Anniyan
Traduction : Étranger
Langue | Tamoul |
Genres | Film fantastique, Film d’action, Masala |
Dir. Photo | V. Manikandan, Ravi Varman |
Acteurs | Vikram, Prakash Raj, Sadha, Vivek |
Dir. Musical | Harris Jeyaraj |
Paroliers | Vairamuthu, Na. Muthukumar, Kabilan, Febi, Nina |
Chanteurs | Shreya Ghoshal, KK, Shankar Mahadevan, Vasundhara Das, G. V. Prakash Kumar, Hariharan, Harini, Andrea Jeremiah, Saindhavi, Sunitha Sarathy, Nakul, Jassie Gift, Leslie Lewis, Melvin |
Producteur | Oscar V. Ravichandran |
Durée | 182 mn |
Par Suraj 974, Ganesh, Maïdhili, Gandhi Tata
Publié le 26 juin 2005
Ambi est un avocat brahmin incorruptible et intraitable qui veut faire respecter la loi à la lettre, mais y échoue toujours lamentablement. Il prêche dans le désert pour un idéal de justice qui relève de l’utopie pour ses proches et de la bêtise pour le reste du monde. Il est amoureux de sa voisine, la charmante Nandini, mais peine à la séduire malgré les conseils de son ami Shaari (Vivek).
Un jour Nandini reçoit la visite de Remo, mannequin ultra branché et sexy dont elle a vite fait de tomber amoureuse. Dans le même temps, aux quatre coins du Tamil Nadu, des personnes ayant enfreint la loi se retrouvent atrocement torturées par un justicier insaisissable, Anniyan, qui laisse derrière lui comme seul indice des mots en sanskrit écrits avec le sang des victimes. L’inspecteur Prabhakar (Prakash Raj) mène l’enquête incognito et partialement (son frère est l’une des victimes) aidé en cela par son subalterne, le sympathique Shaari (le même Vivek).
L’avis de Guandhi Tata :
Anniyan signifie étranger en tamoul, le film suit la croisade d’un être apocalyptique luttant contre l’indifférence globale. Ce parfait inconnu aux allures inquiétantes connaît l’injustice et, par-dessus tout, il ne supporte pas la négligence d’une société anesthésiée par la corruption. Après avoir sévèrement critiqué les dérives des instances dirigeantes dans ses précédents opus (Gentleman, Indian et Mudhalvan), Shankar dénonce à présent la généralisation de l’incivisme et le manque de réactivité d’un peuple, à la fois victime et responsable de cette dépravation grandissante.
Shankar réussit une fois de plus à nous adresser un fort message social par le biais de ce divertissement totalement débridé. Le film se partage entre comédie et action, l’humour est assuré par la star de la comédie Vivek qui n’est pas avare en blagues, et par Vikram prenant les traits de Rémo : une tordante caricature de l’indian lover narcissique parlant le « tanglish » (mélange de tamoul et d’anglais). Les séquences d’action ont été soigneusement réglées par le plus tamoul des Vietnamiens : Peter Heines ; les combats sont assez courts, mais l’intensité atteint son paroxysme lors de deux scènes titanesques : Anniyan contre les 100 Jujitsukas et l’affrontement final dont je ne vous dévoilerai qu’un seul détail : c’est tout simplement AN-THO-LO-GIQUE !
