour rendre crédibles et attachants leurs personnages. Venkatesh est une très agréable surprise. Malgré d’énormes préjugés de ma part sur cet acteur (son look et ses interventions dans certains passages de films), il m’a bluffé, car il est ici excellent dans les scènes comiques, et très naturel dans les scènes plus romantiques ou même dramatiques. Son personnage est très bien écrit, il est d’ailleurs largement plus à l’aise dans ce type de rôle que dans un masala basique (Thulasi, Lakshmi).
Quant à Trisha, elle s’est vu enfin offrir un rôle consistant ! Habituellement engagée par les producteurs tamouls et telugus pour apporter la dose de glamour nécessaire à tout bon masala qui se respecte (Aathi, Thirupatchi), elle opère un changement radical dans sa filmographie. Ses scènes, presque aussi nombreuses que celles de son collègue Venkatesh, lui permettent de nous faire découvrir des facettes jusqu’alors cachées de son talent de comédienne. Impitoyable et sévère au début du film, elle devient douce et subtile par la suite. Espérons que les producteurs accorderont à l’avenir plus de place à son potentiel comique et dramatique.
Comme souvent, l’acteur Kota Srinivasa Rao, qui incarne le père de Ganesh, nous impressionne par sa prestation. Les relations conflictuelles mais pleines de tendresse et de pudeur entre le père et le fils sont vraiment l’une des grandes qualités de la première partie du film. Le reste du casting est tout simplement parfait. Tous bien dirigés par Selva, les comédiens concourent à capter l’attention du spectateur quelle que soit la scène.
La musique joue également un rôle important dans la réussite du film. Si les mélodies de Yuvan ne sont pas toutes fantastiques à l’écoute du disque, elles rendent en revanche très bien dans le film. Cela nous donne l’occasion de voir des clips romantiques, ou d’autres plus ancrés dans la progression de l’histoire.
Succès inattendu du printemps 2007 en Andhra Pradesh, cette comédie romantique aura marqué l’année par sa fraîcheur et sa sincérité. Elle aura contribué, aux côtés de Yamadonga et Happy Days, à sauver une année cinématographique telugu médiocre. AMAV aura également permis à Venkatesh de s’imposer comme l’acteur familial par excellence, et à Trisha de se révéler dans un rôle consistant. A noter que le film a fait l’objet d’un remake tamoul, Yaaradi Nee Mohini, que Selva Raghavan a produit mais pas réalisé.