Gangs of Wasseypur
Langue | Hindi |
Genres | Film d’action, Thriller |
Dir. Photo | Rajeev Ravi |
Acteurs | Reema Sen, Manoj Bajpai, Nawazuddin Siddiqui, Richa Chadda, Piyush Mishra, Jaideep Ahlawat |
Dir. Musical | Sneha Khanwalkar, Piyush Mishra |
Paroliers | Varun Grover, Piyush Mishra |
Chanteurs | Amit Trivedi, Sneha Khanwalkar, Manoj Tiwari, Piyush Mishra, Manish Tipu, Bhupesh Singh, Khusboo Raaj, Rekha Jha, Vedesh Sokoo, Rajneesh, Munna, Shyamoo, Deepak Kumar, Ranjeet Kumar Baal Party, Akshay Verma, Usri Banerjee, Ranjeet Baal Party, Sujeet, The Mushahar of Sundarpur, Durga, Rasika D Rani, Kids of Musahar Village, Sharda Sinha, Robbie Styles |
Producteurs | Anurag Kashyap, Guneet Monga, Sunil Bohra |
Durée | 320 mn |
Le film d’Anurag Kasyuap retrace 60 ans d’une guerre des gangs sanglante à Wasseypur, une ville située dans l’Etat de Jharkhand, en Inde. Avec 5h de film, plus de 340 acteurs, c’est une saga impressionnante et spectaculaire que nous livre le réalisateur.
La ville voit s’affronter trois générations de gangsters, héritiers de deux clans. Celui de Shahid Khan, qui le premier se lança dans le pillage de trains britanniques, contre celui de Ramadhir Singh, au pouvoir sans partage sur la région. Devenu paria, Shahid Khan est contraint de travailler dans la mine de son pire ennemi. Sardar Khan, fils de Shahid et coureur de jupon invétéré, a juré de rétablir l’honneur de son père en devenant l’homme le plus redouté de Wasseypur.
Construit à la fois comme un western épique et un film de gangsters romantique et violent, Gangs of Wasseypur est une œuvre brute, sincère et captivante qui mêle cinéma moderne aux codes de Bollywood. Le résultat est un spectacle énergique et jouissif, un mélange de couleurs, de sang, d’humour noir, de musique, de poussière et d’amour. Un film qui s’éloigne des standards bollywoodiens tout en en gardant l’essentiel. C’est un conte brutal où les sentiments tuent. Ici on ne discute pas, on supprime, on exécute, et pourtant la violence omniprésente est régulièrement désamorcée par un humour rafraichissant et par la formidable bande-son de la jeune Sneha Khanwalkar (Oye Lucky ! Lucky Oye !) qui colle parfaitement à l’ambiance frénétique du film. Le casting, sans réelles stars d’envergure, est également très réussi, de Manoj Bajpai à Nawazuddin Siddiqui, les acteurs sont charismatiques et habitent leurs personnages avec force et passion.
Si la mise en scène est nerveuse et électrique, le film est moins opaque que No Smoking et moins expérimental que Dev.D du même réalisateur. L’histoire est bien construite, sans temps mort, malgré une introduction un peu longue et une voix off pas forcément heureuse. Le film aurait mérité d’être légèrement raccourci dans sa première partie pour se concentrer sur la seconde et la troisième génération.
Distribué en France en deux parties, avec six mois d’écarts entre les sorties, il ne va pas être simple pour le spectateur de se retrouver dans la multitude de personnages et leurs interactions. C’est un choix un peu dommageable pour une fresque qui méritait de se déguster d’une seule traite, comme ce fut le cas lors du festival de Cannes 2012 où le film fut présenté en première mondiale à la « Quinzaine des réalisateurs » où il reçut un accueil formidable.
Gangs of Wasseypur est un grand moment de cinéma, comme on n’en voit peu, un reflet d’une Inde moins connue, plus sombre et plus violente que ce que nous montre le cinéma plus traditionnel, et qui s’inscrit dans une vague de films indépendants, mais qui ne renie pas ses racines, bien au contraire. Difficile de ne pas penser à Scorsese devant les fulgurances de certaines scènes, du grand cinéma populaire, sans concessions, un coup de poing réjouissant et rafraichissant.