FFAST, ultime journée au festival
Publié mercredi 8 mai 2013
Dernière modification lundi 13 juillet 2015
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Il n’est jamais trop tard … Exhumé des archives du site, voici enfin le récit de notre dernière journée au FFAST. Trois mois déjà … Voilà chose faite, non sans une certaine émotion.
Et voilà, on entame la dernière ligne droite. Heureusement, une séance supplémentaire de compétition a été ajoutée en ce début d’après-midi du dimanche. Permettant à la fois de faire durer un peu plus le plaisir et, surtout, d’avoir évité des journées trop chargées.
Nous allons achever notre périple dans le Tamil Nadu, une fois de plus. Mais surtout dans la rue, avec les petites gens qui y vivent et la font vivre.
Vazhakku Enn 18/9 de Balaji Shaktivel nous plonge en effet au cœur de l’activité fourmillante de la métropole, en retraçant le destin d’un jeune villageois qui, exploité depuis son enfance afin de payer les dettes de ses parents, a fui son calvaire pour rejoindre les trottoirs. Autour de la cuisine ambulante pour laquelle il travaille, gravitent marchands, prostituées, dealers, les habitants du bidonville attenant, mais aussi photographe de cinéma ou bourgeois de passage dans leur bagnole rutilante.
Ce qui accroche d’emblée, c’est évidemment le langage cinématographique utilisé pour ce qui n’aurait pu être qu’une chronique sociale. Comme pour B.A. Pass, mouvements de caméra et montage généreux, cadrages recherchés et couleurs chatoyantes, habillent ouvertement le film des apparats de la fiction. Voir, à ce titre, la fuite de l’atelier, filmée avec un système de caméra harnachée au comédien, immortalisé par le culte et morbide Schizophrenia de Gerard Kargl. La fureur à l’état brut.
On est bien dans un suspense, un mélodrame qui fera tout pour accrocher son spectateur. Et ce suspense se résume en une phrase : notre héros va-t-il pouvoir déclarer sa flamme à cette belle domestique qui passe chaque jour devant son échoppe.
Passionnante, vibrante, soutenue par deux jeunes acteurs masculins de toute beauté, et une pléiade de seconds rôles hyper attachants, cette tranche de vie ne peut, une fois de plus, qu’attiser la nostalgie qui sommeille dans le cœur de ceux qui ont traversé ces contrées.
Comme clins d’œil et humour sont également de la partie, via entre autres une hilarante reconstitution de tournage in vivo, l’empathie est au top.
Evidemment, tout n’est pas si simple, et après l’« intermission », l’intrigue de virer à 180°, dans une relecture de la première partie selon un modèle éprouvé depuis le Pulp fiction de Tarantino. Ce sera maintenant le point de vue de la jeunesse de la classe aisée du quartier d’à côté. Plus classique, rejoignant les codes et des préoccupations plus occidentales, voire mondiales, l’intérêt va évidemment s’émousser, mais on est bien en plein cinéma masala.
Les dernières images redonneront cependant sa place au grand mélodrame. Poignantes, parant définitivement de dignité les petites gens.
Voilà, il nous faut maintenant quitter le Gaumont Ambassade. La salle doit être vidée au plus vite, James Bond reprenant ses droits (il ne faut pas exagérer non plus, on a eu quatre jours pour nous tout seuls !).
Direction le Marignan et son immense salle, pour la cérémonie de clôture, avec la neige qui résiste sur les trottoirs.
Je vais recroiser Messieurs Subbaraj et Shaktivel, nous nous saluons pour la dernière fois. Et surtout Mr. Bahl qui me remercie pour ce que j’ai écrit sur son film. Je ne sais quoi lui répondre … Le souvenir en tout cas restera gravé quelque part au chaud. Surtout après avoir appris qu’il découvrait la neige pour la première fois.
Dans le grand hall, ça s’active. Bénévoles et organisateurs reprennent leurs allées et venues pour tout bien préparer. Arrivent les membres du jury, on peut penser que la conversation qui s’ensuit concerne la déclaration à venir du palmarès.
Et puis, voici, enjoués, les collègues Gandhi Tata et Alineji. Tous ces passionnés réunis là, avant un ultime baroud. Demain la reprise sera rude.
Mais voilà que, sans crier gare, une dernière mission va m’être confiée par l’une des organisatrices bien occupée. Tenir compagnie, l’espace de quelques instants, à Mr. Basnet, le jeune auteur népalais de Loot.
Un échange sur sa première venue en France, sur Paris sous la neige, sa fierté d’être présent en ces lieux, et je m’en veux alors d’avoir été méchant avec son film. Tout le paradoxe du « critique », se retrouver face au réalisateur. Et l’évidence, derrière chaque œuvre indépendante, se tient quelqu’un qui s’est « cassé le cul » pour y arriver. Ultime leçon en cette fin d’après-midi.
Entre-temps, dans la salle, le jury a pris ses quartiers, bien au chaud.
Dans quelques instants, c’est du sérieux. mais cela est une autre histoire.
Il restera tous ces gens, sur scène, sous les applaudissements. Lumières …
Générique de fin (sur la chanson de B.A. Pass).
Remerciements
à Hélène, Marie, Némésis, Alexandra, pour leur accueil et leur sourire, leur passion et leur investissement,
à Marina, la « Emma Peel » de Fantaskindia, pour sa spontanéité,
à Jean-Claude, pour avoir cru en mon aide.
Aux bastons et aux plans fixes, aux génériques de fin !!!
Bonus.
Notre directeur de festival et son collègue nous offrent un tour de magie en exclusivité pour Fantastikindia.
J’empile les deux urnes de vote,
hop, je prends une toile noire,
hop, je recouvre le tout,
hop … tatatata … Et voici qu’apparaît le trophée tant mérité !
Bravo ! bravo !
Et encore merci … à bientôt tous …
Laurent