Bolly Deewani
Publié mercredi 11 avril 2018
Dernière modification mercredi 11 avril 2018
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Dans notre nouvelle rubrique « Portraits », nous vous invitons à partir à la rencontre de professionnel·le·s ou bénévoles passionné·e·s, qui se battent au quotidien pour mener des actions concrètes faisant la promotion et favorisant la diffusion de la culture indienne en France.
Nous avons à cœur de mettre en lumière ces amoureux et amoureuses de l’Inde qui — dans l’ombre — créent, entreprennent, accompagnent des projets, et partagent avec vous ce feu ardent qui nous anime tous.
Aujourd’hui, nous recevons Alexa KRIEGEL, directrice de l’association Bolly Deewani !
Bonjour Alexa, je suis ravie d’inaugurer avec vous notre nouvelle rubrique « Portraits ». Merci d’avoir accepté notre invitation, afin que nos lectrices et lecteurs en découvrent un peu plus sur vous.
Vous êtes la directrice d’une très belle association, Bolly Deewani, racontez-nous la genèse de cette aventure !
Alexa : En 2008, ne trouvant pas mon bonheur sur la place de Paris, j’ai créé l’association en listant tout ce que j’aimerais y vivre : des rencontres, des voyages, des fous-rires… un lieu ouvert à tous, sans discrimination, où tous nos projets, envies, délires, seraient étudiés pour tenter de les réaliser. Bien que je sois la directrice de l’association, je suis toujours une élève qui suit les cours de danse chaque semaine depuis dix ans et je fais vivre cette association avec ce regard d’élève.
J’avais commencé le Bollywood en 2005 — sur une idée folle qui m’avait traversé l’esprit — parce que je voulais faire quelque chose de mon corps, prendre soin de moi. Mais comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, j’ai fini par fonder la structure que je cherchais partout. En un déjeuner — indien — avec mes copines, j’ai monté tout le projet en gribouillant sur la nappe en papier du restaurant. Un mois après, l’aventure commençait. Je ne pensais tout de même pas que cela deviendrait mon métier, et qu’un jour on serait cinq à travailler à plein temps, avec douze professeurs et des centaines d’élèves.
Vous êtes finalement une « self-made woman », quelle est votre vision de l’entrepreneuriat féminin ? Comment vivez-vous ce statut ?
Alexa : Petite, j’étais pourtant très réservée mais sans cesse dans l’observation de ce qui m’entourait. Mon histoire associée à 15 années de voyages incroyables et 7 ans de fac en ethnologie, suivie d’une expérience surprenante en tant que co-directrice d’une agence photo, m’a ouvert les yeux sur ce qui me semblait bien de vivre.
Au début, je ne connaissais rien au monde associatif mais je savais que ce serait la structure parfaite pour partager une passion. J’ai donc repris mes études, à 36 ans, pour décrocher un Master 2 en événementiel.
Entrepreneuriat féminin… je vis en France, c’est une chance d’avoir ce droit, cette liberté. Je me donne juste les moyens d’avancer avec un zeste d’audace et de risques. La vie ne pourrait pas être autrement pour moi. Je pense que les femmes apportent de l’humanité mais aussi de l’ingéniosité à leurs projets. Comme tout entrepreneur, il faut y consacrer beaucoup de temps et d’énergie, et toute la subtilité est de ne pas négliger son entourage et soi-même pour maintenir un équilibre de vie. J’y travaille !
Quelles sont les valeurs et les principes qui animent Bolly Deewani ?
Alexa : Ma passion n’est pas tant la danse indienne, je suis d’ailleurs une piètre danseuse, ce qui m’importe ce sont les moments partagés, des amitiés qui se créent, les souvenirs que l’on a et qui nous font du bien au moral, qui nous donnent envie de tenir le cap le reste de la semaine. Le quotidien de chacun n’est pas toujours léger et digeste ; avoir un lieu, un moment pour soi où l’on retrouve des amis dans une bonne ambiance, c’est une bulle d’air non négligeable dans ce monde un peu brutal que l’on affronte malgré nous.
Cette bulle d’air, si elle fonctionne pour moi, elle doit pouvoir faire du bien à d’autres.
Selon vous qu’est-ce qui différencie votre association d’autres structures [concurrentes] ?
Alexa : Sa générosité et son désir de partager !
Vous proposez une grande variété de danses : Bollywood, Kollywood, Bhangra etc. Pouvez-vous nous expliquer ce qui distingue ces styles ?
Alexa : Les cours se créent chez Bolly Deewani à la demande des élèves. Les danses Bollywood sont les plus connues du grand public, mais j’adore aussi les chansons des films tamouls — Kollywood — et je tenais beaucoup à les faire connaître, c’est peut être moins féminin mais avec un beau potentiel d’acting aussi. Et bien sur le Bhangra, cardio et majestueux.
