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FFAST : La soirée d’ouverture

Publié jeudi 17 janvier 2013
Dernière modification samedi 19 janvier 2013
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Par Gandhi Tata, Savoy1

Dossier FFAST 2013 1re édition
▶ FFAST : seconde journée au festival

Gandhi Tata :

Ce mercredi 16 janvier 2013, le FFAST faisait ses débuts hors les murs, à l’Inalco, avec des conférences et rencontres pour mieux connaitre le cinéma sud-asiatique.


Cette journée de conférences-rencontres en compagnie d’universitaires et de professionnels européens et sud-asiatiques, a démarré à 9h15 avec un petit déjeuner et une présentation assurée par deux des membres de l’équipe du FFAST, Hélène Kessous et Némésis Srour.

La suite des débats et discussions, portaient sur les cinémas en Asie du sud, Bollywood, la représentation de la sexualité en Inde, la place de l’art vidéo, et enfin, les difficultés rencontrées par les cinéastes indépendants lors des processus de censure, production et diffusion de leurs œuvres.


Pour ma part, je suis arrivé à 14h30, pour assister à la table ronde autour de la question sur la censure, production et diffusion des films indépendants en Asie du Sud. Il y avait visiblement eu, quelques contretemps et c’est Onir (prévu initialement à 11h15) qui prenait la parole pour se présenter dans un premier temps, et parler de son expérience personnelle face à la censure, pour My Brother… Nikhil.


L’intervention d’Onir fut courte, mais riche d’enseignements sur le rôle de la censure, qui apparait comme un frein à la création artistique et une arme vicieuse pour museler la liberté d’expression. Ses propos étaient pertinents, surtout lorsqu’il a opposé, le laxisme des membres de la censure, face à la violence à l’écran et l’obscénité de certaines paroles de chansons bollywoodiennes, à leur excès de zèle sur des séquences abordant l’homosexualité ou d’autres sujets dérangeants. Les items numbers dans le cinéma commercial et l’image dégradante des femmes, qu’ils véhiculent dans l’esprit du public indien, passent assez étonnamment, les radars de la censure. Cette évocation est d’autant plus pertinente, après la récente affaire de viol collectif qui a secoué le pays. Même si la censure n’a aucun rôle, même indirect, dans cette atrocité, sa tolérance déplacée envers certains contenus que d’autres, en dit long sur le chemin à parcourir pour changer les mentalités indiennes.


Onir a ensuite cédé sa place, au film de Manu Rewal, Chai Pani Etc. Cette comédie satirique sur la corruption et l’emprise du pot de vin dans le système indien, était à la fois, une assez bonne illustration de l’intervention d’Onir et une parfaite introduction à la la table ronde, autour de la question sur la censure, production et diffusion des films indépendants en Asie du Sud. Je ne le connaissais absolument et je le conseille chaleureusement à tous, car Chai Pani Etc est un film léger qui aborde de nombreux thèmes sociaux. Ainsi, on y retrouve une très jeune Konkona Sen Sharma, dans un double rôle, symbolisant les deux visages de la jeunesse indienne, celle qui veut à tout prix s’exiler à l’étranger, pour échapper à l’immobilisme et l’autre, idéaliste et décidée à lutter contre les travers de la société.


Ce film a été suivi par la discussion entre Aatish Basanta, réalisateur et producteur de court-métrages, et Manu Rewal. Ce dernier a partagé avec nous, quelques anecdotes sur le passage de Chai Pani Etc par la censure. Le film était un excellent cas d’étude pour cette session, car après avoir été bloquée par la commission de censure pour des fausses raisons, son auteur a du solliciter les médias pour en parler et attendre un changement de gouvernement pour finalement, obtenir gain de cause. Il a souligné avec humour que la censure lui reprochait entre autres, la longueur d’une scène de baiser, qu’il a du finalement raccourcir d’une seconde pour la forme, alors que l’Inde détient un taux de natalité assez ahurissant. De son côté, Aatish Basanta est revenu sur son parcours et les difficultés qu’il a rencontré pour obtenir une diffusion de son court Do Dil à la télévision, malgré sa sélection au festival de Cannes. Étant un film inclassable pour diffuseur, Do Dil est finalement rentré dans la case mode et tendance, pour gagner le droit de passer à la TV. Visiblement marqué par cette amère expérience, Aatish Basanta a fait part de sa frustration envers l’industrie du cinéma français. Une réalisatrice de films documentaires, présente dans le public, a vivement réagi à ces propos, mais le débat n’a pu se poursuivre, car le FFAST devait rendre l’auditorium de l’Inalco.

