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Hey Ram

Traduction : Oh Dieu !

Bande originale

Isaiyil Thodanguthamma
Nee Partha
Pollatha Madhana Paanam
Ram Ram
Ramaranalum
Sanyaas Mantra
Vaaranam Aayiram Vaishnava Janatho

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La critique de Fantastikindia

Par Laurent - le 14 septembre 2009

Note :
(7.5/10)

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Inde, dans les années 1940. Saketh Ram (Kamal Hassan) est un archéologue originaire de Madras, marié à une Bengalie, Aparna (Rani Mukherjee). Pendant des émeutes à Calcutta, en 1946, cette dernière est violée et assassinée par des musulmans. Ivre de vengeance, Ram traque les meurtriers et parvient à en tuer plusieurs.

Toujours tourmenté par des visions d’Aparna, Ram se remarie avec une jeune femme. Il est resté cependant en contact avec un groupe d’hindous radicaux dirigé par le méthodique Sriram Abhiyankar (Atul Kulkarni), qui considèrent le Mahatma Gandhi (Naseeruddin Shah) comme leur plus grand ennemi parce qu’il soutiendrait les musulmans. Ram est alors chargé de l’assassiner…

Deuxième réalisation du talentueux acteur tamoul Kamal Hassan, Hey Ram est un film puissant, et mémorable à plus d’un titre. D’abord, pour l’extrême violence de certaines scènes (en tout cas pour une production indienne), comme les séquences d’émeutes, ou le viol et le meurtre du personnage de Rani Mukherjee, qui ne laissent guère de place à la suggestion. Ensuite, pour ce qui en découle logiquement, à savoir le portrait d’un homme tourmenté que brosse l’acteur, un être traumatisé et influencé par ces événements, prouvant que même la personne la plus éduquée peut basculer dans la haine et le fanatisme si elle y est poussée par des circonstances exceptionnelles… Un sujet pas vraiment nouveau, mais qui est traité avec ardeur dans ce film plutôt atypique.

L’obsession du protagoniste permet notamment à l’acteur-réalisateur certaines expérimentations, comme dans la mise en images onirique de la dernière chanson, Ashadhu, dans laquelle lui et celle qui incarne sa seconde femme, en pleine scène d’amour, tombent du ciel en tournoyant après que le lit où ils se trouvent s’est enfoncé dans le vide… Ceux qui ont vu la chanson comprendront, les autres y découvriront d’autres trouvailles cabalistiques créées par effets spéciaux et laissées à la libre interprétation de chacun.

En revanche, les courts flash-forwards du héros devenu un quasi-nonagénaire malade et cacochyme, en noir et blanc (ou simili-sépia), sont peu crédibles, Kamal souhaitant visiblement prouver une fois de plus qu’il est un grand acteur "à transformations" (un peu comme Boman Irani, second rôle hindi polymorphe des Munnabhai et peut-être l’une de ses émules) en portant un masque de latex de qualité douteuse, alors qu’il nous avait déjà fait le coup du vieillard chenu dans Indian de Shankar ; cet accessoire facial malheureux, probablement inspiré de Mrs. Doubtfire avec Robin Williams (dont Kamal a réalisé et interprété le remake, Chachi 420, deux ans auparavant), est donc un peu déplacé, bien qu’assez brièvement mis en avant et en partie sauvé par le talent de l’acteur.

Du point de vue de l’interprétation, outre le touchant Kamal Hassan, on a droit à une belle distribution, avec des vedettes du cinéma hindi dans des seconds rôles à contre-emploi : Shah Rukh Khan est ainsi inhabituellement sobre avec son rôle classique mais attachant de l’ami musulman sympathique du héros hindou plus antipathique, son personnage constituant ainsi une sorte de complémentarité symbolique sur plusieurs plans.

La quasi-débutante Rani Mukherjee est très enjouée dans son bref rôle, tandis que le très bon Atul Kulkarni est impeccable en chef fondamentaliste froid et impénétrable. Enfin, il faut mentionner le comédien chevronné Naseeruddin Shah, frappant de ressemblance avec Gandhi, bien qu’il soit un peu raide dans ses rares scènes.

Sexe, violence, émeutes religieuses, Kamal cinéaste signe donc un film historique très convaincant avec Hey Ram, l’un des meilleurs longs-métrages tamouls des années 2000, ainsi que de la carrière de Kamal comédien. Le film n’est certes pas exempt de défauts (certaines chansons, voire l’histoire du remariage rallongent inutilement ce film retenu et auteurisant), mais il est souvent prenant, parfois passionnant, et marque par sa relative ambiguïté… Kamal Hassan réalisera par la suite un autre film de qualité, Virumandi, qui n’égale peut-être pas Hey Ram dans son ambition, mais traite d’un sujet tout aussi intéressant : le couloir de la mort.

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