Hare Rama Hare Krishna
Langue | Hindi |
Genres | Mélodrame / Romance, Films sociaux |
Dir. Photo | Fali Mistry |
Acteurs | Zeenat Aman, Dev Anand, Mumtaz, Prem Chopra |
Dir. Musical | R. D. Burman |
Parolier | Anand Bakshi |
Chanteurs | Lata Mangeshkar, Asha Bhosle, Kishore Kumar, Usha Uthup |
Producteur | Dev Anand |
Durée | 142 mn |
Si vous voulez vous faire une idée de ce qu’était Kathmandu dans sa période hippie, regardez Hare Rama Hare Krishna, qui ne cherche pas à en donner une image idéale mais brosse un portrait plutôt réaliste et désenchanté d’un lieu et d’une époque mythiques.
Enfants, Prashant et Jasweer vivent au Canada avec leurs parents. Ceux-ci divorcent, la mère repart en Inde avec son fils, le père reste au Canada avec Jasweer et il fait croire à la petite fille que sa mère et son frère sont morts, pour qu’elle accepte plus facilement sa belle-mère.
Devenu adulte, Prashant (Dev Anand) veut retrouver sa sœur. Celle-ci a quitté le Canada et vit à Kathmandu, sous le nom de Janice (Zeenat Aman), entourée de toute une communauté de hippies venus des quatre coins du monde. A Kathmandu, Prashant rencontre aussi Shanti (Mumtaz), une beauté locale qui tombe amoureuse de lui. Shanti et Prashant sont bientôt mêlés à un trafic de statues volées.
Dev Anand n’a pas lésiné sur le scénario, les aventures de l’apprenti détective et ses démêlés féminins, donnent une trame apte à plaire au spectateur en quête de divertissement.
Cependant l’histoire n’est qu’un support, ce qui intéresse Dev Anand, ce sont bien ces jeunes gens qui vivent en marge, avec des codes qui leur sont propres et qui se noient dans la drogue. Qu’est-ce qui a pu les conduire à cette vie-là ? Que cherchent-ils ? Le personnage de Janice catalyse toutes les questions du cinéaste et c’est au travers de son itinéraire personnel que le réalisateur essaie d’approcher, en douceur et en toute humilité, la question hippie et la responsabilité de la société à leur égard.
Zeenat Aman est tout à fait bouleversante, elle compose une Janice inoubliable, plus vraie que nature, et porte le film avec un charme et une nonchalance qui lui sont propres. Dev Anand avec ses chemises orange boutonnées jusqu’en haut, est parfait en gentleman égaré en terre hippie, essayant désespérément d’entrer en contact avec cette jeune femme qui vit sur une autre planète, n’hésitant pas à se rendre ridicule avec des tenues qu’il essaie de "hippiser" et faisant montre d’une bonne volonté un peu pataude, face à un vif-argent qui rit de ses efforts.
Son Prashant est cependant émouvant, et sa stature est par ailleurs soigneusement renforcée par l’amour innocent que lui voue la jolie Shanti, et par son enquête pour déjouer les plans des vilains pilleurs de temples.
Les deux autres atouts de Hare Rama Hare Krishna sont la musique et le côté documentaire de la vie au Népal dans les années 70. Le film est essentiellement tourné à Kathmandu et dans sa vallée, sur le site bouddhiste de Swayambunath, dans la ville de Patan, dans le camps de réfugiés tibétains et dans la campagne environnante, avec de nombreux figurants locaux, tout un environnement qui ajoute à la crédibilité du film tout en évitant soigneusement le folklore touristique.
L’autre atout est donc la musique, avec notamment la fameuse chanson Dum Maro Dum qui revient régulièrement pendant le film, une des plus belles chansons du cinéma hindi, du genre à vous poursuivre des années, mais qu’on fredonne toujours avec plaisir.
Hare Rama Hare Krishna est un film inclassable, comme Guide avec le même Dev Anand, qui explore des chemins peu arpentés par Bollywood, et possède un charme unique. A découvrir absolument !
PS : merci à Bhang, s’il passe par ici, de m’avoir fait découvrir ce film et cette chanson, Dum Maro Duuuuuum…
2ème PS : le titre du film fait référence à un mantra répété inlassablement par les membres du mouvement Hare Krishna, né aux USA en 1966 et qui a fait de nombreux adeptes dans tout l’Occident dans les années 70. Il n’était pas rare alors de voir au Quartier Latin à Paris une bande de bonzes pâlichons au crâne rasé, en tunique safran, traverser le quartier en dansant au son de Hare Rama Hare Krishna… On les voit aussi dans le film Hair.