Athadu
Traduction : Lui
Langue | Telugu |
Genres | Polar, Masala |
Dir. Photo | K. V. Guhan |
Acteurs | Trisha, Mahesh Babu, Prakash Raj, Sonu Sood, Rahul Dev |
Dir. Musical | Mani Sharma |
Paroliers | Sirivennela Sitaramasastri, Viswa |
Chanteurs | Shreya Ghoshal, KK, Karthik, Kavita Krishnamurthy, Mahalakshmi Iyer, Ranjith, S. P. Balasubrahmanyam, K. S. Chithra, Suchitra, Viswa |
Producteurs | Jayabheri Kishore, Ram Mohan |
Durée | 173 mn |
Nandu (Mahesh Babu) est un orphelin qui travaille comme tueur à gage à Hyderabad, en binôme avec son ami Malli. Sa vie se résume à tuer, il ne sait rien faire d’autre et a développé un talent exceptionnel dans ce domaine. Pourtant une de ses affaires tourne mal, et il se retrouve poursuivi par la police alors que Malli disparait dans une explosion. Il parvient à s’échapper en se réfugiant dans un train. Il sympathise avec Parthu, un voyageur bavard qui lui raconte sa vie : il retourne dans sa famille à la campagne après douze ans d’absence. A la station suivante le train est contrôlé par une escouade de flics et Parthu se fait descendre par erreur alors qu’ils visaient Nandu.
Se sentant coupable, il se rend dans la famille de Parthu pour annoncer sa mort. Comme personne de sait plus à quoi Parthu ressemble douze ans après son départ, Nandu est pris pour lui. Ne sachant trop que faire il joue le jeu - ayant aussi besoin de se faire oublier quelque temps.
Il se retrouve impliqué dans les affaires de la famille. Il se prend d’affection pour la ravissante fiancée de Parthu (Trisha), mais aussi pour ces gens paisibles et normaux, dont il essaie de résoudre les problèmes. Il découvre la vraie vie, loin de la violence qu’il a connu depuis toujours.
Pendant ce temps le CBI (Central Bureau of Investigation, le FBI indien) met un inspecteur (Prakash Raj) sur le dossier, et celui-ci remonte vite la piste, risquant à tout moment de découvrir et surtout de révéler à tous que Parthu est en fait Nandu.
Le film s’articule autour de l’opposition ville/campagne, autant visuellement que dans le traitement des personnages. Les parties urbaines encadrent celles qui se passent à la campagne comme autant de parenthèses. Elles sont composées de scènes chocs : on retiendra la scène d’ouverture aux teintes délavées magnifiques, qui montre un tout jeune Nandu exécuter son premier contrat sous une mousson torrentielle, et surtout le final spectaculaire. Ces parties sont les meilleures du film. Elles sont très travaillées au niveau de la couleur, savamment éclairées et filmées avec réalisme. C’est bien simple, de ce côté-là on a l’impression de regarder un film de Ram Gopal Varma.
Dès que Nandu arrive à la campagne, la photographie prend des teintes plus claires et colorées : bleu ciel, vert des champs, saris colorés, fleurs, c’est comme un paradis… et la narration ralentit à outrance. On passe alors à la comédie romantique. Trisha tombée sous le charme de celui qu’elle croit être Pardhu, essaie avec insistance de le séduire… La transition entre les deux parties est un peu trop rapide et le scénario a tendance à utiliser des grosses ficelles pour justifier ses illogismes, mais dans l’ensemble le tout est plutôt bien mené.
Mahesh Babu est convaincant dans les scènes d’action, il danse avec talent, mais son jeu est assez moyen. S’il a un certain charisme et se débrouille plutôt bien dans les scènes comiques, il est inexpressif le reste du temps. Il est meilleur dans les parties où il tient son rôle de tueur froid (dommage que ce soit les plus courtes) mais à l’image de son personnage, il montre vite ses limites dès qu’il arrive à la campagne.
Voir un acteur indien intérioriser un rôle est un parti-pris assez rare, surtout dans un film à grand spectacle comme ici, où la plupart du temps le jeu est plutôt extériorisé à outrance. Nandu est un tueur impassible, habitué au contrôle de soi et qui sait mieux s’exprimer par la violence et les armes que par les mots. C’est certes intéressant pour la psychologie du personnage mais pour la compréhension du film ce n’est pas idéal. On saisit difficilement l’évolution de ses sentiments et les changements qui s’opèrent en lui, dans la mesure où ils ne sont pas perceptibles visuellement et qu’aucun indice même minime ne vient nous en informer. Il est d’autant plus difficile à cerner qu’en dehors de cet aspect introverti, son personnage est un Héros massala normal, c’est-à-dire tout-puissant et doté d’une force surhumaine (il détruit un mur de briques à mains nues).
Il forme un couple intéressant avec Trisha. Que ce soit dans les passages de comédie ou les moments plus romantiques, le courant passe bien entre eux. C’est individuellement que le bat blesse, car Trisha a un rôle peu développé : à part être belle, imbue de sa beauté et apparaître dans quelques chansons, elle n’a pas grand-chose à faire. Son personnage aurait sans doute mérité d’être un peu plus élaboré, pour compenser les limites de Mahesh Babu. Prakash Raj quant à lui est -comme toujours- irréprochable en flic consciencieux, de même pour Nasser en grand-père autoritaire.
Techniquement Athadu est d’un très haut niveau. Les mouvements de caméra, les cadrages souvent élaborés et les effets spéciaux donnent au film une véritable classe visuelle, sans comparaison avec ce qui se réalise habituellement en Inde - à l’exception de quelques films hors de l’ordinaire justement, comme Krrish et Anniyan.
Les combats du film sont spectaculaires, chorégraphiés et montés avec soin, bien mis en valeur par des effets spéciaux réussis. La scène d’introduction est magnifique. Incroyable d’intensité, elle plonge en quelques images au cœur du film. Le montage soigné maintient bien la pression durant toute la demi-heure suivante, où on suit l’exécution tonitruante des contrats du tueur. Puis la pression se relâche pour revenir à toute vapeur dans un quart d’heure final tout simplement époustouflant, digne d’un gunfight de film HK. Elle se déroule dans une église - référence aux films de John Woo, (The Killer et Volte Face), appuyée par les pigeons qui s’envolent au début. Les chorégraphies de Peter Hynes sont tout bonnement excellentes, à la croisée des « bastons » telugu et des effets spéciaux « à la Matrix ».
L’utilisation de la musique apporte beaucoup à Athadu. Les mélodies des chansons sont belles, mais c’est surtout la musique de fond qui est remarquable. Elle utilise principalement des instruments à cordes, alternant la slide guitar qui renforce le coté « western » de certaines scènes, et les guitares électriques saturées qui accompagnent l’action. On peut saluer une certaine recherche : le compositeur ne tombe pas dans la facilité des gros « beats » ou des multiples chansons folkloriques dopées aux percussions, comme c’est souvent le cas dans ce genre de films. La mise en image des clips est réussie, notamment au niveau de la chorégraphie et des costumes.
Le personnage du voyou en quête de rédemption est un classique du cinéma massala, mais l’intérêt en est renouvelé lorsqu’il est présenté différemment, comme ici.
En l’occurrence Athadu est un énième film ‘de héros’ sur le fond, mais qui cherche à se démarquer visuellement par sa virtuosité technique, tout en développant la psychologie du personnage et son aspect humain. Si l’exécution est formellement irréprochable elle multiplie cependant les incohérences. Il demeure qu’Athadu est le genre de film efficace qui vous happe dès les premières images et sait vous captiver tout du long. Pour un film de divertissement, cela reste l’essentiel.