Anniyan est un film proche du comic book, d’une part il en respecte scrupuleusement les codes, d’autre part Shankar multiplie les clins d’œil aux références du genre : Anniyan est un super héros invincible qui s’est révélé après un lourd traumatisme subi durant l’enfance, à l’image de Batman. Il est dans sa jeunesse la cible de toutes les moqueries comme Spiderman. Ambi ne maîtrise pas le réveil d’Anniyan, aussi imprévisible que l’Incroyable Hulk. Ensuite on retrouve les personnages typiques des comics : la petite amie inaccessible (Nandini) et l’ami comique (Vivek-Shaari) qui fait le pont entre elle et le héros timide (Ambi). Enfin, ce concept d’ange de la mort s’inscrit dans la lignée des HellBoy, Spawn et The Crow. Mais le plus intéressant est la véritable mythologie portée par Anniyan qui exécute ses ennemis selon les châtiments décrits dans le Garudha Puranam (livre des morts), l’équivalent du jugement dernier pour les hindous ; Shankar s’est largement inspiré de Yémaan (le dieu de la mort) et Chitraguptaan, le comptable de l’enfer qui dénombrerait nos péchés, pour bâtir son héros fantastique.
Côté interprétation, l’ensemble du casting est bon, la palme de mon cœur va à Sadha, aussi réservée que glamour ; elle est excellente dans son rôle (j’ai bien parlé de rôle) et superbe dans les clips musicaux, une actrice prometteuse à suivre de (très, très) près. LA performance monstrueuse est à mettre au crédit de Vikram, megastar incontestable qui, après ce film, sera très certainement incontesté à Kollywood, tant il est hallucinant à l’écran. Il s’agit d’un véritable exercice de style pour le lauréat du National Award (Pithamagan) car il jongle aisément avec ces 3 personnalités et n’oublie pas d’expérimenter son jeu dans la peau d’Anniyan qui reprend partiellement le côté animal de Chithan dans Pithamagan. Vikram en profite également pour étoffer son talent en y ajoutant une corde de plus : la comédie, un registre inexploré au cours de sa carrière, et lorsqu’il apparaît en Rémo, on s’attend à voir un personnage lourdingue à la dégaine insupportable, mais on s’attache à cette fashion victim aux méthodes de drague ridicules ; cet acteur est visiblement à l’aise sur tous les fronts. Outre sa capacité à varier les expressions, il change d’apparence à l’instar d’un caméléon.
Au final, Anniyan est un film à voir ABSOLUMENT ! Il s’apprécie sur grand écran, mais il est tout aussi idéal pour les Dvd Party entre amis. Un film qui redonne ses lettres de noblesse au film Masala. Composé de scènes d’action ahurissantes -jamais un tel niveau n’a été atteint dans le cinéma indien dans son ensemble-, de clips au visuel novateur et d’une musique entraînante signée Harris Jeyaraj, Anniyan est le travail le plus abouti de Shankar en 12 ans de carrière. La seule critique est à mettre sur le compte d’un scénario qui peine à décoller en première partie, mais l’utilisation astucieuse de la comédie masque ce défaut.
Note : 8/10
Avis de Suraj :
Après une première partie orientée vers la comédie qui fait craindre le pire, le film bascule peu à peu dans l’action et le suspens pur avec une seconde partie absolument brillante où s’enchaînent les combats titanesques jusqu’à un final à couper le souffle.
Si le scénario laisse un peu à désirer, accumulant quelques longueurs inhérentes à la durée du film, se perdant dans des séquences de comédie pas forcément essentielles, il se rattrape bien par la suite et trouve sa cohérence. On peine en effet dans un premier temps à cerner où le réalisateur veut aller, les trois personnages paraissant totalement creux et sans rapports entre eux, mais tout trouve sa justification au fur et à mesure que se posent les codes des films de super héros.
Car Anniyan est un film de super héros, il en respecte les codes et parvient à les fondre assez harmonieusement à ceux des films indiens. Là où des films comme Bhoot faisaient un copier-coller (certes réussi) de films fantastiques bien connus, qui pouvait faire regretter l’absence de fantômes spécifiquement indiens, Shankar a eu la bonne idée de créer un super héros ancré dans la culture indienne, qui fait référence aux écritures sacrées de l’hindouisme, et donc purement indien sur le fond, même si on perçoit des influences extérieures évidentes concernant la forme.
