Baratha Natyam au centre Mandapa
Publié samedi 31 décembre 2011
Dernière modification samedi 31 décembre 2011
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L’association Rangeela œuvrant pour la promotion de la culture indienne en France et au profit des enfants du village de Malkas au Rajasthan, nous proposait un spectacle de Baratha Natyam au centre Mandapa.
Arrivé vers 18h35 au métro Corvisart, je me munis de mon smartphone pour tracer mon itinéraire. Malgré le plan et le GPS activé, il y a des soirs comme ça, où même le phare d’Alexandrie ne nous serait d’aucune aide. Mais il y a plus fort que le phare, c’est le saree !
Effectivement, j’ai eu la chance de tomber sur des spectatrices qui allaient au même spectacle ! Il est 18h50, lorsque nous arrivons au centre Mandapa dont la façade en bois rose ne passe pas inaperçu.
Lorsque nous nous présentons pour retirer nos places, l’accueil nous annonce que le spectacle ne commencera qu’à 20h au lieu de 19h.
Après 1h d’attente, passé à feuilleter les fascicules présentant les activités culturelles du centre, les portes s’ouvrent enfin et tout le monde qui grouillait dans le hall d’entrée peut enfin s’engouffrer dans la salle.
Au passage, nous avons aperçu les danseuses en pleine concentration.
La salle de spectacle est certes petite, mais l’ambiance intimiste et cosy, rapproche le public et les artistes. Nous avions l’impression d’être installé sur un prolongement de la scène et j’ai beaucoup aimé cette disposition atypique qui nous place au cœur de la manifestation.
Comme la tradition le veut, l’organisatrice et hôte de la soirée, Mme Romy Takkiar, a allumé les lampes à huile pour démarrer le spectacle sous les meilleurs hospices. Cette scène était d’autant plus mystique du fait de l’obscurité de la salle, éclairée par cette seule source de lumière, quelques minutes avant le début de la représentation.
Par la suite, chaque danse qui composait le spectacle a été présenté par la doyenne de la troupe. C’était ensuite au tour du prof et de ses élèves, de se succéder pour donner vie à chaque tableau et épisode mythologique.
Je ne suis pas un expert en la matière, donc je ne m’aventurerai pas à faire une critique de la prestation. Mais pour avoir assisté à de nombreux spectacles durant la dernière décennie, j’ai senti un réel engagement et une extraordinaire générosité de la part des danseurs.
Entre la danseuse vedette (Sabine Pandaredattil) et les élèves, on peut facilement dire que le maître a été dépassé (du moins sur l’impression donnée à des novices comme moi). C’est surement par métier que la prof s’économisait sur ses gestes, car le reste de sa troupe s’est littéralement enflammé. J’ajouterai aussi que j’ai été quelque peu déstabilisé à certains moments du spectacle, où Sabine Pandaredattil, arrangeait son costume en pleine danse. Si d’un côté, cela peut éviter un accident et permettre à l’artiste de continuer sereinement, de l’autre, ce genre d’ajustement parasite la prestation et nous sort un peu de l’immersion. J’ai remarqué que quelques-uns de ses élèves, ont eu également des petits soucis, mais ont poursuivi en inoculant davantage d’énergie. C’est sur ce point, qu’ils ont surpassé Sabine Pandaredattil et on ne peut que la féliciter, car c’est surement l’esprit qu’elle leur a inculqué.
Qu’il s’agisse de Krishna ou Shiva, ils semblaient s’être incarnés et avoir pris possession des corps de ces danseurs. J’ai apprécié leur énergie communicative, ils avaient cette formidable capacité à faire passer une multitude d’émotions par leurs regards.
En revanche, j’ai moins apprécié la doyenne qui présentait chaque danse, car son accent indien rendait son français presque incompréhensible. Je comprends que certains devoirs reviennent naturellement aux aînés, mais il est nécessaire d’expliquer clairement la signification des termes techniques comme raagam ou taalam, et présenter brièvement les personnages mythologiques. Même si le public présent, n’a pas la culture requise pour saisir les subtilités de l’art, il est du devoir de la présentatrice de proposer une introduction.
Il est dommage que ce spectacle se soit uniquement limité à la danse, car il y a tellement à faire pour faire découvrir cette formidable forme d’art qu’est de Baratha Natyam. Bien plus qu’une chorégraphie, le Baratham est un langage à part entière qui permet autant de raconter une histoire, que de communiquer différentes formes d’émotions.
Dans l’esprit collectif, le Baratha Natyam reste un art s’adressant à une élite, alors que dans la réalité, c’est une danse permettant aux danseurs de communiquer, voire communier avec le public, sur un récit, une scène ou analyser de manière détaillée, l’état d’esprit d’un personnage mythologique. Si je peux me permettre une remarque, je dirai qu’un meilleur pilotage et une présentation plus éclairée du spectacle, peut énormément contribuer à l’interactivité et l’accessibilité. Le public repartirait ainsi avec le sentiment d’avoir effleuré le sens profond de cet art ancestral et d’être sur la bonne voie menant à sa compréhension.
En remerciant chaleureusement le centre Mandapa et Mme Romy Takkiar pour cette formidable opportunité, nous vous conseillons vivement de vous rendre sur leur site web, pour vous informer sur les évènements à venir. Le centre Mandapa ne présente pas seulement des spectacles, mais permet aussi aux amateurs, de s’initier aux diverses formes de danses indiennes comme le Kathak, l’Odissi et bien sur le Baratha Natyam ! Enfin, qu’il s’agisse des spectacles ou des cours, les tarifs proposés sont très avantageux et témoignent d’une formidable volonté de faire découvrir et rendre accessible la danse classique indienne à tous. Nous leur tirons donc notre chapeau pour ce bel esprit qui apporte beaucoup à la promotion de la culture indienne en France !