Barsaat
Traduction : La Mousson
Langue | Hindi |
Genre | Classique |
Dir. Photo | Jal Mistry |
Acteurs | Raj Kapoor, Nargis, Nimmi, Premnath, K. N. Singh, Cuckoo |
Dir. Musical | Shankar-Jaikishan |
Paroliers | Shailendra, Hasrat Jaipuri, Jalal Malihabadi, Ramesh Shastri |
Chanteurs | Lata Mangeshkar, Mohammad Rafi, Mukesh |
Producteur | Raj Kapoor |
Durée | 171 mn |
Gopal et Pran sont amis, proches et pourtant opposés dans leur conception de l’amour.
Pour Gopal (Premnath), l’amour est physique, passager comme le désir, il suffit
de payer quelques roupies pour l’obtenir. Pour Pran (Raj Kapoor), poète et musicien,
l’amour est souffrance, mystère, engagement, sacrifice. Il y croit tout en doutant
de son existence, fustigeant son ami pour la légèreté et le manque de respect
des femmes dont il fait preuve.
Ils partent en vacances. Sur le chemin, ils font une halte dans un village des
montagnes où ils étaient passés l’année précédente. Neela, une jeune villageoise,
y attend le retour de Gopal, éperdument amoureuse, confiante en son retour, en
son amour. Il daigne lui rendre visite avant de repartir, elle lui promet de l’attendre
après de vagues promesses du jeune homme… Gopal et Pran s’installent au bord
d’une rivière, charmés par la fille du propriétaire, Reshma (Nargis). Pran et
Reshma tombent amoureux l’un de l’autre.
L’arrivée du père de Reshma va gâcher la belle idylle et la jeune fille disparaît. Pran est inconsolable. Gopal réalise alors que l’amour peut être plus fort que l’absence. Sera-t-il plus fort que la mort ?
Barsaat, plus qu’une histoire d’amour, est un poème sur l’Amour. Il est
déclamé par Pran, le citadin lettré, l’idéaliste qui croit en l’amour mais l’intellectualise
jusqu’à mettre en doute la profondeur des sentiments de Reshma. Il est incarné
par les deux femmes, simples villageoises, qui donnent sans retenue un amour pur,
confiant, entier, intransigeant.
Le sceptique Gopal n’est là qu’en faire-valoir des valeurs auxquelles Raj Kapoor
croit et qu’il met en scène magistralement. La nature est également très présente,
la force impétueuse de la rivière, les orages inquiétants, les nuages illuminés
de soleil, les montagnes escarpées, les arbres en fleur sont pour le réalisateur
plus que des décors, des symboles de l’amour.
Ce film est étonnant, la maîtrise du thème et des dialogues contraste étrangement
avec le traitement cinématographique qui laisse voir soit un manque de maîtrise
technique, soit un manque de moyens. Rien à voir en tout cas avec l’image sublime
et la mise en scène irréprochable d’Awaara, tourné seulement deux ans plus
tard. Barsaat souffre également de vraies longueurs dans les plans et d’absence
totale d’action pendant des séquences entières.
Mais on n’en tient pas rigueur au réalisateur, car il nous donne ainsi le temps de détailler chaque cil de la splendide Nargis, chaque poil de moustache du sémillant Raj Kapoor. Ces deux-là crèvent l’écran et on ne s’en lasse pas. Même quand Nargis renifle bruyamment pour la 15ème fois afin de montrer son manque d’éducation, même quand Raj s’écroule pour la 4ème fois sur son piano en pleurant. Les chansons, nombreuses, sont douces et poignantes, portées par les merveilleuses voix de Lata Mangeshkar, Mukesh et Mohammed Rafi. Malgré ses longueurs, Barsaat dégage un charme indéfinissable qui mérite le détour.
L’énorme succès commercial du film, lors de sa sortie en 1949, permit à Raj Kapoor de réaliser par la suite un film encore plus personnel, et plus réussi, Awaara