Vous êtes aussi la créatrice d’un sport particulièrement original : le « Fitness Bollywood ». Comment ce concept est-il né dans votre esprit ? Et surtout, de quoi s’agit-il ?
Alexa : C’est Clémence Fischer, membre de la première heure, qui m’a proposé ce concept. Elle en faisait en Inde et voulait continuer à Paris.
On a travaillé d’arrache-pied toutes les deux pour comprendre le monde du fitness et sa législation particulière. Il fallait l’adapter au public occidental tout en restant authentique et accessible. C’est tout de suite devenu un sport tendance dans la presse et à la télévision. On avait créé un fitness dansé original sur des musiques indiennes, avec des mouvements de danse Bollywood, Kollywood, Bhangra, Giddah, Ghoomar… L’intérêt du Fitness Bollywood est que l’on fait du sport sans s’en rendre compte car on s’amuse. On travaille toutes les parties du corps (les jambes, mais aussi les épaules, les bras, les mains, la tête…) et la coordination. C’est un excellent exercice pour entretenir son corps et son cerveau.
Avec Clémence, nous avons créé des centaines de chorégraphies pour composer des enchaînements qui ont du sens. C’était très intéressant de prendre cette casquette là aussi, en plus d’être les fondatrices de ce concept en France.
Vous êtes très polyvalente, preuve en est, votre association comporte également un axe « événementiel ». Que proposez-vous ?
Alexa : On organise des soirées à thème pour les entreprises : des « team building » pour ressouder les équipes ; des enterrements de vie de jeunes filles en danse, en cuisine, en henné, des babyshower… On anime aussi des ateliers danse ou créations manuelles pour les enfants, les adolescents, les seniors. C’est une façon pour nous de distiller un peu de paillettes à un public qui ne viendrait pas d’emblée vers nous…
Je propose aussi à tous nos élèves de danser dans les festivals qui nous sollicitent comme Entrez dans la danse, Festival du Tibet et de l’Himalaya, parade de la Foire de Paris… Nous dansons ou faisons de la figuration pour des clips et des films. J’aime beaucoup le dernier [cf. vidéo ci-dessous], le message porté et l’ambiance du tournage sont aussi un bon souvenir.
Nous sommes invités à danser dans des grands festivals indiens en Europe (Barcelone, Madrid, Turin, Athènes) et préparons des concours internationaux de danses indiennes. C’est une occasion de monter sur scène et de montrer notre talent. Et puis, bien sûr nous organisons nos propres festivals : déjà dix en seulement 4 ans ! Scène d’été Bollywood à la Villette, Holi Hai, Little Asia… et celui qui revient chaque année, le Bolly Bazaar. Save the date ! Samedi 16 juin 2018 au TEP Louis Braille [22 rue Louis Braille 75012] aura lieu un grand marché indien : cours de danse, concert Bollywood et spectacle en continu de 13h à 19h !
Depuis 2016/2017, Bolly Deewani crée et accompagne des projets solidaires, à l’instar de « Bollywood Pour Elles » venant en aide aux femmes victimes de violences. Pouvez-vous nous parler de toutes ces initiatives et des raisons pour lesquelles elles vous tiennent à cœur ?
Alexa : On a d’abord été lauréat « Trophée Femmes en sport » de la Mairie de Paris en 2016, pour mon concept d’art-thérapie danse Bollywood pour les femmes touchées par le cancer du sein. Un projet né d’une belle rencontre avec Nora Shakt’isis, professeure de danse chez Bolly Deewani, mais aussi art-thérapeute. Lier les deux m’a semblé être une évidence tant la danse indienne permet de réaffirmer sa féminité par sa gestuelle et ses expressions.
Puis nous avons été lauréat « Sport pour Elles » de la fondation FDJ, pour aider les femmes victimes de violences, à travers la danse. Le projet a pu voir le jour grâce à l’incroyable générosité des personnes qui ont participé à la campagne de financement sur Ulule.
Cet axe solidaire est très important à mes yeux car il permet d’aider des femmes qui traversent une situation difficile et qui ont besoin d’avoir un autre regard sur elles-mêmes pour rebondir, et de nouveau pouvoir pleinement profiter de la vie. Ces cours sont gratuits depuis 2 ans et certains le resteront.
Si l’on souhaite contribuer à toutes ces actions, comment peut-on faire ?
Alexa : Il suffit tout simplement de nous contacter aux adresses suivantes :
Quel est votre plus beau souvenir en tant que Directrice des Bolly Deewani ?
