Maintenant en DVD si vous l’avez raté en salles ! Quant aux fans de Judy Dench ou de Maggie Smith, ils peuvent aussi acheter un coffret avec les deux Indian Palace.
En 2011, les spectateurs avaient fait la connaissance d’une bande de retraités anglais partis chercher en Inde la chaleur d’une existence nouvelle. On les retrouve en 2015, dans le second volet de leur histoire, tourné comme le premier par John Madden. L’équipe du film est la même.
Cette fois-ci le Best Exotic Marigold Hotel, géré d’une main de fer par Muriel Donnelly (Maggie Smith), est victime de son succès et l’heureux et lunaire propriétaire, Sonny (Dev Patel), songe à s’agrandir. Tous les deux partent aux États-Unis en quête d’un financement. De retour à Jaipur avec la promesse d’une réponse rapide d’un investisseur potentiel, sous réserve de l’avis de son inspecteur, Sonny ne pense plus qu’à cela, au point de négliger les préparatifs de son mariage avec Sunaina (Tina Desae). En attendant, la vie suit son train-train quotidien : Evelyne (Judi Dench) hésite à s’engager auprès de Douglas (Bill Nighy), enfin débarrassé de sa femme, mais intimidé ; Madge (Celia Imrie) a deux soupirants et son cœur balance ; Carol (Diana Hardcastle) et Norman (Ronald Pickup) s’interrogent sur leur couple. Tout change à l’arrivée d’un beau sexagénaire américain, Guy Chambers (Richard Gere) venu soi-disant écrire ses mémoires. Sonny est persuadé qu’il s’agit de l’inspecteur attendu et se montre plutôt envahissant, tandis que sa mère Mrs Kapoor (Lillete Dubey) ne reste pas indifférente à son charme et à ses attentions…
Le premier film avait la fraicheur de la nouveauté, mais dans ce second opus, on se sent un peu comme face à de vieux amis perdus de vue depuis longtemps, qu’on a plaisir à revoir, et qu’on a cependant hâte de quitter parce qu’on n’a plus grand-chose à leur dire. A la fin d’Indian Palace, autant la romance naissante entre Evelyne et Douglas était attendrissante, autant dans cette Suite Royale, les atermoiements des vieux tourtereaux paraissent des minauderies un peu lassantes. Les problèmes de couple de Carol et Norman ne sont pas très crédibles, pas plus que les hésitations amoureuses de Madge, toujours en quête d’un époux. Du réchauffé ! Le scénario leur consacre trop de place au détriment des nouveaux venus. Et l’arrivée nopportune de l’ancienne épouse de Douglas, juste pour la signature des papiers du divorce, est tout à fait superflue.
L’Inde en général est plus présente tout au long de ce long-métrage que dans le précédent, mais toujours en toile de fond seulement, hélas. Lorsque plusieurs personnages se transportent par exemple à Bombay, pour des raisons diverses et convergentes, cela donne l’occasion d’avoir de belles images proprettes de la mégapole, et comme dans le premier opus, quelques très brèves parenthèses sur des aspects sociaux de l’Inde moderne. Les activités professionnelles d’Evelyne à 79 ans laissent quand même assez perplexe. Son rôle de « consultante » dans la société de téléphonie du premier film était plus crédible, et nécessaire à l’intrigue. La retrouver maintenant en commerciale experte en textiles pour une grande entreprise européenne frise le ridicule. Il y a d’autres facilités du même type qui n’amusent guère. Le scénariste semble l’avoir joué à la paresseuse et avoir quasiment décalqué certaines scènes du film de 2011.
Malgré tout, le film a des qualités. Une grande partie du sel de cette suite repose sur l’impériale Maggie Smith. La psychologie de son personnage s’est étoffée et l’actrice donne une fois de plus sa pleine mesure avec l’air de ne pas y toucher. Elle est l’unique personnage solitaire de l’intrigue et parvient à émouvoir face à un Dev Patel souvent hilarant dans sa balourdise et son obsession à séduire l’inspecteur supposé. Un vrai duo comique. Autre bonne surprise, la tendresse inattendue entre la sévère Madame Kapoor et l’Américain venu digérer une rupture amoureuse. Le tandem Richard Gere - Lillete Dubey est très juste. Que font donc les metteurs en scène pour ne pas profiter davantage du talent de cette dernière ? L’échappée poétique finale de Madge rachète quant à elle tout à fait ses errements convenus du début.
Côté interprétation, on le voit, les acteurs sont impeccables, comme dans le premier film, et ont visiblement pris plus de plaisir à jouer ensemble que le spectateur à les voir. A ce casting cinq étoiles, ajoutez un Richard Gere, sexy sexa très crédible, et le tour est joué. Dans une œuvre chorale comme celle-ci, chacun joue sa partition bien huilée sans empiéter sur celle de son voisin. Le top de la qualité anglo-saxonne dans ce domaine.
Côté musique, agréable surprise aussi pour les amateurs de Bollywood, la bande son intègre un peu plus de musique indienne que dans le premier Indian Palace. Bien sûr, il y a dans le film un mariage, avec chorégraphie et tout et tout, mais voir toute la bande des vieux protégés de Sonny se trémousser sur les mélodies des Wedding songs hindi est quand même très plaisant.
La leçon de tout cela : Carpe Diem ! L’existence est courte, il faut en profiter tant qu’elle dure ! On le savait déjà. On ne peut profiter de la vie qu’en couple : ça se discute déjà davantage. Les Indiens n’attendent rien d’autre que les conseils avisés de vieux Anglais et Américains pour faire évoluer leur pays, gérer leurs hôtels, et résoudre leurs problèmes : ça devient carrément douteux. Passons, c’est une comédie, pas un film social, ni un film militant, mais ça coince quand même un peu.
Que dire d’autre ? Que l’on a envie de souhaiter une retraite heureuse et la plus longue possible à ces personnages sympathiques et non dénués d’humour. Sans aucun doute. On les abandonne à leur sort avec autant de plaisir qu’on avait eu à les retrouver. Que l’on n’attend pas nécessairement une suite à leurs aventures. Hélas oui. Il semble bien que le filon d’Indian Palace se soit épuisé à la fin de cette Suite royale. On ne fait pas forcément deux fois un bon film avec la même recette. Dommage.