Awarapan
Traduction : Errance
Langue | Hindi |
Genres | Drame, Film d’action |
Dir. Photo | Raaj Chakravarti |
Acteurs | Shreya Saran, Emraan Hashmi, Purab Kohli, Shaad Randhawa, Ashutosh Rana, Rehan Khan, Mrinalini Sharma |
Dir. Musical | Pritam Chakraborty |
Paroliers | Sayeed Quadri, Asif Ali Beg, Baba Farid |
Chanteurs | Suzanne D’Mello, Mustafa Zahid, Annie, Rafaqat Ali Khan |
Producteur | Mukesh Bhatt |
Durée | 132 mn |
Awarapan raconte l’histoire de Shivam (Emraan Hashmi) – un gangster à la solde d’un parrain indien installé à Hong Kong. Son patron lui confie la garde de sa maîtresse Reema. Lorsqu’il découvre que celle-ci trompe son maître, il reçoit l’ordre de la tuer. Mais des souvenirs longtemps enfouis refont surface et l’empêchent de le faire…
18 crore de budget (énorme pour une série B), une star "mineure" en quête du rôle de la maturité, une bande son appréciée, un bon réalisateur (Mohit Suri), une pakistan touch très prononcée (sorte d’opération séduction du public pakistanais qui se révèle être un marché important à l’étranger)… Awarapan a tout pour plaire sur le papier. En effet, après les succès critiques de Gangster et Woh Lamhe, les frères Bhatt décident de voir grand.
Le film est très empreint de spiritualité, une façon de se démarquer de l’œuvre coréenne dont il s’inspire (Bittersweet Life), où le spectateur assiste à un déchaînement de violence jouissif mais gratuit. Shivam se souvient d’une histoire que lui a contée un jour Aaliya, son amour perdu : celle d’un prince musulman qui avait l’habitude d’acheter des esclaves pour leur rendre la liberté. Depuis lors, il est d’usage d’acheter des colombes pour les libérer et ainsi se faire pardonner ses péchés. C’est ainsi que, pris de remords, de piété (ou de bouffées délirantes selon le point de vue), Shivam décide de sauver Reema pour le salut de son âme.
L’histoire se met doucement en place, le temps d’en apprendre plus sur le passé du héros… et d’admirer Emraan Hashmi en mode "Actor’s Studio" ! Beaucoup ont cru que ce film serait son ticket pour la ligue des hommes extraordinaires : la clique des gros cachets, des acteurs favoris de la Yash Raj, pour des rôles à la "Rahul" qui plaisent à toute la famille ou pour ceux calibrés pour les National Awards (l’Oscar indien). Pourtant aucun des films où l’acteur n’a joué de son image de serial kisser n’a marché au box-office. Awarapan est donc une désillusion de plus pour ce jeune homme bourré de talent qui y met vraiment du sien. Certes, le temps peut sembler long à force de voir son petit minois torturé traîner dans les rues de Hong Kong. Emraan Hashmi n’est ni Saif Ali Khan, ni Abhishek Bachchan, mais sa prestation est tout à fait honorable. Son manque de charisme joue même en sa faveur dans ce rôle de voyou paumé.
En ce qui concerne le rôle féminin, les deux frères continuent sur la lignée des héroïnes écorchées vives avec le rôle de Reema (admirablement interprétée par Mrinalini Sharma), une jeune Pakistanaise arrivée à Hong Kong à bord d’une caténaire remplie de cadavres et d’autres captives. Une ellipse plus tard, elle s’est installée dans une belle villa et devient la maîtresse d’un parrain. Autant dire une autre caténaire, une autre prison. Mais à mesure que l’histoire se déroule, le réalisateur oublie quelque peu le thème de l’esclavage moderne et ne s’en ressert que pour renforcer sa métaphore. Il s’emploie à l’illustrer à grands renforts d’envols de colombes (au cas où vous n’auriez pas compris la morale), et à l’aide d’un bon scénario.
Mais merci qui ? Merci Ji-Woon Kim (réalisateur de Bittersweet Life !). Awarapan ne tient pas la comparaison avec l’œuvre coréenne. D’ailleurs si le réalisateur voulait l’éviter, il n’aurait pas dû reprendre plan par plan des scènes d’action (sans compter une partie de la trame) qui dans le sien perdent de leur vivacité et de leur mordant. Ce qui n’empêche pas le film de Mohit Suri d’être de facture correcte. Rien d’étonnant puisqu’on le retrouve déjà aux génériques du poignant Woh Lahme, de Kalyug (plébiscités par la critique et le public), de Zeher et de l’excellent Footpath (en tant qu’assistant réalisateur).
Au niveau de la musique, il n’y a rien d’inoubliable. Seule Tera Mera Rishta reste gravée dans votre mémoire longtemps après la fin. Il n’y a pas de clips à proprement parler, ce qui permet de rester dans la continuité du récit. Cependant certaines chansons, comme Mahiya, pâtissent d’une réalisation médiocre. L’image est lisse comme du papier glacé, une photo qu’on déplore souvent dans la plupart des productions récentes, mais qui convient très bien à ce film.
Pour résumer, Awarapan est un bon produit de série B. Ne soyez pas trop exigeants, et vous ne serez pas déçus.