Asoka
Langue | Hindi |
Genres | Mélodrame / Romance, Film historique |
Dir. Photo | Santosh Sivan |
Acteurs | Shah Rukh Khan, Ajith Kumar, Kareena Kapoor, Danny Denzongpa, Johnny Lever, Rahul Dev, Hrishitaa Bhatt |
Dir. Musical | Anu Malik, Sandeep Chowta |
Paroliers | Anand Bakshi, Gulzar |
Chanteurs | Sunidhi Chauhan, Alka Yagnik, Shaan, Hema Sardesai, Abhijeet Bhattacharya, K. S. Chithra |
Producteurs | Shah Rukh Khan, Juhi Chawla |
Durée | 157 mn |
L’avis de Ganesh, initialement publié le 22 septembre 2002 (7.5/10) :
Après une tentative d’assassinat dont il fut l’objet, le jeune prince Asoka, suivant le conseil de sa mère, quitte le palais royal pour quelque temps. Voyageant incognito dans le pays, il rencontre Kaurwaki, princesse de Kalinga (royaume voisin), et son frère Arya qui fuient les assassins de leurs parents et tentent de regagner leur palais. Asoka et Kaurwaki tombent amoureux l’un de l’autre et se marient. Croyant sa mère malade, le prince rentre au palais royal, puis retourne vers sa femme. Il apprend alors par Bheema, le garde du corps de la princesse, que Kaurwaki et Arya sont morts assassinés. Fou de douleur, Asoka rentre chez lui, puis tombe dans la folie meurtrière après l’assassinat de sa mère…
Ce film raconte de façon un peu romancée la vie de l’empereur Asoka avant sa conversion au bouddhisme.
L’histoire est un mélange de lutte pour le pouvoir, de vengeance sur fond d’amour et de spiritualité bouddhiste, bien orchestré par le réalisateur malgré quelques longueurs.
Le film est visuellement beau, Santosh Sivan nous livrant des images somptueuses, des plans élégants et des montages percutants. Le moment fort du film est la prise de conscience par Asoka de sa folie meurtrière après la grande bataille de Kalinga. Le choix de l’acteur est parfait. Shah Rukh Khan est impressionnant. Le passage du prince bon vivant au roi sanguinaire n’est pas à la portée de n’importe qui. Shah Rukh confirme par ce film qu’il est bien le meilleur acteur indien.
Le film a cependant quelques défauts. La première partie est longue, un peu hésitante, avec des scènes « comiques » inutiles. Les chansons sont filmées comme des clips et, à part la première, elles ne font pas partie intégrante du film. Au contraire, elles en cassent le rythme. La musique est certes « cool » mais un peu répétitive. Les scènes de bataille sont mal filmées (les uns contre uns notamment). La bataille finale est un beau capharnaüm. Enfin, Kareena Kapoor n’est pas convaincante en princesse guerrière, et son registre émotionnel est faible.
En conclusion, Santosh Sivan nous offre un film très stylisé, mélange de l’Inde moderne et ancienne, à vocation commerciale. Le résultat est un bon divertissement, agréable à suivre, où on ne s’ennuie jamais, malgré quelques longueurs.
L’avis de notre Rédactrice Invitée, initialement publié le 8 mai 2003 (8/10) :
C’est par le plus grands des hasards que je suis tombée sur Asoka, n’étant pas une fan de Shah Rukh Khan. Et c’est avec plaisir et surprise que j’ai découvert ce légendaire empereur indien qui, d’après ce que j’ai appris, se convertit au bouddhisme pour répandre un message de paix dans le monde après des années de règne sanglant.
Dans le film, le prince Asoka (Shah Rukh Khan) est obligé de « s’exiler » sur les conseils de sa mère, Dharma, pour échapper à l’ambition de son demi-frère, Susima (Ajith Kumar), qui rêve du trône de Maghada. Dans sa découverte du monde, le jeune homme, qui a emprunté le nom de son cheval, Pawan, rencontre Kaurwaki (Kareena Kapoor) et son jeune frère Arya. Ces derniers, sous la protection du très austère Bheema (Rahul Dev), sont en fait les héritiers en fuite du royaume de Kalinga. Sans dévoiler leur identité, Asoka/Pawan et Kaurwaki se marient. Cependant, le prince doit retourner au palais pour voir sa mère. À son retour, il apprend la mort de sa femme ainsi que du frère de celle-ci et, fou de douleur, il rentre chez lui revendiquer le trône.