De toute façon, il était temps pour moi d’aller à la soirée d’ouverture au Gaumont Champs-Élysées, où Señorita et Laurent (Savoy1), m’attendaient !



Laurent (Savoy1) :

Évacuons tout de suite les remerciements pour l’équipe du FFAST. Nous allons avoir affaire ici à un festival digne de ce nom. Même si l’affichage en façade est plus que famélique (une constante chez Gaumont), dès la porte franchie, l’atmosphère est bien là. Un très sympathique accueil par des gens souriants, quelques documents à disposition, une ambiance que l’on sent concernée tout autant que détendue.


Arrivé bien en avance, on peut constater le souci de mettre tout en œuvre pour accueillir le public, le hall devant l’entrée de la salle étant à notre entière disposition. Et les bénévoles se préoccupant de notre sort.



Connaissant bien ce complexe du Gaumont Marignan, restait à savoir maintenant, quelle salle nous allait être réservée. Et là, ô surprise, ô joie, le plaisir de découvrir le n° "1" devant le titre du film. L’affichette sur la porte en bois ne fait que confirmer notre bonheur. La plus belle salle des lieux, son immense écran, quel bel écrin pour démarrer.
Et puis, un autre petit plaisir personnel. Un titre népalais et le nom de Django (une de mes idoles), côte à côte sur l’écran d’information, surplombant les "omnipotents" Fabrice Lucchini et Tom Cruise !




Après une longue attente, et la constatation que la salle est loin de se remplir, impression renforcée par les 6 rangées réservées qui restent désespérément quasi-vides, les festivités commencent.


Un maître de cérémonie affable nous présente la profession de foi du FFAST, bien connue des internautes fréquentant assidûment le site. Puis le président de la manifestation, visiblement ému, vient saluer le public, les kisskissbankers et les sponsors. Il laisse la place à ni moins que l’Ambassadeur de l’Inde en France qui, dans un français appliqué, vante les mérites de l’industrie cinématographique locale. Enfin, le jury monte sur scène, trois petits tours et puis s’en vont, juste le temps d’un sourire, à peine le temps d’imprimer leurs visages.
En tout les cas, le public, convaincu d’avance, on peut le penser, est conquis. Du fond de la salle, cela se ressent.



Concernant le film d’ouverture, Soongava, il me semble par contre qu’il ne s’inscrit pas vraiment dans la ligne annoncée par les organisateurs. Que l’on aime ou pas, il s’agit ici objectivement d’une œuvre purement destinée aux festivals (cela sera quelque peu confirmée par la productrice), on ne sait donc pas trop où est la transgression par rapport à d’autres manifestations. Ce film dans l’air du temps (ô combien) aurait pu faire partie de bien d’autres célèbres sélections, et ne blessera personne ici par son ton consensuel, ses images plan-plan et son interprétation de bon aloi.


Maintenant, ne nous y trompons pas. L’intervention de la productrice française en fin de séance nous apprend qu’il s’agit ici d’une œuvre miraculée, toute une équipe motivée bien de chez nous ayant permis à de simples rushes de prendre forme via montage et post-synchro pour nous être présentés de par le monde. Bravo donc, et merci, pour cette croyance toujours vivace envers le cinéma. Après, l’accueil auprès du spectateur dépendra évidemment de la sensibilité de ce dernier.


Un dernier point, vraiment noir celui-là. Y avait-il urgence ou non ? Toujours est-il que la dernière image du film à peine éteinte, les lumières se sont rallumées, le son coupé, et le générique de fin de se dérouler dans le silence, bien vite interrompu par l’intervention du présentateur. Indigne d’un festival, et vraiment pas respectueux du film et de ses auteurs. Un spectateur en aura d’ailleurs fait la remarque de vive voix lors des questions-réponses, sans réaction ceci dit. Attention la prochaine fois !

Allez, sans rancune.

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