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Dasavatharam

Traduction : Les dix avatars

Bande originale

Ulaga Nayagan
Kallai Mattum
Oh…Ho…Sanam
Mukundha Mukundha
Kaa…Karuppanukkum
Oh…Ho…Sanam (Re-Mix)

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La critique de Fantastikindia

Par Kendra - le 26 juin 2008

Note :
(4/10)

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Lorsqu’on est cinéphile, certaines sorties sont attendues avec impatience, un peu comme un cadeau de Noël avant l’heure. Et lorsqu’on apprécie le cinéma du sud, on a hâte de voir les films de Superstar Rajnikant, ou encore d’Universal Hero Kamal Hassan. Il est intéressant de noter que les deux acteurs ont plus ou moins débuté ensemble, leurs premiers succès ont été en tout cas des films communs.
L’an dernier, tout le monde attendait Sivaji, un film de Shankar, à l’époque le plus cher du cinéma indien, signant le retour de la Superstar. Cette année, nous attendions tous la sortie de Dasavatharam, qui nous promettait du grand spectacle en détrônant son grand frère Sivaji sur le podium des plus gros budgets. Comme souvent dans l’industrie tamoule, le film a été repoussé plus d’une fois, mais est enfin sorti sur les écrans le 13 juin 2008.

Faire un résumé serait assez difficile sans dévoiler trop de choses. Le film commence au 12ème siècle, en pleine guerre de religion, les sivaïtes affrontant les vishnuïtes. Pour avoir refusé de renier sa foi en Vishnu, Rangaraja Nambi est condamné à être noyé attaché à la statue de son dieu. Puis on passe en décembre 2004, lorsqu’un virus extrêmement dangereux mis au point par le Dr Govind Ramasamy est lâché dans la nature. Le docteur n’est pas le seul à vouloir mettre la main dessus, Christian Fletcher, un ancien agent de la CIA veut récupérer le produit pour le vendre au plus offrant, le président Bush… La poursuite du virus les mènera des Etats-Unis en Inde, périple durant lequel ils vont devoir surmonter de nombreux obstacles.

La toute première impression est assez amère. Où est passé le Kamal Hassan scénariste de pures merveilles telles que Virumandi, Hey Ram, Virasat ou encore Anbe Sivam ?
Le scénario est plutôt faible, et quelque part trop subtil pour pouvoir être compris sans une connaissance (très) approfondie des dix avatars de Vishnu. Par exemple, le dalit Vincent serait l’avatar Krishna, que l’on devrait reconnaître à sa façon de mourir…
En apparence, presqu’aucun des avatars n’est relié aux autres. Il n’est donc en aucun cas question de réincarnation, comme nous étions en droit de nous attendre avec un tel titre. La relation même entre le début du film au 12ème siècle et le reste du film est extrêmement mince.
Mais alors quel intérêt pour Kamal Hassan d’écrire un film pareil, qui pourrait échapper à la majorité de son public ?

Certains pensent qu’il a vu trop grand en voulant jouer dix personnages. De mon point de vue, c’est bien l’un des seuls acteurs à pouvoir endosser autant de rôles dans un même film et les porter sur ses seules épaules. Malheureusement, il aurait fallu un scénario plus intéressant. On a vraiment du mal à ressentir une empathie quelconque pour l’un des personnages, d’autant que le maquillage empêche Kamal d’afficher la moindre expression, même son regard étant modifié par des lentilles. Ce n’est donc pas le meilleur de Kamal Hassan acteur…

Le spectateur aurait d’ailleurs, tous les droits d’être en colère, parce qu’être le film le plus cher de l’histoire du cinéma indien et avoir un tel niveau d’amateurisme dans ses effets spéciaux relève presque du crime. En effet, si on laisse de côté le problème scénaristique, le film est simplement moche durant deux heures vingt. Il faut tout de même reconnaître que les 20 premières minutes du film au 12ème siècle sont visuellement sublimes, même si difficiles à regarder car assez violentes.
Mais les effets spéciaux dignes du film tamoul Boys prêtent vraiment à sourire, surtout pour le spectateur habitué aux superproductions américaines. Il est assez difficile d’imaginer comment Kamal Hassan ait pu voir le film monté et accepter de le sortir en l’état. Il y a un tel contraste entre les 20 premières minutes et le reste que l’on pourrait comparer le film à une copie bâclée, finie à la va-vite afin de rendre le devoir à temps.
La palme de l’horreur revient au personnage de Christian Fletcher, le méchant américain qui fait son entrée sur une scène totalement copiée sur Matrix, et qui ressemble à un mélange du Terminator et de Mickey Rourke dans Sin City. Suivi de près par ceux de la grand-mère et du maître japonais… Le seul personnage réussi est Balaram Naidu, officier de police telugu aux répliques vraiment bien senties. Son rôle est sans conteste le mieux écrit.

Parlons un peu des personnages féminins. Asin et Mallika font leur travail très correctement ; même si cette dernière ne sait toujours pas danser, c’est une très bonne actrice quand elle est bien dirigée… le problème, c’est qu’elle est ici totalement sous-exploitée. Quant à Asin, comme toujours fraîche et adorable, son rôle consiste à 90 % à occuper l’écran et à rester bouche bée face à l’un des Kamal… Enfin, comment créer ce qui n’est pas possible, par exemple une alchimie entre elle et Kamal ? Le voir tourner autour d’Asin met presque mal à l’aise tellement la différence d’âge se ressent (presqu’autant que Rajni et Nayantara dans Chandramukhi).

Autre déception, musicale cette fois-ci. Qu’est-ce qui a bien pu passer par la tête de Kamal pour qu’il confie la musique à Himesh Reshammiya ? Pas loin d’être inécoutables sur CD, les chansons passent toutefois mieux dans le film, puisqu’elles sont bien insérées dans le cours de l’histoire.
On connaît les talents de danseur de Kamal Hassan, grand spécialiste de bharatanatyam, pourtant il échoue à nous impressionner ici, les chorégraphies étant totalement bâclées.

Je pense franchement que Kamal a vu trop grand dans son scénario. Dasavatharam est-il un film au discours écolo virulent ? Une dénonciation des excès de la religion ? Ou au contraire, une ode à Dieu, sous n’importe laquelle de ses formes ?
En tout cas, on nous prévient que ce sera une démonstration de ce que l’on appelle "l’effet papillon", vous savez, la théorie du chaos qui pose la question : le battement d’aile d’un papillon d’un côté de la planète peut-il provoquer une tornade ailleurs ? Théorie vraiment fascinante qui a donné lieu à d’autres films, d’autres questionnements, mais qui ici est plutôt mal utilisée, cet effet papillon étant totalement détourné pour coller au scénario de Kamal Hassan. En gros, une guerre de religion au 12ème siècle aurait indirectement provoqué le tsunami de 2004 qui a ravagé une partie de l’Asie…

Petite information amusante, l’équipe voudrait organiser une séance spéciale pour que le président Bush puisse voir le film… Je ne comprends pas vraiment l’intérêt, Kamal Hassan faisant un portrait peu reluisant du président des Etats-Unis !

Voilà, vous aurez compris en me lisant que je reste dubitative, incapable de trancher sur le fond de l’histoire. Il ne vous reste plus qu’à vous faire une opinion propre et à venir en débattre ici !

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