Alexa : J’ai bien trop de beaux souvenirs pour n’en choisir qu’un ! On a vécu des choses complètement folles en dix ans : des voyages en Inde, des médailles gagnées dans des concours, des clips tournés avec des stars ou entre copines sous une yourte et des spectacles sur des scènes incroyables (on a même dansé à Bercy)…
Le souvenir le plus rassurant reste cependant l’inauguration de la BollyBox en septembre 2017, avec Madame la Maire du 12e arrondissement et ses élus, et pleins de personnes venant de tous horizons. Je me suis dit que je ne devais pas faire fausse-route pour avoir une telle reconnaissance de tous ces invités. J’ai été très émue et si heureuse… j’aurais aimé partager ce moment avec bien plus de monde !
A contrario, quelles sont les difficultés de votre métier ?
Alexa : Ce n’est pas toujours facile d’encaisser… sans que cela nous atteigne plus que ça… La méchanceté de certaines personnes qui, par jalousie et égocentrisme, en arrivent à vous haïr et n’hésitent pas à se répandre sur la place publique… Ce qui me fait mal au cœur ce ne sont pas ces personnes qui au fond d’elles doivent être très malheureuses pour en arriver là, mais plutôt celles qui gobent, likent ou commentent sans savoir.
Je suis hyper sensible et ça me touche profondément à chaque fois.
Depuis 2008 — date de création de l’association — avez-vous constaté des évolutions sociétales particulières ? Les Occidentaux vous semblent-ils moins hermétiques à la culture indienne ?
Alexa : La culture populaire indienne se développe effectivement de plus en plus en France et de façon inter-communautaire, ce qui devient intéressant, grâce à la diffusion des films indiens au cinéma et à la télévision, les tournées des grands spectacles internationaux dans toute la France et la réappropriation des fêtes telles que Holi, Diwali. Mais c’est aussi grâce aux multiples associations — comme Bolly Deewani — qui transmettent un savoir-faire (la danse, la cuisine, l’ayurvéda…) à un public large de passionnés ou simplement de curieux.
Je suis impressionnée par le nombre de cours de danse Bollywood qu’il y a en France et j’adore réunir tout ce petit monde, entre autre lors du concours national de danse Bollywood que nous organisons. J’aimerais pouvoir partir en vacances avec tout le monde pour prendre le temps de parler avec chacun, mais ce n’est pas toujours possible.
C’est aussi à cela que servent nos séjours en Inde, à Londres, en Espagne, en Grèce et même le Bollywood Summer Camp de 2016 en Dordogne.
Ces changements ont-ils eu un impact — favorable ou défavorable — sur votre travail ? Avez-vous dû vous adapter et vous « repositionner » sur le marché ?
Alexa : Nous innovons sans cesse, non pas par nécessité mais parce que nous faisons d’un délire entre amis, une réalité. Chaque année est pour moi un nouveau challenge à relever et c’est très motivant. J’adore les concurrents qui innovent ; à Paris, je n’ai qu’une consœur à ce niveau-là et j’apprécie beaucoup ses idées.
Cette année, vous avez investi un nouveau local : la BollyBox. Dites-nous en plus sur l’esprit des lieux et les possibilités (d’activités ou autres) qu’ils offrent à Bolly Deewani.
Alexa : La BollyBox est notre nouveau bureau mais c’est aussi un studio de danse, petit mais très joliment décoré. On a construit des meubles escamotables pour optimiser l’espace, on a prévu un espace de massages ayurvédiques ou de formation. Quand nous avons terminé nos heures de travail administratif, nos élèves et nos professeurs l’occupent non-stop pour créer ou répéter.
On y fait aussi les séances d’Art thérapie, les babyshower, les EVJF (Enterrements de Vie de Jeune Fille) car le cadre est dépaysant au possible.
Si demain je souhaitais suivre l’un de vos très nombreux cours, comment dois-je m’y prendre et quelles sont les modalités d’inscription ?
Alexa : Il vous suffit de regarder le planning des cours et de choisir un cours en réservant une place. Le 3e trimestre débute en avril, c’est le moment idéal pour commencer !
Pouvez-vous nous dévoiler vos futurs projets ?
Alexa : Beaucoup voudraient que nous organisions de nouveau des voyages en Inde, mais j’ai un autre projet bien plus audacieux sous le coude, qui permettrait de faire voyager bien plus de personnes. C’est confidentiel encore mais ça va vous plaire, j’en suis sûre !
Que peut-on vous souhaiter ?
Alexa : Encore de belles rencontres !
Un petit mot pour nos lectrices et lecteurs ?
Alexa : Profitez de la vie, faites de bonnes actions autour de vous, soyez justes et honnêtes avec vous-mêmes et les autres vous le rendront !
Un grand merci à Alexa pour sa participation à ce tout nouveau projet lancé par Fantastikindia. Merci pour sa confiance ainsi que pour le temps qu’elle nous a accordé.
Nous, on se retrouve bientôt pour un second portrait !
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