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Army

Traduction : Armée

Bande originale

De Taali
Main To Hoon Pagal
Dil Mein Kuch Hone Laga
Ho Gayee Tiyar Hamari Army
Achikoo Bachikoo Kachikoo
Ek Beeti Hui Kahani

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La critique de Fantastikindia

Par Alineji - le 27 mai 2014

Note :
(4/10)

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Commençons par un aveu. Entreprendre une critique d’Army n’était pas une priorité : le film date de 1996 et il n’a pas marqué les esprits. Certes, le public peut se tromper, mais pas toujours ! Seul, le court rôle qu’y tient Shah Rukh Khan a été le facteur déclenchant. Le titre n’avait rien de vraiment incitatif. Army ? Encore un film de guerre ?

Surprise !, l’armée en question est celle que constitue Geeta (Sridevi) afin de venger la mort de son mari, le major Arjun Singh (Shah Rukh Khan), tué par les acolytes et sur l’ordre du terrible chef de gang et terroriste, Naagraj (Danny Denzonga). Lors du procès pour juger les assassins de son mari, Naagraj et sa bande sont scandaleusement innocentés. Profitant d’une cérémonie dans la cour de la prison que dirige son frère Ragoovir Singh (Kiran Kumar), Geeta, déterminée à se faire justice elle-même, fait alors évader cinq condamnés à mort afin qu’ils l’aident dans son entreprise.

Bien sûr, la trame n’a rien d’original. Depuis Les Sept samouraïs d’Akira Kurosawa, puis surtout Les Douze salopards de Robert Aldrich et les nombreux et pâles remakes auxquels ce film a donné le jour, le recrutement d’un groupe de repris de justice pour accomplir une tâche dangereuse et racheter ainsi un passé plus que louche n’est pas nouveau. Comment s’en sort Raam Shetty ? Assez passablement. Ici, c’est une femme qui mène le jeu. Ça c’est plutôt intéressant. Hélas, l’œuvre a beaucoup vieilli et on s’ennuie rapidement. Le mélange des genres et les rares scènes volontairement comiques ne la sauvent pas de la médiocrité.

Passons sur la morale plus que douteuse, une apologie de l’auto-justice à peine tempérée par le sentimentalisme des héros devant le bébé de Geeta. Eh oui, elle était enceinte lorsqu’Arjun a été occis par les méchants ! Elle ressent les premières douleurs et accouche au moment crucial d’une scène d’action, tandis que ses recrues combattent à l’extérieur de la maison qui leur sert d’abri. Typiques du cinéma hindi des années 1990, des scènes comme celle-là se répètent et confèrent à diverse reprises un effet comique au film, ce qui n’est hélas pas voulu par le réalisateur.

Le scénario frise quelque peu l’abracadabrantesque comme dirait un homme politique bien connu. Un autre exemple : Ragoovir, chassé de l’administration pénitentiaire après l’évasion car soupçonné d’avoir été le complice de sa sœur, n’a de cesse de rattraper les fugitifs pour les faire pendre. On le voit donc surgir de temps en temps, et même une fois d’entre les morts… En effet, on croit qu’il avait péri dans un accident de voiture ; il était tombé dans un ravin juste après avoir repris les cinq évadés. Il réapparaît en assez bonne forme – on ne saura jamais comment il s’en est sorti –, quelques scènes plus tard, à leur grande surprise comme à la nôtre, juste à temps pour finalement les délivrer… des griffes du méchant.

Les scènes d’action, quant à elles, sont plutôt filmées à la va-comme-je-te-pousse. On a l’impression que les poursuites et les bagarres sont tournées au ralenti. Mais, peut-être cela vient-il en grande partie de l’habitude que l’on a depuis un certain temps des effets spéciaux qui accélèrent le mouvement, parfois même un peu trop… On garde toutefois une furieuse envie de donner des produits dopants aux chevaux de la dernière course-poursuite pour qu’ils se mettent enfin à galoper.
En revanche, côté dialogues, certains ne manquent pas de sel. Même si la traduction empêche certainement d’en saisir toute la subtilité, la profondeur, et nuit gravement à la compréhension des échanges, comment résister à : « Une femme qui meurt d’envie de se venger est comme un serpent blessé », prononcé sans rire par Danny Denzongpa ?

