Bollywood : plus un monde d’hommes ?
Publié mardi 8 mars 2005
Dernière modification mercredi 9 mars 2005
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Les films faits par des femmes et à propos des femmes ne sont plus une exception à Bollywood. Les Pinjar, Tehzeeb, Samay, Anaahat ou Chokher Bali avaient des héroïnes dans les rôles principaux. Cette année, les exemples ne manquent pas avec Black, Page 3, Shabd, White Noise, etc., qui sont des films "à femmes". Yash Chopra lui-même a fait de Zaara (dans son film Veer - Zaara ) une héroïne à forte personnalité.
Sushmita Sen disait récemment : « Dans l’industrie (du cinéma), les femmes avaient un rôle de potiche, de joli vase sur un guéridon. Maintenant, au moins, le vase est sur la table. »
Les spectateurs sont donc prêts à voir le rôle des femmes évoluer au cinéma. Pourtant, les films n’ont pas vraiment réussi à modifier l’image de la femme à l’écran.
La femme idéale est toujours prête à se sacrifier, n’a aucune aspiration personnelle, est sans défense et n’atteint la béatitude qu’en servant son mari et ses enfants.
En fait, certains succès récents montrent même un retour à un traditionnalisme forcené. Dans Chalte Chalte, une dessinatrice de mode hautement qualifiée et internationale épouse un camionneur et abandonne tout pour s’occuper de leur petit intérieur. Aitraaz nous montre Akshaye Kumar quittant Priyanka Chopra quand celle-ci préfère ne pas avoir d’enfant pour privilégier sa carrière. Dans Main Hoon Na, la jeune fille moderne doit se draper d’un vêtement traditionnel pour séduire son amoureux.
Les films “masala” ignorent superbement la réalité (en zone rurale, 26% des femmes ont un travail !).
Quand ce ne sont pas des lycéennes qui ne cherchent qu’à se marier, on leur fait jouer des métiers où elles peuvent exprimer "leur instinct naturel de dévotion" : docteurs, professeurs, journalistes…
Finalement, Mlle Sen a raison, et sans des actrices comme Aishwarya Rai, Urmila Matondkar et Kareena Kapoor, il y aurait peu de films centrés sur les femmes (il faut dire que ces actrices sont plus intéressées par un National Award, et donc un bon rôle, que par une bonne place au box-office). Cela permet à des réalisateurs/réalisatrices désargentés mais talentueux d’accéder au Star Power sans se ruiner (ces dames n’hésitant pas à sérieusement tailler dans leur exigences salariales). Par contre, dès qu’il s’agit de gros sous, la porte se referme toujours très vivement. On dit d’ailleurs qu’un acteur moyen a plus de chance de succès qu’une actrice maîtrisant son art à la perfection.
Les distributeurs pensent qu’un film trop “féministe” ne se vendra pas et se lancent donc sans grand enthousiasme dans ces projets. Heureusement, la diversification des financements depuis 5 ans fait que de plus en plus de films à petit budget, mais rentables, se tournent. Ce point a considérablement modifié la donne pour les femmes à Bollywood. Bientôt, nous pourrons peut-être dire « Bollywood n’est pas un monde d’hommes ».
Source : IANS