Koodal Nagar
(banlieue de Madurai)
Langue | Tamoul |
Genre | Drame |
Dir. Photo | M. S. Prabhu |
Acteurs | Bharath, Bhavana, Sandhya, Mhadevan, Indhu, Illavarasu |
Dir. Musical | Sabesh-Murali |
Paroliers | Na. Muthukumar, Palani Bharathi, Thenmozidas, Nandalala, Thulasidas |
Chanteurs | Sadhana Sargam, Karthik, Hariharan, Tippu, Thulasidhas, Swetha, Chandre |
Producteurs | P.S. Senthil Kumar, Ganesh |
Durée | 130 mn |
Il doit y avoir quelque chose dans l’eau à Madurai. Voyez plutôt : que ce soit dans Kaadhal, Veyyil ou Paruthi Veeran, toutes les histoires situées dans cette contrée rocailleuse et écrasée de soleil semblent tourner au drame le plus complet… Le film Koodal Nagar aussi se situe à Madurai, et confirme bien cette règle empirique…
Pourtant la première partie du film s’engage sur une voie bien plus légère. Il s’agit de romance, et même d’une double romance, car pour la première fois de sa carrière Bharath interprète dans Koodal Nagar un double rôle. Chacun des deux jumeaux qu’il incarne tombe amoureux. Mais les deux élues de leur cœur sont bien différentes.
Selvi (Sandhya) est une jeune fille modeste affublée d’un père ivrogne, tandis que Manimekalai (Bhavana) est la fille du puissant politicien véreux du coin. Quant aux deux personnages de Bharath, l’un est une sage bibliothécaire et l’autre un jeune voyou employé à la morgue locale. Deux histoires d’amour débutent donc et constituent la trame de l’intrigue initial. Les deux histoires sont d’ailleurs bien distinctes et on a parfois l’impression de suivre deux films en un. Mais quand les deux intrigues finissent par se rejoindre, c’est pour le pire, et le dramatique effet Madurai évoqué plus haut prend alors toute son ampleur !
Vous vous rappelez sans doute avoir croisé les couples Bharath/Sandhya et Bharath/Bhavana respectivement dans Kaadhal et Veyyil. Deux films au franc succès et deux drames forts réussis qui ont marqué les esprits. On s’attendait donc à ce que Koodal Nagar soit de la même veine. Même s’il est sans doute moins puissant que ses deux illustres prédécesseurs, Koodal Nagar n’en reste pas moins un drame rural réussi. Le réalisateur Cheenu Rangasamy tient parfaitement les rennes de l’histoire, dans ce qui est son premier film ! Attendons donc les prochaines réalisations du jeune metteur en scène pour voir s’il confirme cette bonne impression…
Une grande partie de la réussite du film tient aux acteurs. Encore une fois Bharath est magistral, tout aussi crédible en innocent bibliothécaire qu’en semi-vagabond enivré. Et surtout l’alchimie incroyable entre lui et Sandhya qui faisait le succès de Khaadal est totalement intacte. Quel plaisir de voir à nouveau évoluer le couple à l’écran ! Cerise sur le gâteau, les deux personnages qu’ils interprètent dans Koodal Nagar sont très différents de ceux de Kaadhal. Leur histoire est ici pleine de pep’s et d’entrain, une petite romance dans un milieu modeste, distillant humour et bonne humeur. Sandhya est tour à tour espiègle, adorable et touchante : un sans faute.
L’intrigue qui leur est consacrée s’avère bien plus captivante que celle du couple Bharath/ Bhavana, tellement plus conventionnelle : Bhavana est une fille de bonne famille dont le père possessif est prêt aux dernières extrémités pour se débarrasser de son prétendant, Bharath… Un faux-air de Veyyil donc, renforcé par le fait que Bhavana, même si elle reste relativement convaincante, nous ressort exactement le même jeu d’expression que dans Veyyil. Ce sentiment inévitable de déjà-vu limite malheureusement quelque peu l’intérêt de cette histoire. Heureusement la dernière partie, sombre et violente, gomme les disparités entre les deux sous-intrigues dans un final dramatique et poignant où chaque acteur tire son épingle du jeu.
Madurai, avec ses paysages secs et désespérés, est particulièrement photogénique, le directeur photo M.S. Prabhu en tire savamment profit et la ville est quasiment un personnage à part entière de Koodal Nagar. Le film comporte plusieurs passage chantés. Pas de titres technoïdes endiablés pour enflammer les dancefloors mais de belles chansons traditionnelles, en particulier la très douce Kaalgal Munnalae. Cependant l’intégration de ces scènes à la narration est parfois peu naturelle et coupe la progression de l’histoire.
Au final Koodal Nagar devrait vous plaire si vous avez apprécié Kaadhal et Veyyil. Mais c’est précisément cette proximité des trois films qui fait la faiblesse de l’œuvre de Cheenu Rangasamy : la comparaison est inévitable et pas toujours en faveur de Koodal Nagar. Néanmoins si vous êtes, comme moi, amateur de drames ruraux ou de Bharath et Sandhya, n’hésitez surtout pas à visionner ce film, dur mais touchant.