Interview d’Etienne Morini, Organisateur du Festival CinéRail
Publié jeudi 10 mars 2011
Dernière modification lundi 14 mars 2011
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Pour sa 19ème édition, le festival CinéRail s’est lancé sur la route des Indes… du 15 au 22 mars 2011 à Paris
A l’occasion du 19ème festival Cinérail, et de sa thématique indienne, nous avons posé quelques questions à Etienne Mortini, l’organisateur de ce festival pas comme les autres.
Fantastikindia : Pouvez-vous nous parler plus en détails de la genèse du festival Cinérail ?
Etienne Mortini : A l’origine il y a 20-25 ans, c’était une association qui regroupait des amateurs passionnés, essentiellement des cheminots, qui montraient des films sur le milieu ferroviaire. La SNCF s’est impliquée à travers la venue de Georges Ragot, le directeur du centre audiovisuel de la SNCF (qui a participé à la création de films sur la reconstruction des chemins de fer après la deuxième guerre mondiale). C’est lui qui a fédéré ces amateurs et passionnés pour construire un festival professionnel. Georges Ragot a eu l’idée et les gens de la SNCF ont soutenu le projet, pour que le festival existe au niveau international. Il y a d’ailleurs chaque année un prix Georges Ragot remis au film qui sublime l’univers du train dans le cinéma.
Au début, il s’agissait d’un festival inter-entreprise avec beaucoup de documentaires, puis au fil des années, de plus en plus de fictions sont apparues, pour aboutir à la création d’une compétition visant à récompenser certains courts-métrages.
F. : A-t-il été difficile au début de faire accepter cette idée et de trouver les fonds pour financer un tel projet ?
E.M. : Le cinéma et le chemin de fer sont intimement liés. Ils ont sensiblement le même âge et l’un des premiers films réalisés fut celui des frères Lumière, L’arrivée du train en gare de la Ciotat. Malgré tout, oui il y a eu des difficultés au début. Les gens pensaient qu’il s’agissait d’un festival destiné à la SNCF uniquement, les montages financiers étaient difficiles à se construire car les investisseurs pensaient que la SNCF finançait entièrement le festival. De plus, pour certains l’association train-cinéma ne sonnait pas très "sexy".
F. : Est-ce un public de connaisseurs de cinéma ou passionné de chemin de fer qui assiste en
général au festival ?
E.M. : A l’origine, le public était composé de cheminots et de passionnés de chemin de fer ainsi que de cinéphiles. Depuis plusieurs années, la public est de plus en plus un public cinéphile. Nous avons pu voir différents publics, puisque nous sommes sur Paris depuis quelques années, mais avant nous avons été dans différentes villes de France, telles Lille, Vendôme, St-Pierre-des-Corps.
F. : Lors du choix des films, y a-t-il une volonté particulière de montrer le travail de cheminot et l’évolution de ce travail à travers le temps ?
E.M. : Pas forcément. L’idée est de montrer l’importance des trains dans les films, qu’ils soient omniprésents à l’écran ou qu’ils soient discrets, que ce soit en positif ou en négatif. Il est important de remarquer que le train peut être synonyme de voyages, d’aventures, de mystères, de rencontre ou de séparation, d’échappatoire…
Nous recevons environ 600 films par an sur le site shortfilm, sur lequel les personnes inscrivent leur film. La sélection tient compte de la relation entre l’univers ferroviaire et l’histoire du film. La particularité ferroviaire reste la thématique à respecter pour être retenu.
F. : Pourquoi la thématique indienne pour cette année ?
E.M. : On essaye de faire une thématique chaque année, nous avions d’ailleurs les films américains il y a quelques années. Cette année, nous avons choisi l’Inde car nous voulions mettre à l’honneur ce pays qui est très lié au chemin de fer, mais aussi ce cinéma encore trop méconnu.
F. : A-t-il été difficile de trouver des films indiens en rapport avec le chemin de fer ? Certains films ont une relation lointaine avec le chemin de fer (Sholay, Dil Se ne comportent que peu de scènes, même si elles sont marquantes). Mais la sélection est plutôt éclectique et des films comme Train to Pakistan parlent aussi bien des trains que de l’histoire de l’Inde.
E.M. : L’opportunité est venue de l’ambassade de l’Inde, qui nous a sollicités avec l’association Namaste France par l’intermédiaire d’un ancien lauréat. Des films nous ont été proposés et nous avons pu faire le choix grâce à leur soutien. Il y avait une ligne directrice qui consistait à découvrir l’Inde à travers différents regards, c’est pourquoi des films anglais, américains ou français côtoient des films indiens. Les critères de sélection étaient aussi bien la présence des trains dans les scènes marquantes que la découverte de l’histoire de l’Inde (comme dans Train to Pakistan par exemple).
Nous avons souhaité avoir un invité spécial qui est le président du jury du festival, le cinéaste Vijay Singh. Il présentera d’ailleurs son nouveau film, India By Song, le samedi 19 mars qui sera suivi d’une discussion et d’un débat sur le cinéma indien avec lui.
F. : Qu’attendez-vous comme réaction de la part du public ? La découverte d’un cinéma différent, d’un rapport au chemin de fer bien spécifique dans la vie courante des Indiens…
E.M. : L’objectif est de faire venir des personnes qui souhaitent découvrir ce cinéma, ainsi que les passionnés de train ou de cinéma indien. Nous réalisons également des actions envers les jeunes pour les inviter à découvrir les films (venant notamment de centres aérés) et faisons participer un jury d’étudiants.
F. : L’an dernier, Cinérail avait attiré pas moins de 2500 spectateurs. Espérez-vous faire encore mieux pour cette édition ?
E.M. : Évidemment nous l’espérons, nous attendons un public nombreux pour découvrir ces films fantastiques. D’ailleurs une campagne de promotion a été mise en place par nos partenaires, et des affiches dans les gares et métros, des articles dans le Pariscope sont déjà prévus.
Retrouvez toutes les informations concernant le festival : ici