Aetbaar
Traduction : Confiance
Langue | Hindi |
Genre | Thriller |
Dir. Photo | Pravin Bhatt |
Acteurs | Amitabh Bachchan, John Abraham, Bipasha Basu, Tom Alter, Supriya Pilgaonkar, Pramod Moutho, Shruti Ulfat, Ali Asgar |
Dir. Musical | Rajesh Roshan |
Paroliers | Maya Govind, Dev Kohli, Nasir Faraz, Ibrahim Ashq, Chandrashekhar Rajit |
Chanteurs | Shreya Ghoshal, Sunidhi Chauhan, Kumar Sanu, Udit Narayan, Alka Yagnik, Sonu Nigam, Madhushree, Amitabh Bachchan, Abhijeet Bhattacharya, Babul Supriyo |
Producteur | Mandeep Singh |
Durée | 155 mn |
La salle se remplit de façon très timide. Avec une capacité d’au moins 400 places, elle a un mal fou à réunir 50 personnes. Est-ce la rumeur de la mauvaise programmation ou bien le prix est-il dissuasif ? En tout cas, il est bien agréable de ne pas jouer des coudes pour regarder un film et de pouvoir profiter de toute une rangée de sièges !
Le casting de Aetbaar n’est guère flatteur. Amitabh Bachchan se retrouve au côté de Bipasha Basu et de John Abraham, les deux transfuges du très mauvais Jism. On peut croire à un énième navet destiné aux adolescents dévergondés de Bombay en mal de frissons, comme l’est Jism. Aetbaar s’annonce pourtant plus ambitieux. Il s’attaque davantage au remake des Nerfs à vif (Cape Fear) qu’il ne copie les thrillers bon marché du genre « Hollywood Night », diffusés sur TF1 ! Et dans le rôle de De Niro, John Abraham ! Il y a de quoi avoir peur, certes.
L’action d’Aetbaar démarre rapidement, sans temps mort, preuve évidente d’un héritage hollywoodien d’efficacité. Néanmoins, on sombre rapidement dans l’ennui malgré la bonne prestation papa poule du Big B. L’empereur de Bollywood se montre même très touchant dans ce rôle. On sent son implication, on voit bien qu’il est le plus gentil papa du monde ! Puis John Abraham entre en scène, et toute l’histoire se noue.
La trame toute classique de l’amant vénéneux est traitée avec soin. Le réalisateur nous concocte quelques surprises et suspens bien menés tout en suivant son plan préétabli. Nous ne sommes jamais véritablement surpris par l’histoire, mais bien par les moyens de mise en scène qui empruntent beaucoup à la mécanique hollywoodienne. John Abraham, malgré sa prestation très passe-partout dans Jism, paraît mieux dirigé ici. Il devient même inquiétant par moments, avec ses yeux injectés de sang et sa mine patibulaire. Une sueur monstrueuse noie complètement son visage. Son jeu « brut de décoffrage » s’oppose à celui bien lustré d’Amitabh Bachchan. Et cela fonctionne à merveille ! Les scènes de tension assez réussies dans l’ensemble captent notre attention.
Comme vous pouvez vous en douter, Bipasha Basu ne sera pas une bonne actrice même avec un réalisateur talentueux. Si Vikram Bhatt a su tirer quelque chose de John Abraham, il n’en est pas de même pour cette pathétique actrice. Elle plombe réellement toutes les séquences où elle apparaît ! C’est vraiment dommage ! John Abraham, de son côté, pourrait être encore meilleur si le montage l’avait aidé. En effet, beaucoup de séquences sont trop longues, et tenir une expression de bout en bout sans commettre d’erreur relève de l’exploit ! Un montage elliptique et des scènes plus ramassées donneraient plus de force à son jeu ! Mais ça, Bollywood n’y est pas encore habitué, même si on y vient petit à petit.
Venons-en donc aux chansons qui sont le véritable invariant d’un Bollywood. Elles sont peu nombreuses s’insèrent difficilement dans le film. La chanson titre Chhodo Chhodo, agréable à écouter, introduit à mon avis une véritable révolution dans le cinéma bollywoodien. En effet, il est très rare de voir un véritable méchant chanter dans un Bollywood. John Abraham pousse néanmoins de la voix. Cela sonne comme une étrangeté, tour à tour inquiétant, tour à tour troublant… L’avenir nous dira si cette incursion de la chanson dans le noir va faire des petits ;o). Un méchant pourrait chantonner avec conviction à l’instar de Scar dans Le Roi Lion (Walt Disney) : « Bien sûr, en revanche, j’ose espérer - Que vous exécuterez mes ordres… »
Aetbaar se conclut par un final hallucinant pour un film Bollywood, où les séquences de baston montre que Vikram Bhatt a très bien appris sa leçon. Il nous sert des empoignades bien viriles et met en image avec une grande efficacité et une grande force. Sur les traces d’Harrison Ford qui a joué les héros dans la soixantaine, Amitabh Bachchan se montre tout aussi convaincant ! Il faut le voir donner des mandales aux jeunes ! Le suspens bien négocié cloue la salle qui attend la délivrance avec quelques supplications silencieuses.
Aetbaar n’est pas un grand film. Néanmoins, il divertit et nous tient suffisamment en haleine pour être respecté. Un spectateur qui a payé 9,20 Euros pour la séance ne se sentira pas volé.
NBN : le film a été projeté dans le cadre du Festival Bollywood sur Seine au cinéma MK2 Bibliothèque, en 2004.