Asoka se transforme alors en être cruel, inhumain, toujours entre deux guerres. Conscient de ses devoirs envers son royaume, il épouse sans grande conviction Devi (Hrishitaa Bhatt), une disciple de Bouddha. Dans son désir d’expansion, Asoka décide d’attaquer Kalinga. Kalinga que Kaurwaki, toujours vivante et qui a cherché en vain Pawan, a décidé de défendre coûte que coûte.
Pour tous ceux qui apprécient les films stylés où l’accent est mis sur le visuel, un peu dans le genre de John Woo ou de Brian De Palma, Asoka est une aubaine. Par l’usage particulier des angles de prise de vue lors des scènes d’action ou des séquences chantées, qui obéissent à une chorégraphie parfaite, le réalisateur du très apprécié Terrorist, Santosh Sivan, a réussi un véritable régal visuel. Soit on aime, soit on déteste ce qu’il fait dans ce film. En tout cas, on ne reste pas indifférent devant la relation entre le directeur photo-réalisateur et sa caméra. Les décors magnifiques et le travail des costumiers passent difficilement inaperçus et ne font, au contraire, qu’accentuer tout le plaisir. Tout comme les scènes de combat épiques et synchronisées, notamment la surréaliste vision de la bataille de Kalinga. On a l’impression que le spectateur a été mis en condition durant tout le film afin de mieux savourer cette scène avec ses milliers de figurants. Toute cette beauté technique éclipse quelque peu le jeu des acteurs qui pourtant font honneur à Asoka.
Voilà un rôle sur mesure pour le « king » Shah Rukh Khan que celui de l’empereur Asoka. Du jeune prince arrogant à l’empereur cruel, on se laisse tromper par la présence indéniable de l’acteur. Tout comme par celle de la belle Kaurwaki qu’incarne une Kareena Kapoor qui faisait ses grands débuts à Bollywood un an plus tôt seulement dans Refugee. Peu d’actrices auraient été capables de réaliser une pareille performance. De plus, elle est vraiment sexy dans ses costumes. Suraj Balaji, le petit héritier de Kalinga, est tout simplement superbe, naturel et émouvant, comme dans cette scène où, croyant voir Pawan, il s’élance vers lui, le suppliant de le protéger de la cruauté de l’empereur de Maghada, le grand Asoka. On écrase vraiment une larme. Danny Denzongpa, dans le rôle de Veerat, l’ami fidèle du roi rencontré lorsqu’il était Pawan, est vraiment drôle. Voilà qui le change un peu de ses habituels personnages de méchant.
La musique d’Anu Malik est tout simplement sublime, adaptée à l’esprit, à l’époque du film. On ne se lasse pas d’écouter Roshni se,San sanana ou Aa taiyyar ho ja sur des clips quelque peu sexy. Un vrai régal auditif !
Cependant, Sivan semble accorder plus d’attention à ses prises de vues qu’au scénario qui traîne un peu (2 h 50). Au point où la magie prend difficilement entre Pawan et Kaurwaki dans la première partie. La romance n’est pas assez intense pour déchirer le cœur quand ils sont séparés. De même, le film témoigne d’une période trop lointaine de l’histoire de l’Inde (IIIe siècle avant J.-C.) pour vraiment intéresser la jeune génération d’aujourd’hui, au contraire du plus contemporain Lagaan. On a donc presque l’impression que le film s’adresse à une minorité plutôt qu’à la masse. Mais Asoka reste un spectacle magnifique, dans la lignée de Braveheart ou encore du 13e guerrier.
Le côté technique, la musique et, dans une moindre mesure, Kareena Kapoor sont les atouts de ce film qui n’a rien à envier aux productions hollywoodiennes. Asoka, c’est ce qui s’est fait de mieux à Bollywood, techniquement s’entend, avec Lagaan, en 2001, et on en redemande encore et encore. On passe en tout cas quelques heures agréables, car Asoka est simplement un vrai régal pour les sens !