Karwa Chauth
Publié vendredi 24 octobre 2008
Dernière modification vendredi 17 octobre 2008
Article lu 3284 fois
Par
◀ | Raksha Bandhan |
▶ | Pongal |
Ce festival vient avant Diwali, au mois de Karthik (octobre-novembre) et a lieu aujourd’hui, samedi 18 octobre 2008.
Karwa Chauth est un rituel d’origine hindoue du jeûne observé par les femmes mariées cherchant la longévité, le bien-être et la prospérité de leurs maris. Cette fête est aussi l’occasion de renouveler leur vœu de faire perdurer leur mariage de façon harmonieuse. Il est populaire parmi les femmes mariées dans les régions nordiques et occidentales de l’Inde, particulièrement du Haryana, du Pendjab, du Ràjasthàn, de l’Uttar Pradesh et du Goudjerate.
Le terme Chauth signifie le « quatrième jour » et Karwa, un pot de terre avec un bec - un symbole de paix et de prospérité qui est nécessaire pour les rituels.
On raconte que Veeravati, une très belle femme mariée à un roi, avait sept grands frères très protecteurs. Alors qu’elle effectuait son premier Karwa Chauth chez ses parents, ses frères ne supportaient pas de voir leur sœur affaiblie par le jeûne, impatiente d’apercevoir la lune. A l’aide du reflet d’un miroir, ils firent croire à la sœur que cette lumière émanait de la tombée de la lune. Elle rompit alors son jeûne mais alors qu’elle prenait son repas, elle apprit que le roi était sévèrement malade.
Alors qu’elle se rendait au chevet de son mari, elle rencontra sur la route la déesse Parvati qui lui annonça que le roi était mort car elle avait rompu son jeûne à la vue d’une fausse lune. Elle demanda pardon et la déesse lui accorda donc de redonner la vie à son époux, mais seulement en laissant le roi malade.
En rentrant dans son palais, la reine trouva son roi inconscient avec des centaines d’épines plantées dans le corps. Elle réussit à lui ôter une épine par jour.
L’année suivante, le jour de Karwa Chauth, il ne restait plus qu’une épine dans le corps du roi.
Mais alors que la reine se rendit au marché pour acheter le karwa nécessaire aux rituels, sa servante en profita pour enlever la dernière épine. Le roi reprit conscience et prit la servante pour sa reine.
Reléguée au rang de servante, la reine n’en perdit pas pour autant sa foi.
Elle n’avait de cesse de chanter Roli ki Goli ho gayi… Goli ki Roli ho gayi (« la reine est devenue servante et la servante est devenue reine »), ce qui éveilla un jour la curiosité du roi. A sa demande, elle lui expliqua donc pourquoi elle ne cessait de chanter cette chanson et elle retrouva sa place de reine, sauvée par son dévouement et les bénédictions de la déesse Parvati.
Une autre légende rapporte l’histoire d’une femme nommée Karwa et dont le mari avait été mordu par un crocodile alors qu’il prenait son bain.
Karwa tua aussitôt le crocodile et demanda à Yama, le dieu de la mort, d’envoyer l’âme du crocodile en enfer.
Lorsque Yama refusa, Karwa, folle de rage, commença à le menacer. Effrayé par le pouvoir que peut avoir une épouse dévouée, il envoya l’âme du crocodile en enfer et bénit l’époux de Karwa en lui accordant une longue vie.
A une époque où la jeune mariée partait souvent vivre dans sa belle-famille loin de sa famille et où l’on ne disposait pas de moyens de communication tels qu’on les connaît aujourd’hui, cette fête était aussi l’occasion de ne pas s’isoler socialement.
C’est en effet une occasion privilégiée de renforcer les liens avec sa belle-famille – notamment avec les femmes mariées de la famille -, et de rencontrer ses proches, amis, voisins, etc.
Aujourd’hui encore, avant Karwa Chauth, les femmes peignent des karwa qu’elles s’échangent entre elles le jour de la fête.
Les parents envoient des cadeaux à leurs filles mariées et le mari, touché par le geste de sa femme qui symbolise pour lui le respect et l’amour qu’elle lui porte, lui offre en général de somptueux cadeaux.
Lors de son premier Karwa Chauth, la jeune mariée reçoit une attention toute particulière. Sa belle-mère lui prépare le sargi, c’est-à-dire le repas qu’elle consommera avant d’entamer son jeûne, et elle se voit offrir de nombreux cadeaux. On la bénit pour que sa vie maritale demeure éternellement bienheureuse et elle se pare en général de sa tenue de mariée.
Les femmes mariées gardent un jeûne strict et ne boivent pas même une goutte d’eau alors que dans la majorité des jeûnes hindous, il est permis de boire du thé, du café, de l’eau, ainsi que de consommer des aliments spéciaux (fruits, pommes de terre, etc.).
Les femmes se lèvent tôt le matin, exécutent leurs ablutions. Elles portent de nouveaux vêtements, s’ornent de bijoux, se maquillent et appliquent du mehendi sur les mains (henné, considéré comme propice pour les femmes mariées).
Shiva, Parvati et leur fils Kartikeya sont adorés ce jour avec les 10 karwa (pots de terre) remplis de bonbons.
A l’occasion du vrat, le jeûne, un kalash (petit récipient) est rempli avec de l’eau ou du lait. Dans ce kalash est placé Ratna (cinq morceaux de différents métaux : or, argent, cuivre, laiton et fer). Le kalash est alors présenté à un Brahmane et également échangé avec d’autres femmes mariées. Tout en présentant le kalash, une prière est offerte au seigneur Ganesh : « laissez les présents de ce kalash apporter la longue vie à mon mari et rendre mon saubhagya éternel. Faites que ma mort précède celle de mon mari de sorte que je puisse entrer dans le chitaa (bûcher) en tant que jeune mariée (pas en tant que veuve) ».
Durant cette journée, les femmes se racontent les histoires mythologiques liées à cette fête et chantent des hymnes spéciaux.
Le jeûne commence avant le lever du soleil et s’achève seulement après des prières d’adoration de la lune faites pendant la nuit.
Il est rompu une fois que la lune est aperçue et que les rituels pendant la journée ont été respectés. Quand la lune apparaît, les femmes coupent leur jeûne après avoir offert de l’eau à la lune. La première chose qu’une femme doit voir après avoir regardé la lune est son mari.
Lorsque le mari n’est pas présent, son épouse peut rompre le jeûne après avoir regardé une de ses photographies ou lui avoir parlé au téléphone.
Cette fête est souvent représentée dans les films hindis. On la retrouve notamment dans les deux films que vous allez voir aujourd’hui : Dilwale Dulhania Le Jayenge et « La Famille Indienne ».
On peut noter que dans certaines films - comme Dilwale Dulhania Le Jayenge ou Baghban -, l’homme jeûne aussi pour celle qui partage sa vie.