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Ferrari Ki Sawaari

Traduction : Une ballade en Ferrari

LangueHindi
GenreComédie
Dir. PhotoSudhir Palsane
ActeursSharman Joshi, Boman Irani, Ritvik Sahore
Dir. MusicalPritam Chakraborty
ParoliersAmitabh Bhattacharya, Swanand Kirkire, Guru Thakur, Satyanshu, Devanshu Singh
ChanteursArijit Singh, Sonu Nigam, Shaan, Rana Mazumdar, Boman Irani, Aayush Phukan, K. Mohan, Shyamantan Das, Urmila Dhangar, Aishwarya Nigam, Ashish, Priyani Vani
ProducteurVidhu Vinod Chopra
Durée140 mn

Bande originale

Ferrari Ki Sawaari
Life Yeh Mausambi Si
Aey Mere Mann
Mala Jau De
Maara Re Sixer
Rusy’s Theme (Instrumental)
Good Night

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Fiche IMDB
Page Wikipedia
La critique de Fantastikindia

Par Mel - le 6 novembre 2012

Note :
(6.5/10)

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Rustom Deboo ou Rusy (Sharman Joshi) est le jeune père aimant et dévoué de son petit garçon Kayoze (Ritvik Sahore), que tout le monde surnomme affectueusement Kayo. Rusy, qui est est veuf, vit avec Kayo et son ours mal léché de père Behram (Boman Irani) dans un petit appartement de Bombay. Kayo est un champion de cricket en herbe et Rusy se met en quatre pour l’aider. Son pauvre salaire de fonctionnaire ne lui autorise cependant pas de folies. Il doit par exemple rassembler l’ensemble de ses maigres économies pour trouver les 2800 Rs (environ 40€) nécessaires à l’achat de la nouvelle batte qui permettra à son garçon de faire des étincelles sur le terrain.

Un jour, un découvreur de talent anglais vient dans le club de Kayo pour sélectionner les meilleurs joueurs et leur proposer de participer à un stage d’entrainement au Lord’s, le temple du cricket à Londres. Kayo est retenu mais le voyage coûte la somme énorme de 150 000 Rs (environ 2200€). Rusy est prêt s’endetter à vie ou hypothéquer sa maison pour réunir le montant demandé. Mais toutes les portes se ferment, sauf une… Le fils d’un riche politicien local tiens absolument à arriver à son mariage en Ferrari. Lui prêter le bolide pour quelques heures seulement permettrait d’obtenir la somme. Mais il n’y a qu’une seule Ferrari à Bombay, et elle appartient à la légende du cricket, Sachin Tendulkar…

Ferrari Ki Sawaari est un film atypique a bien des égards. Son personnage principal, l’immaculé et lumineux Rusy, est bon et honnête, jusqu’à l’excès, jusqu’à l’absurde pourraient même dire certains. Ainsi, il n’hésite pas à se dénoncer lorsqu’il franchi un feu rouge par inadvertance (on se rassure, il a fait très attention). Ce type de comportement extrême a déjà été mis en image, dans le cinéma américain chez Frank Capra par exemple, mais il s’accompagnait d’une dimension de sacrifice ici absente. Rusy ne souffre pas et ne se met pas en danger en faisant le bien ou en confessant ses fautes. On en retient au premier abord un personnage détaché, naïf et au fond très enfantin.

Il a presque continuellement un sourire accroché à son visage, comme un maquillage de clown et ses mouvements sont saccadés, un peu à la manière des films burlesques des années 20. Le visage parfaitement lisse et le corps habillé avec des vêtements simples mais toujours impeccables, il ne donne pas l’impression d’être un personnage incarné. Il s’agit presque d’une poupée. Mais au contraire des grands anciens américains, il n’est pas cocasse, juste extrêmement décalé.

Pourtant, c’est lui le père de Kayo, qui doit aussi endosser le rôle de la mère tristement absente. C’est aussi le fils de Behram qui s’abandonne dans son vieux fauteuil à regarder la télévision toute la journée en grignotant des cacahuètes. En sa présence, Rusy retrouve instantanément son attitude de petit garçon. Chez les Deboo, on a un père qui se laisse aller et deux enfants un peu perdus. Le film nous montre rapidement l’origine de la fêlure de Behram, et on comprend que nous sommes en réalité face à trois êtres qui vivent dans leurs bulles respectives, à l’écart du monde.

