Ghajini (2008)
Publié vendredi 19 décembre 2008
Dernière modification mercredi 3 décembre 2008
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Par
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Auteur de cinq BO -en hindi- cette année (Jodhaa Akbar, Jaane Tu Ya Jaane Na, Ada, Yuvvraaj et Ghajini), AR Rahman a oeuvré dans l’excellence comme dans le moins bon, particulièrement ces derniers temps. Avec régularité, il a enchaîné quelques titres incontournables mais aussi les morceaux très oubliables voire mauvais. Le génie mélodique de Guru ou Lagaan, cède depuis quelques mois à une forme de facilité, particulièrement présente sur la BO de Yuvvraaj où il allait jusqu’à pondre un titre comme Shano Shano, probablement la plus grosse caricature de l’année en terme de musique dance. En s’associant à nouveau avec Aamir Khan, "Mr. Perfectionnist", AR Rahman promettait de faire des étincelles. Le résultat est bien loin de satisfaire les attentes des fans, en tout cas d’une partie d’entre eux.
Quelques notes de synthé, une petite ligne de basse et la voix de Javed Ali d’abord murmurée puis l’arrivée d’un harmonium sont très vite dépassés par le beat très 90’s de la boîte à rythme de Guzarish, propulsé d’office single de l’album, morceau dont la promo nous montre un Aamir Khan écharpe au cou aux côtés d’Asin. Peu emballant pour certains, voire complètement dépassé au niveau de l’instrumentation (l’horripilant pont lyrique à 1 min 30 s), envoûtant pour les autres, Guzarish ressemble à un trip à la Era (Ameno avec ses voix sacrées, synthé enveloppant) mais demeure clairement à la traîne par rapport à des merveilles de composition comme Tujh Mein Rab Dikhta Hai. Le final se traîne, l’inspiration semblant manquer à AR Rahman. C’est la seule comparaison qui sera faite dans cette chronique à Rab Ne Bana Di Jodi. Il est d’ailleurs bien naturel de pouvoir préférer l’une à l’autre. Et revenons à Ghajini.
Dans un tout autre tempo, Aye Bachchu, qui rappelle la chanson Adiyae Kolluthey du formidable album de Vaaranam Aariyam, notamment sur le plan de la dynamique de la guitare électrique, très tranchante, s’inspirant des mélodies comme Love Bomb d’AC/DC ou quelques titres de The Cult tout en flirtant avec la pop FM. On peut croire tenir dès lors le premier bon morceau du disque. Il y a de cela. Même si la présence de la batterie est trop présente et écrase la voix mais aussi les instruments de fond, celle de Suzanne Mello en l’occurrence. On peut s’en rendre compte à 2 min 12 s jusqu’à 2 min 40 s, puis à 3 min. La fin du morceau est de plus beaucoup trop abrupte et assénée sans autre justification que celle de simplement terminer un morceau avant d’enchaîner la suite.
AR Rahman semble revenir aux sources de la ballade romantique avec Kaise Mujhe, que certains auditeurs risquent bien de mettre dans leur top de fin d’année à l’heure des bilans. La mélodie, plus évidente que les autres, met en avant la jolie voix de Benny Dayal. C’est surtout celle de Shreya Ghoshal qui est attendue et qui arrive doucement dans la seconde partie du morceau un peu avant les trois minutes, durée qui constitue le single parfait. La belle se livre à un de ses exercices préférés : chanter avec une quiétude voire une sérénité qui est sa marque de fabrique tout en allant chercher dans les ondulations qui passeraient très bien a cappella (4 min 12 s à 4 min 27 s). Fondamentalement le titre ne révolutionne rien mais il s’écoute sans déplaisir.
Ce qui n’est pas le cas de Bekha, et sa rythmique en ruptures, façon breakdance, avec quelques pincées de hip-hop et de classic jazz. Un style qui convenait très bien à Tum Bole Me Boloon sur Jaane Tu Ya Jaane Na, mais qui là ne fait pas autant ses preuves. Le refrain est intéressant mais rien de très catchy et se révèle surtout très répétitif. Une déception de plus, et ce malgré une volonté de casser d’une certaine façon l’enchaînement classique des chansons, avec l’apport du saxophone qui sonne davantage comme une fausse note qu’autre chose. L’essai n’est donc pas concluant.
Mais ce n’est pas grand-chose par rapport à Latoo Latoo, morceau fort dispensable. Resucée de Touch Me de Dhoom 2 et sans le rythme endiablé mais avec la prédominance de la guitare acoustique à la Dekho Nashe Mein de Race, laquelle, tout aussi capillotractée qu’elle puisse être, a un côté sympathique. L’intro sur fond de flamenco puis les premières paroles Latoo Latoo enfoncent le morceau dans un style salsa/flamenco peu entraînant. Plus embêtant, on ne reconnaît pas la voix de Shreya Ghoshal. Une première et sans doute l’un des morceaux les plus faibles qu’elle ait enregistrés.
Une BO qui n’est pas la bombe annoncée et demeure bien décevante devant l’attente suscitée. Reste à savoir ce que sortira AR Rahman en 2009 et ce fait ne peut laisser personne indifférent.