Gangster
Langue | Hindi |
Genres | Polar, Film de gangsters |
Dir. Photo | G. Singh |
Acteurs | Shiney Ahuja, Emraan Hashmi, Kangana Ranaut, Gulshan Grover |
Dir. Musical | Pritam Chakraborty |
Paroliers | Neelesh Misra, Sayeed Quadri, Mayur Puri |
Chanteurs | Sunidhi Chauhan, KK, Zubeen Garg, Kavita Seth, Abhijeet Bhattacharya, Farouk Mahfuz Anam (James) |
Producteurs | Mukesh Bhatt, Mahesh Bhatt |
Durée | 120 mn |
Scotchée ! Je suis restée scotchée à mon écran de la première minute à la dernière, devant ce film fort, dérangeant, sombre et pourtant strictement non lacrymal.
Dès les premières images on est intrigué : est-ce bien cette jeune femme, qui n’a pourtant rien d’une tueuse, qui vient de tirer sur cet homme ? On découvre peu après que cet homme, elle l’aimait, et qu’il était venu à son secours alors qu’elle sombrait dans le désespoir. Que s’est-il passé ? Flash-back…
Simran (Kangna Ranaut) noie son mal de vivre dans le whisky lorsqu’Akash (Emraan Hashmi), un jeune musicien qui travaille dans un bar, s’attache à ses pas, la soutient, l’aide à se relever… Elle lui dévoile alors qu’elle a vécu avec un gangster, Daya (Shiney Ahuja), cinq ans d’amour mais aussi de drame dans un climat de violence continu. Daya est loin, il appelle parfois mais elle n’en peut plus d’être seule, livrée à ces souvenirs qui la tourmentent. Peu à peu elle se reconstruit avec Akash, elle en tombe amoureuse. C’est alors que Daya revient …
Difficile d’en dire plus sans dévoiler le sel de l’histoire, pourtant il est clair que l’intérêt de Gangster n’est pas dans ces quelques lignes, il est dans tout le reste ! En premier lieu, dans ses retournements de situation, à la fois brusques, inattendus et pourtant très crédibles.
Il est aussi dans les personnages qu’on prend le temps de connaître et qui vous poursuivent longtemps après la fin du film, notamment Simran, si fragile dans sa quête désespérée d’une vie « normale », si bien interprétée par Kangna Ranaut avec ses longs cheveux bouclés et sa façon inimitable de tanguer (d’ailleurs elle a reçu le Filmfare Award de Meilleure débutante), drôle d’ange rédempteur. Daya le gangster est tout aussi attachant, Shiney Ahuja est exceptionnel dans ce rôle, ni super-héros ni super-méchant-au-jeu-monolithique comme il y en a tant, mais juste humain, parfois emprisonné dans sa violence, baissant sa garde au contact de Simran, prêt à tout pour échapper à la malédiction des mauvais garçons… Je n’ai pas retrouvé cette intensité de jeu dans ses rôles suivants (il lui manque peut-être un vrai grand rôle dramatique…). Enfin Emraan Hashmi qui constraste avec toutes ses rondeurs quand Ahuja est tout en angles, dont le personnage d’Akash rassure avec sa gentillesse enveloppante, ses grands yeux implorants, sa voix douce.
On apprécie aussi la sobriété et l’efficacité de la mise en scène d’Anurag Basu, sans grandiloquence, sans effets spéciaux, sans décors époustouflants, au contraire tout ressemble à la vraie vie, et on se coule d’autant mieux dans l’histoire. On retrouve d’ailleurs ce même talent dans Life in a … Metro. Le film se déroule (et a été tourné) en Corée, ce qui contribue aussi à son originalité. Pas de scènes inutiles ici, pas de « dishuns » spectaculaires non plus, même si ça cogne de temps en temps. Tout est simplement mis au service de l’histoire, concoctée par Mahesh Bhatt dont on se souvient brusquement qu’il est l’auteur du très sensible Arth.
Gangster a été un hit en 2006, apprécié par la critique et le public, c’était amplement mérité. Je l’avais laissé depuis sur mon étagère, craignant le sordide, la violence gratuite, l’hémoglobine à répétition, le genre Family-Ties of Blood qui, sans être un mauvais film, laisse un goût de cendre. Mais là il n’en est rien, la rédemption prend parfois d’étranges chemins et ceux-là valent la peine d’être découverts.