La nécessité de trouver l’argent pour envoyer Kayo au Lord’s va réunir le père et le fils et surtout amener Rusy à se dépasser. Le prix à payer est de sortir de son personnage parfait, si éloigné de nous autres pauvres mortels. Il va faire le chemin bouleversant de Pinocchio qui devient petit garçon. Celui de Behram est de se lever de son vieux fauteuil et de retrouver par là-même un semblant de combativité qu’il avait perdue de nombreuses années auparavant. Il va lui aussi faire une partie du chemin d’un Gepetto en étant prêt à mourir pour son petit-fils. C’est à ce moment que Ferrari Ki Sawaari commence à devenir très touchant et il culmine avec une démonstration d’amour paternel qui ne manquera pas d’émouvoir même les plus blasés.

L’histoire principale est linéaire et prédictible, avec un final à la Franck Capra. Et comme dans ces comédies des années 30, ce sont les personnages secondaires qui sont le sel du film et font progresser lentement l’intrigue. Le politicien qui promet un mariage en Ferrari à son fils suprêmement idiot propose des moments comiques à se tordre. Babbo Didi, la seule femme de cet univers, est une organisatrice de mariage qui navigue avec belle énergie dans les méandres des désirs fous et contradictoires de la riche famille semi-mafieuse. Les deux employés de Sachin Tendulkar sont hilarants dans leur quête de pieds-nickelés à la poursuite de la fameuse voiture rouge.

Car en fait, c’est bien de la vraie voiture Sachin Tendulkar qu’il s’agit et c’est elle qui a été utilisée dans le film. Le réalisateur Rajesh Mapuskar dont c’est le premier film, a eu l’idée de "l’emprunt" lors de la promotion de Lage Raho Munna Bhai sur lequel il était assistant. Le scénario est de Rajkumar Hirani qui avait également écrit puis réalisé 3 idiots. Comme dans leurs films précédents, la veine sociale est très présente : la famille Deboo est modeste, humble et méritante. Les situations sont présentées avec une légèreté non exempte d’un peu de gravité parfois. L’humour est ici plus fin et plus léger que dans les "Munna" ou 3 idiots. Il n’y a pas les exagérations si fréquentes dans les films comiques indiens qui peuvent déconcerter un spectateur qui ne s’y attend pas. A l’instar de Fatso ! ou du moins réussi Love, Wrinkle Free sortis également en 2012, Ferrari Ki Sawaari présente une nouvelle forme de comédie à petit budget centrée sur les dialogues plutôt que des gags visuels ou de situation, avec des personnages tous attachants et qui tourne le dos au côté kitch que peuvent avoir certaines grosses productions.

Les acteurs remplissent ici parfaitement leur rôle. Boman Irani, un des plus grands second-rôle du cinéma hindi, est une fois de plus remarquable. Il équilibre un Sharman Joshi volontairement très artificiel pendant la plus grande partie du film. On l’avait vu en second-rôle dans de très grands succès comme 3 Idiots ou Rang De Basanti et on aurait pu douter de sa capacité à porter seul le film. C’est pourtant ce qu’il réussit ici avec les honneurs. Comment ne pas citer également le jeune Ritvik Sahore qui joue Kayo ? C’est un ange au sourire totalement désarmant.

La musique de fond accompagne formidablement cette histoire simple. L’utilisation de l’accordéon, différente de celle de Yann Tiersen, n’est pas sans rappeler Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain. La signature de son "auteur" Pritam, fait qu’il est difficile d’en être certain de la provenance, mais il n’en reste pas moins qu’elle est très bien "trouvée". Ce n’est pas le cas des chansons du film qui s’oublient aussi vite qu’on les a entendues. Il faut noter l’item-number très surprenant de Vidya Balan. Mala Jau De, chanté par Urmila Dhangar, n’est pas lui non plus un titre extraordinaire. Mais la petite Vidya fait preuve d’une énergie et d’une bonne humeur communicative qui transcende la musique et appelle formidablement à la danse.

On doit à la vérité de dire que c’est plus à une balade en deux-chevaux qu’à une aventure trépidante en Ferrari à laquelle nous sommes conviés. Ça tient très bien la route, surtout dans les virages, mais ça ne va pas très vite. On sourit beaucoup plus qu’on ne rie aux éclats dans cette comédie à petit budget. Mais au final, on a passé un moment très agréable.



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