L’Inde à Cannes… ou presque
Publié mardi 6 mai 2008
Dernière modification mardi 6 mai 2008
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Cette année encore il n’y aura pas de Khan sur la Croisette. Après la présence successive de Devdas hors-compétition, puis d’Aishwarya Rai et de Nandita Das comme membre du jury du festival, l’Inde se fait de plus en plus rare sous les projecteurs de l’événement culturel le plus médiatisé du monde.
Et si les journaux indiens font souvent du tapage autour de tel ou tel film qui ’sera présent à Cannes’, ils omettent généralement de préciser que le film sera juste projeté au marché du film (comme des milliers d’autres) dans l’espoir de trouver un distributeur international - c’est-à-dire un distributeur en dehors des circuits habituels utilisés par les films indiens, qui utilisent presqu’exclusivement les réseaux de NRI pour pouvoir parler de ’sorties mondiales’ qui ne touchent finalement jamais une population vraiment internationale.
Pourtant cette année il y a une vraie raison artistique de s’intéresser à Cannes en tant que fan de cinéma indien !
Le film singapourien My Magic qui fait partie de la sélection officielle en lice pour la palme d’or, est de manière surprenante le premier film tourné en tamoul à être sélectionné pour le plus prestigieux festival de cinéma au monde !
Eh oui, car Singapour est une métropole cosmopolite où se côtoient Chinois, Tamouls, Européens, Malaisiens.
Le réalisateur en est Eric Khoo, un nom bien connnu des amateurs de cinéma asiatique. Son dernier film, Be With Me, avait été très remarqué par la critique internationale.
Mais pour son second film il s’est attaqué à un véritable challenge, surtout pour un scénariste et dialoguiste émérite comme lui : tourner un film dans une langue qui n’est pas la sienne.
My Magic raconte l’histoire simple et humaine d’un magicien alcoolique, qui cherche à reprendre contact avec son fils. Il s’agit d’une histoire en grande partie inspirée de la vie de l’acteur Francis Bosco, qui y joue le rôle principal. Le scénario a été rédigé en anglais puis traduit en tamoul par Grace Kalaiselvi, l’une des actrices du film qui est parfaitement bilingue.
Un grand souci a été apporté à la traduction, de façon à ce que le film parle un tamoul à peu près universel et pas l’argot utilisé par les Tamouls de Singapour, incompréhensible à l’international.
D’après les revues de presse et autres interviews données par l’équipe du film, cela a donné un tournage presque schizophrène : comme le réalisateur ne comprenait strictement rien au tamoul mais qu’il voulait quand même garder la maîtrise du sujet, il s’attachait à surveiller les expressions des acteurs et leur comportement, pendant que son assistante et dialoguiste tamoulophone s’occupait de leur prononciation et de traduire les indications du réalisateur !
Pour ce film-ci Eric Khoo a choisi d’y aller tranquillement, en décidant de tout au jour le jour. D’après les premiers avis de la presse, My Magic a une vivacité et une fraîcheur salvatrice après son opus précédent qui était plus lent et contemplatif.
Alors, My Magic sera-t-il primé à Cannes ? Sortira-t-il en France ? La réponse le 25 Mai pour la remise des récompenses !