Bollywood goes global
Publié samedi 24 mai 2008
Dernière modification dimanche 25 mai 2008
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"Ah, ça faisait longtemps qu’on nous l’avait pas dit" Oui, tout à fait. Depuis quelques années, Bollywood s’ouvre au monde et on en parle assez souvent. Certains marchés ont toujours été friands de films indiens mais l’Occident s’est toujours montré assez hermétique aux codes du cinéma du sous-continent. Certaines personnes (certains critiques aussi) sont enfermées dans leur routine et refusent de voir en Bollywood autre chose qu’une machine à danser kitschissime. Malgré des succès d’estime et le soutien de quelques professionnels (on pensera à Carlotta/Bodega), il faut se rendre à l’évidence, les NRI sont les principaux fans occidentaux (et font le succès financier de nombreux films !).
En attendant que cela change, Anil Ambani a décidé de passer à la vitesse supérieure. Il faut dire que M. Ambani est tout bêtement le sixième homme le plus riche de la Terre (avec quelque chose comme l’équivalent du salaire de six milliards d’années d’un smicard) et que cela aide beaucoup à réaliser ses ambitions. Les ambitions de M. Ambani sont claires, si tu ne viens pas à Bollywood, Bollywood viendra à toi. "Bon pas de front, on va produire des films pour commencer." Reliance Big Entertainment, la partie média de l’empire du milliardaire, a donc signé un partenariat avec des sociétés de production américaines pour produire dix films pour un montant d’un milliard de dollars US (640 millions d’euros ou 42 milliards de roupies). Au cours d’aujourd’hui c’est cadeau. Monsieur Ambani a de l’ambition et dans l’escarcelle de Reliance, on compte donc maintenant Nicolas Cage, Tom Hanks, Jim Carrey, George Clooney ou Brad Pitt. Pas question de faire du Bollywood à Hollywood. « Nous voulons faire des films hollywoodiens qui auront une audience globale. Nous ne voulons pas mettre du Bolly dans Hollywood, pas encore » annonce Rajesh Sawhney le président de Reliance. « Je pense que les films indiens portent trop le stéréotype des chansons et des danses de la même façon qu’Hollywood portait le stéréotype du sexe et de la violence. Nous nous intéressons à un bon contenu sans question de genre. »
Avec l’économie américaine qui chancelle, Hollywood apprécie le "cash" provenant des pays florissants. Il y a peu c’est Disney, News Corporation ou Sony qui venaient flirter avec les sociétés indiennes. Reliance fait le chemin inverse. « Notre but est de trouver 30 scripts sous deux ans et d’en porter 10 à l’écran. Ce n’est que le début de notre relation avec Hollywood. »
Cette opération permettra aussi d’ouvrir la porte d’Hollywood à des réalisateurs indiens. En effet Reliance a d’ores et déjà annoncé qu’un film de gangsters à gros budget de Vidhu Vinod Chopra était prévu !
Reliance, sous l’impulsion de M. Ambani, a donc décidé de prendre de vitesse certains de ses concurrents. Si UTV s’est associé avec News Corporation pour produire The Happening de M Night Shyamalan avec Mark Wahlberg, on passe largement à une étape plus importante.
Beaucoup d’experts (occidentaux comme indiens) voient là le début d’un mariage de deux cultures. Komal Nahta du Film Street Journal pense que Reliance veut s’assurer de pouvoir faire du film indien qui se vende à l’étranger et du film étranger qui se vende en Inde. D’autres pensent plus pragmatiquement que cela permettra aux professionnels indiens de mieux appréhender le business du cinéma. En Inde, celui-ci est resté très traditionnel, centré sur des familles et quelques stars "banquables" avec une rentabilité assez faible. Le cinéma indien produit 1000 films par an et atteint difficilement le milliard et demi d’euros en volume monétaire, alors que le cinéma américain produit deux fois moins et dépasse les 10 milliards d’euros.
Rajesh Sawhney n’hésite pas à quantifier ce "new deal". « Nous voulons réaliser des films à gros budget. De vrais gros budgets de films d’action d’Hollywood ». Reliance a déjà 160 salles en Inde et prévoit d’en ouvrir 220 en Amérique du Nord pour assurer la diffusion des productions maison. Anil Ambani avait gardé un relatif profil bas dans le domaine des médias, on ne doute pas que celui-ci vise maintenant à s’imposer en Inde mais aussi à l’étranger. Sa fortune personnelle de 40 milliards de dollars devrait l’y aider (1,700,000,000,000 de roupies en gros… oui des milliards de milliards…). D’ores et déjà son empire contrôle le plus grand réseau de radio FM indien, le deuxième opérateur de téléphonie mobile et un bouquet de 20 chaînes satellitaires est au programme. Certains financiers américains comme George Soros considèrent cette opération comme le début d’une nouvelle ère et ont investi des centaines de millions de dollars pour acquérir des actions du groupe Reliance Entertainment. L’avenir s’annonce vert comme le billet du côté de Mumbaï.
Sources : BBC, The guardian, etc.