Bharatam
Traduction : À l'image de Bharath
Langue | Malayalam |
Genres | Films semi-commerciaux, Classique, Films sociaux |
Dir. Photo | Anandakuttan |
Acteurs | Mohanlal, Nedumudi Venu, Urvashi |
Dir. Musical | Raveendran Master |
Parolier | Kaithapram Damodaran Namboothiri |
Chanteurs | K. J. Yesudas, K. S. Chithra, M. G. Sreekumar, M. Balamuralikrishna, Raveendran, Sangeetha, Kallara Gopan |
Producteur | Mohanlal |
Durée | 131 mn |
Bharatam est l’histoire d’une famille tout entière qui se consacre à la musique carnatique (la musique classique indienne). De père en fils et en fille, tous sont chanteurs ou musiciens, le plus souvent réputés. C’est Kalliyur Raman (Nedumudi Venu), le fils aîné, qui a repris le flambeau après le décès de son illustre père, et enseigné la musique à son jeune frère Gopinathan (Mohanlal), lequel l’accompagne pour les représentations. Raman est le pilier de la famille. Il donne des concerts un peu partout et jouit d’une célébrité telle qu’il subvient aisément aux besoins de sa famille, dont tous les membres vivent ensemble sous le même toit, des grands-parents jusqu’aux petits-enfants. Pour Gopi, il est plus qu’un frère aîné : il est comme un père, et un idéal qu’il n’espère même pas égaler.
Mais Raman commence à boire. Sa dépendance devient telle qu’il ne peut plus chanter et, à l’occasion d’un concert, son jeune frère Gopi doit le remplacer pour éviter la honte. Il se révèle un chanteur incroyablement doué et sa prestation inopinée lui vaut des éloges de tous côtés. Bientôt, et bien contre son gré, tous le préfèrent à son frère, qui sombre peu à peu dans l’alcoolisme et l’oubli. S’ensuivent alors jalousie, drames, et peu à peu le petit frère fragile et sensible, que rien ne préparait à tout cela, est obligé de passer au premier plan.
Bharatam est donc un film qui analyse les rapports humains au sein d’une famille, le rapport maître/disciple entre les deux frères, ainsi que la transmission du savoir et le changement générationnel, qui est montré de deux points de vues différents.
Il y a d’une part la difficulté d’accepter son déclin pour le frère aîné, qui était au sommet mais perd peu à peu pied, et de l’autre celle de voir ses idéaux s’envoler pour Gopi, qui vivait dans l’admiration de son aîné mais finit par le dépasser pour finalement l’enterrer dans la mémoire collective contre sa propre volonté… et perdre du coup ses points de repères, ses objectifs à atteindre.
Symboliquement le film s’ouvre et se clôt sur l’image d’un maître donnant sa première leçon de musique à son élève. Au début c’est Raman qui enseigne son art à Gopi, à la fin c’est au tour de Gopi d’instruire le jeune fils de Raman.
Bharatam est un film sur la maturité, artistique et humaine. Gopi, libéré du charisme envahissant de son frère, atteint sa pleine maturité artistique et deviendra l’un des plus brillants chanteurs de son temps. Du côté familial, la déchéance de son frère le pousse à porter les siens sur ses épaules, et à faire face à toutes sortes de problèmes qui vont le faire grandir humainement pour atteindre une maturité morale tout aussi douloureuse.
Bharatam bénéficie de prestations formidables de la part de toute sa distribution. En premier lieu, Nedumudi Venu est excellent en frère aîné tourmenté par ses démons. Il donne toute la crédibilité nécessaire au désarroi sans fond de son personnage, qui se hait et perd le contrôle de lui-même. Mohanlal est extraordinaire en Gopi. Il montre toute l’ampleur de son talent dans le rôle hautement complexe et particulièrement dramatique du petit frère. Accablé par le chagrin, il doit faire face quoi qu’il arrive, allant jusqu’à jouer la comédie à sa propre famille (à qui, ironiquement, il affirme être un très mauvais acteur !). Il donne une profondeur incroyable à son personnage, tout en jouant avec un naturel et une simplicité confondants. Même en intériorisant pour cacher sa peine, il parvient à nous transmettre une certaine tension. Les rôles féminins ne sont pas négligés, ils sont des rouages essentiels de ce drame familial, puisque autant la femme de Raman que l’amoureuse de Gopi (jouée par Urvasi), deux rôles-clés du film, viennent, selon le cas, le soutenir ou lui mettre un peu plus de poids sur les épaules.
La musique donne comme il se doit la part belle au style carnatique. C’est l’occasion de superbes morceaux qui sont un délice pour les oreilles, puisque ce sont de vrais musiciens carnatiques qui ont participé à la bande originale du film. La réalisation sobre et simple, transparente, nous plonge au cœur de cette famille traditionnelle. Les séquences de concerts sont filmées avec une grande simplicité, et laissent bien entendre que la musique fait partie intégrante de cette famille.
En somme, Bharatam est un film simple et très humain, dans un style qu’on qualifierait de « réaliste » au vu du cinéma indien d’aujourd’hui, mais qui était la norme dans le cinéma malayalam de l’époque – qui connaissait son âge d’or. C’est de plus l’une des plus brillantes performances de Mohanlal, qui lui a d’ailleurs valu le National Award du meilleur acteur en 1991.
Fiche technique
Année : 1991
Pays : Inde (Malayalam)
Réalisation : Sibi Malayil
Acteurs : Mohan Lal, Nedumudi Venu, Urvasi…
Scénario : Lohitadas
Musique : Ravindran
Producteur : Mohan Lal
Support : DVD Saina Entertainment sous titres anglais