Les acteurs font ce qu’ils peuvent. Denzongpa et Tinu Anand, qui tient le rôle de son principal lieutenant, sont des méchants crédibles, sans plus. Ils ont le bon goût de ne pas surjouer. Dans les rôles des cinq malfrats libérés, Kishan, Gavin, Kartar, Khan et Kabir, les acteurs masculins, Harish, Ronit Roy, Ravi Kishan, Sudesh Berry et Mohnish Behl ne laissent pas un souvenir impérissable. Ils ont surtout le mérite de ne pas prendre le pas l’un sur l’autre et sont interchangeables, en particulier dans les histoires d’amour secondaires qu’on a, pour cette raison, du mal à suivre. Sridevi est parfaite dans un rôle qui ne l’avantage pas toujours. On lui sait gré d’arriver à rendre presque crédible ce rôle de veuve-courage assez improbable et de rester assez sobre jusque dans les plus forts moments de haine déchaînée de son personnage. Elle se jette alors toutes griffes dehors sur ses ennemis avec suffisamment de dignité pour ne pas paraître ridicule ou simplement hystérique. Un exploit !

Venons à celui pour qui nous avons entrepris la critique de cette œuvrette. La participation exceptionnelle de Shahrukh Khan. Agréable surprise pour les inconditionnelles et inconditionnels (si, si, il y en a !), son rôle est un tout petit plus étoffé que ce à quoi on pouvait s’attendre. A peu près équivalent en durée à celui qu’il a tenu plus récemment dans Dulha Mil Gaya. Avec un montage habile et des flashbacks qui permettent de le voir à divers moments de l’intrigue. Bon d’accord, c’était fait pour attirer les spectateurs. Et si ça n’a pas marché, Shah Rukh n’y est pour rien. Lui aussi fait ce qu’il peut et s’en tire bien. Mais pourquoi diable, dans les années 1990, les metteurs en scène qui lui ont proposé des cameos ont-ils tenu à l’affubler de tenues ridicules et de moustaches qui le sont encore plus ? Pourquoi ? Pourquoi ? Ils avaient pourtant besoin de son talent, non ?

Ici, rassurez-vous ce n’est que passager, il ressemble aussi à ça !

En fait, il est seulement un jeune homme facétieux et plein de vie qui joue en permanence à se déguiser, à être blessé ou mort, pour amuser d’abord la galerie, puis la femme qu’il aime. Cela donne d’ailleurs lieu à l’une des rares scènes émouvantes du film. N’en disons pas plus. On le voit encore en apparition angélique, tout de blanc vêtu et nimbé, dans le moment d’acmé de l’intrigue. Magnifique !
Shah Rukh a droit à une très bonne chanson au début du film : Main To Hoon Pagal, qui condense l’histoire d’amour entre son personnage et celui de Sridevi. Et dire que cela aurait pu faire une si bonne comédie romantique !

Il réapparait dans l’excellent morceau, bien que daté, Achikoo, Bachikoo, Kachikoo. La musique due aux deux frères Anand-Minlind est donc le point fort d’Army. La dernière chanson Ek Beeti Hui Kahani pendant laquelle Sridevi danse sur des morceaux de verre brisé jusqu’à épuisement pour sauver son petit garçon n’est pas sans évoquer celle de Sholay, Haa Jab Tak Hai Jaan et sa danse désespérée exécutée par Hema Malini. C’est le morceau de bravoure de Sridevi. La plus faible est sans conteste De Taali, davantage pour la chorégraphie et la mise en scène que pour les qualités musicales. A-t-on jamais vu de si joyeux ballets de prisonniers, surtout dans des geôles indiennes ?

En conclusion, Army n’est certes pas un bon film, mais il n’est pas déshonorant non plus dans la filmographie des acteurs. Alors, oui pour les inconditionnels de Shah Rukh, oui pour ceux de Sridevi et pour les amateurs de curiosités anciennes. On vous a tout dit. Pour les autres, vous pouvez passer votre chemin sans regret.



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