]]>

Jagte Raho

Traduction : Reste éveillé

LangueHindi
GenreFilms sociaux
Dir. PhotoRadhu Karmarkar
ActeursRaj Kapoor, Daisy Irani, Pradeep Kumar, Sumitra Devi, Smriti Biswas, Sulochana Chatterjee, Nemo, Motilal, Nana Palsikar
Dir. MusicalSalil Choudhuri
ParoliersShailendra, Prem Dhawan
ChanteursLata Mangeshkar, Asha Bhosle, Mohammad Rafi, Mukesh, Balbir
ProducteurRaj Kapoor
Durée149 mn

Bande originale

Jago Mohan Pyare
Zindagi Khwab Hai
Main Koi Jhoot Boleya
Ae Wai Duniya Deve Duhai
Thandi Thandi Sawan Ki Phuhar

En savoir plus

Fiche IMDB
Page Wikipedia
La critique de Fantastikindia

Par Maya - le 14 décembre 2009

Note :
(8/10)

Article lu 1282 fois

Galerie

Fable sociale, Jagte Raho est une suite de tableaux dont chacun épingle une forme de malhonnêteté, montre du doigt des citoyens à première vue hors de tout soupçon, qui de plus sont prompts à juger, à rejeter, à accuser, alors que derrière leur porte fermée, ils sont loin d’être des modèles.

Le fil conducteur de la fable, le pauvre agneau égaré dans cette jungle inhospitalière, est incarné par Raj Kapoor. Il campe un misérable paysan venu trouver un emploi en ville. La nuit, il a soif et cherche un peu d’eau. Il s’introduit dans un chawl, une cité labyrinthique où on le prend pour un voleur. L’alarme est donnée, la police et la presse s’en mêlent, le pauvre hère doit improviser pour échapper à ses poursuivants.

Le sujet du film n’est pourtant pas la chasse à l’homme, même si souvent on frémit pour ce pauvre homme dont la survie semble ne tenir qu’à un fil. On réalise vite que cette fuite est un prétexte : à chaque épisode, Raj entre pour se cacher dans un appartement, où il est à la fois témoin et acteur d’une scène. Il agit comme un révélateur : par sa présence et sa naïveté, il fait émerger ce qu’il y a de plus noir en chacun des occupants. D’appartement en appartement, un panorama se construit, crescendo. Pourtant à l’extérieur, ils sont nombreux à jouer les héros, prêts à en découdre contre l’intrus. Pourtant, nombreux sont les portraits des héros de l’indépendance sur les murs. Jagte Raho signifie "reste éveillé", Raj Kapoor s’insurge contre les petites compromissions qui endorment les consciences.

Raj incarne une Inde intemporelle qui a soif d’intégrité, dans un monde moderne bien corrompu (déjà en 1956). Même si le personnage agace par son côté victime-née, sa gestuelle suppliante et son manque d’à-propos, il faut le prendre pour ce qu’il est : un pur symbole. En tant que tel, sa position est forcément extrême, cela fait partie du message, quasiment allégorique. "Saint Raj, priez pour nous pauvres pêcheurs !" Il faut dire que cela lui va bien. Ses yeux clairs sont transparents comme l’eau pure, sa maigreur rehaussée par une barbe naissante le rend encore plus christique, et ce n’est sans doute pas un hasard.

Jagte Raho est un film à part. D’abord c’est un superbe film en noir et blanc, avec une belle lumière, des portraits saisissants, une mise en scène très maîtrisée, une flopée de bons acteurs, dont Motilal, bien connu du cinéma alternatif, qui campe un soûlographe plus vrai que nature, pas moins pourri que les autres, mais plus attachant.

Ensuite, le cinéma d’auteur issu du théâtre social ne le renierait sans toute pas, il fait partie d’un même mouvement. D’ailleurs le réalisateur Amit Mitra est un cinéaste bengali plus connu pour ses films d’auteur.
Les femmes ont des rôles forts, elles font entendre la voix de la raison, elles sont les gardiennes de l’intégrité, épouses modèles et conscientes de la dimension sacrée de leur rôle. Sans vouloir dévoiler la dernière scène, elle en dit long sur l’itinéraire personnel de Raj Kapoor.

Jagte Raho vaut le détour, il ne faut surtout pas se laisser décourager par le commentaire misérabiliste au dos du DVD, qui ne rend pas justice au film. Celui-ci est doté, en plus, d’une très belle musique, quatre chansons judicieusement placées, interprétées par les grands de l’époque : Lata, Asha et Mukesh, et qui sont restées des classiques.

Jagte Raho faisait partie de la sélection de l’Eté Indien du musée Guimet 2008.

Commentaires
1 commentaire