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Kandukondain Kandukondain

Traduction : Je l'ai trouvée

Bande originale

Enna Solla Pogirai
Smayiyai
Kanamoochi
Suttum Vizhi [Kandukondain Kandukondain]
Konjum Mainakkale
Kanamoochi (Duet)
Yengae Enathu Kavithai
Kandukondain Kandukondain

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La critique de Fantastikindia

Par Ganesh - le 18 février 2003

Note :
(7/10)

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Une mère (Srividya) et ses trois filles appartiennent à une famille extrêmement riche. Le seul homme dans leur maison est leur grand-père invalide. Les jeunes filles sont intelligentes, vives, jolies, talentueuses et elles ont chacune un caractère très différent. Sowmya (Tabu) rencontre Manohar (Ajith), vivace, joyeux et déterminé. Minakshi (Aishwarya Rai), écrivain amateur et poète à ses heures, quant à elle, s’amourache de Srikanth (Abbas), un homme d’affaires romantique qui a bien réussi. La petite dernière, Anjali (Shamili), 13 ans, discrète dans l’ombre de ses sœurs, n’a qu’une seule hâte, c’est de grandir rapidement. Il y a aussi Bala (Mammootty), un capitaine qui s’est blessé à une jambe à la guerre. Dans un curieux concours de circonstances où destin et trahison se sont donnés la main, la mère et ses filles perdent leur héritage. Elles partent vers Chennai, où elles auront à lutter pour survivre et pour se créer une nouvelle existence.

Le cinéma du sud de l’Inde a une certaine spécificité : ici, les genres de cinémas ne sont pas strictement démarqués en « arts et essai » et « commercial » comme à Bollywood. Surtout depuis les dix dernières années, les barrières commencent à disparaître, ce qui permet la genèse de ce que les journalistes indiens ont baptisé « middle of the road cinema » : des films qui reflètent et affirment de nouveaux courants, qui traitent des thèmes pertinents à la société contemporaine, notamment à cette génération d’Indiens qui se trouvent coincés entre l’héritage de la tradition et une ouverture vers l’Occident. On y voit l’Inde avec toutes ses contradictions et ses multiples identités. Rajiv Menon, jeune réalisateur du Tamil Nadu, qui jouit aujourd’hui d’une renommée à l’échelle nationale, est le digne représentant de ce nouveau cinéma.

Kandukondain Kandukondain, son dernier opus - sorti en 2000 - est un des rares films tamouls a avoir bien marché au nord, antre de Bollywood. Le film a été projeté au London Film FestivalThe Guardian l’a nommé un des douze meilleurs films du monde. Kandukondain Kandukondain est simplement une adaptation fascinante et enchanteresse d’un grand morceau de la littérature, le roman Raison et sentiment de Jane Austen. Le film nous montre l’Inde actuelle vécue par une mère et ses deux filles aînées.

Tout en gardant l’intrigue de base du roman d’Austen, Menon ajoute en de nombreuses parties de l’histoire des éléments contemporains de l’Inde moderne, offrant ainsi au public indien une version plus identifiable et plus consommable. La personnalité des deux sœurs, jouées par Tabu et Aishwarya Rai, change des rôles habituels des personnages féminins dans le cinéma indien. Ce sont des femmes fortes, déterminées et capables. Ce sont elles, les vrais héros du film. (Les femmes ont en général un rôle mineur dans les films indiens, souvent limité à la gentille fille prude, amoureuse du héros.) La capacité de Rajiv Menon à filmer les rapports entre les différents personnages et à montrer leurs émotions est fortement impressionnante. Dans Kandukondain Kandukondain, les personnages sont vrais. Ils sont l’un de nous, nous sommes l’un d’eux.

La première partie du film narre les relations amoureuses des différents personnages, parsemée de séquences drôles (notamment avec Ajith), ainsi que de séquences où on s’ennuie un peu (la mise en place de l’histoire est un peu lente ). Il faut attendre la deuxième partie, quand les filles s’installent à Chennai après la perte de l’héritage, pour que le film prenne une autre dimension. Il devient passionnant et nous tient en haleine. Dans cette seconde partie - la recherche de travail par les filles, les débuts d’Ajith comme réalisateur (drôles) - la trahison, l’amour, la jalousie et le courage s’enchaînent avec brio.

De plus, A.R. Rahman orne le film d’une composition exceptionnelle. Les chansons sont tout simplement merveilleuses. Les paroles de Vairamuthu qui s’inspire des poésies de Bharathi, célèbre écrivain tamil, complètent parfaitement l’histoire.

Le travail de caméra de Ravi K. Chandran est stupéfiant. L’utilisation étendue des couleurs est un vrai plaisir pour les yeux. Les combinaisons sont très plaisantes et sont utilisées efficacement, ce qui donne une certaine signification aux différentes séquences du film. Les chorégraphies des passages chantés sont superbement mises en scène, filmées comme des clips. Certaines nous offrent en plus des paysages magnifiques. On passe ainsi des campagnes de l’Inde du Sud (Konjum Mainnakkale) aux pyramides d’Égypte (Enna Solla Porgirai) et aux châteaux d’Écosse (Kandukondain Kandukondain).

À noter les performances exceptionnelles de Tabu et Aishwarya Rai. Mammootty est brillant dans le rôle du capitaine Bala. Ajith, Manivannan et Srividya sont aussi très compétents.

Dans l’ensemble, Kandukondain Kandukondain est un divertissement haut de gamme en raison de sa capacité à divertir le spectateur avec beaucoup d’intelligence, de sens et de sensibilité.

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