Musicalement c’est également un « sans faute », la bande originale composée par Harris Jayaraj est splendide et les scènes sont superbement mises en images. Tous les clips sans exception sont somptueux et il y en a pour tous les goûts : depuis la musique traditionnelle carnatique mise en image dans un palais luxuriant jusqu’au clip fashion tourné dans un aéroport hi-tech de Kuala-Lumpur en passant par le clip plus classique dans les champs de riz avec 50 danseurs habillés de toutes les couleurs, on en prend plein les yeux et les oreilles (son THX !!!!).
Anniyan est donc un film jouissif comme on n’en avait pas vu depuis une éternité. Esthétiquement et musicalement somptueux, spectaculaire comme rarement un film indien l’a été jusque là, il est à voir également pour la performance bluffante de Vikram qui est plus que jamais LA superstar du Sud. Un film à voir absolument et si possible sur grand écran, ne serait-ce que pour une seule raison : l’Inde tient enfin son premier vrai film de super héros !!
Note : 8/10
Avis de Ganesh :
Il existe une théorie qui dit que chaque personne possède deux facettes de caractères totalement opposées qui doivent s’équilibrer : c’est la théorie de la double personnalité. C’est ce thème, qu’on retrouve énormément dans les mangas et les comics, qu’explore de façon succincte Shankar, dans son nouveau et très attendu film : Anniyan.
Le réalisateur nous livre un film plus sombre que ses précédents opus avec un héros fanatique, obsédé par la loi et l’injustice. Si la trame en elle-même n’est pas innovante -c’est une sorte de copier-coller de ses précédents films pour la morale et de films américains (Matrix) pour les scènes d’action- on y retrouve fort heureusement la fameuse Shankar‘s touch : une mise en scène impeccable et rythmée, un premier degré compensé par un humour ravageur, des scènes d’action dynamiques et ultra-efficaces, et enfin des passages chantés et dansés de toute beauté. Ajoutez à cela un acteur au sommet de son art (Vikram est E-N-O-R-M-E), vous obtenez un film très agréable à suivre.
Côté défaut : le scénario archi vu et revu et parfois incohérent, et surtout les scènes Remo/Nandini, ces passages Fun and Fashion sont lourdingues, affaiblissant et tirant en longueur le début du film. On hésite beaucoup entre le rire moqueur et l’exaspération, même si Vikram dans le rôle du top model est hilarant. Le départ est moyen mais l’arrivée grandiose, la dernière heure d’Anniyan (y compris la dernière chanson) est un grand moment de cinéma, à voir et à revoir.
Au final, Anniyan est le film masala porté à son plus haut degré de spectacle, véritable produit de divertissement qui allie humour, chanson, baston, effets spéciaux. Si la leçon de morale semble parfois un peu douteuse et le film très lent à démarrer, le plaisir est néanmoins assuré par la réalisation irréprochable de Shankar et l’interprétation époustouflante de Vikram.
Note : 7/10
Avis de Maïdhili :
Anniyan, un bon divertissement à voir entre amis ou en famille, sur un écran assez grand pour bien profiter des images à la Matrix et des effets comiques.
Mais cela, vous vous en doutez puisque tout a été dit précédemment !
Je vais donc m’attarder sur les conditions de projection…
Déjà, ce jour-là, il faisait une chaleur d’enfer, le diable - où était-il ? C’était Anniyan pardi ! - Ensuite, trop de monde, j’ai failli rater une bonne partie du film. Heureusement que mes réflexes se sont réveillés et que j’ai bousculé la foule compressée pour rentrer dans la salle OBSCURE !! (le film avait commencé et j’ai dû houspiller mes voisins pour savoir ce qui s’était passé).
Toutefois, en fin de projection, j’étais comblée, Vikram joue magnifiquement ses rôles !
NB : Moins de 20% de filles dans la salle…
NB2 : On se croirait au pays, on a eu droit à la fameuse Intermission.
Note : 7/10