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L’Odyssée de Pi

Titre original : Life of Pi

LangueAnglais
GenreDrame
Dir. PhotoClaudio Miranda
ActeursTabu, Irrfan Khan, Adil Hussain, Suraj Sharma, Rafe Spall, Shravanti Sainath, Gérard Depardieu
Dir. MusicalMychael Danna
ParolierBombay Jayashri
ChanteursBombay Jayashri, Pandit Jasraj
ProducteursAng Lee, Gil Netter, David Womark
Durée125 mn

Bande originale

Pi’s Lullaby
Piscine Molitor Patel / Sous le ciel de Paris
Pondicherry
Meeting Krishna
Christ in the Mountains
Thank You Vishnu for Introducing Me to Christ / Raga Ahir Bhairav
Richard Parker
Appa’s Lesson
Anandi
Leaving India
The Deepest Spot on Earth
Tsimtsum
Death of the Zebra
First Night, First Day
Set Your House in Order
Skinny Vegetarian Boy

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Fiche IMDB
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La critique de Fantastikindia

Par Alineji - le 8 février 2013

Note :
(7/10)

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Au début des années 1970, le jeune Pi Patel, est arraché à sa ville natale Pondichéry. En raison de troubles politiques dans le pays, il embarque avec sa famille et tous les animaux du zoo que dirige son père sur un cargo japonais en partance pour le Canada. Le bateau ne résiste pas à une grosse tempête et l’adolescent âgé de 17 ans se retrouve, seul rescapé, au beau milieu de l’océan Pacifique sur un canot de sauvetage.

Seul ? Pas tout à fait, d’autres survivants occupent la frêle embarcation. Parmi eux, Richard Parker… Mais, Richard Parker est une magnifique et dangereuse créature, un tigre du Bengale de plus de 250 kg. Ils vont devoir apprendre à cohabiter pour survivre. La traversée qu’ils entreprennent ensemble les conduira loin, très loin…

Après les tentatives avortées de trois autres cinéastes, Night Shyamalan, Alfonso Cuarón et Jean-Pierre Jeunet, le réalisateur Ang Lee s’est attaqué à l’adaptation du livre de l’écrivain canadien Yann Martel, Life of Pi, traduit en français sous le titre l’Histoire de Pi. Il s’agit d’une fable philosophique et morale sur l’instinct de survie, un récit parfois drôle, parfois grave, toujours profond sur le passage à l’âge adulte d’un jeune garçon et la perte violente de l’innocence.

Le héros, Pi (Suraj Sharma), de son véritable nom Piscine Molitor Patel, entame une plongée au cœur de son moi le plus intime. Il ira aux limites du courage et de sa résistance, et en ressortira définitivement changé. Au milieu de l’océan, il ne se passe quasiment rien et le moindre changement prend des proportions considérables.

Une des réussites de Ang Lee est d’avoir su transposer en images les riches descriptions de sensations (le froid, l’humidité, la soif…) et la palette d’émotions parfois contradictoires que ressent Pi (peur — une peur métaphysique —, découragement, émerveillement, joie aussi, pour la plus insignifiante victoire remportée sur l’élément liquide qui le borne.)

Les images réelles ont été tournées pour l’essentiel en Inde, à Pondichéry, et à Taiwan. Mais, la plus grande partie du film est réalisée en images de synthèses. La conception a pris trois ans. Le résultat est bluffant. Le tigre Richard Parker, entièrement numérique, est plus vrai que nature. Il a été créé à partir de l’observation de quatre animaux réels, sous le contrôle de Bill Westenhofer qui avait déjà exécuté le lion du Monde de Narnia. La qualité de son travail est vérifiable tout au long du film. La beauté des couleurs et les effets de variations atmosphériques sur l’océan : nuit, pluie, orage, aurore lumineuse, opalescence de l’eau en particulier, sont autant de performances à saluer. La musique de Mychael Danna est à la hauteur des effets visuels.

La grâce de l’acteur principal, Suraj Sharma dont c’était le 1er rôle, est une vraie surprise. Il tient à lui seul le film pendant la longue dérive en mer. On regrette cependant que le rôle d’Irrfan Khan (Pi adulte) soit limité à la portion congrue. Comme toujours, il joue avec une grande subtilité. L’extrême douceur qu’il introduit dans la narration contraste avec la dureté du récit de survie qu’il fait au journaliste (Rafe Spall).

D’où vient que l’on n’adhère pas totalement à l’histoire ? Le scénario est assez fidèle au roman de Yann Martel et conduit habilement, grâce notamment à quelques anecdotes ajoutées comme celle de la confrontation du père (Adil Hussain) et de la mère (Tabu) de Pi avec l’horrible cuisinier français du cargo (Gérard Depardieu, immonde à souhait), le spectateur à la surprise finale. Seule l’invention du personnage de la jeune danseuse (Shravanti Sainath), dont Pi tombe amoureux peu de temps avant de quitter l’Inde, n’était pas nécessaire et convertit le fatalisme et la curiosité du héros, décrits dans le livre, en une tristesse inutile à ce point de la narration. L’humour dont fait preuve l’écrivain fait aussi hélas parfois défaut dans le film.

Certaines séquences oniriques, l’échouage sur une île mystérieuse dont la silhouette évoque une forme humaine allongée, l’irruption d’un grand cétacé phosphorent…, confèrent par moments une tonalité « new age » assez pesante au récit. Destinées probablement, comme la longue introduction, à rendre à l’écran la ferveur du sentiment religieux — englobant et éclectique — du jeune Pi, elles prennent heureusement un autre sens à la fin du film. Ce rebondissement (une autre vérité est possible, bien plus cruelle) rattrape quelque peu ces faiblesses, en plaçant le spectateur jusque-là tenu à distance — peut-être trop longtemps — face à un dilemme bouleversant.

Alors, cette traversée avec un grand fauve n’apparaît plus comme un énième avatar de Robinson Crusoé, ou de Seul au Monde. Elle se rapproche de l’aventure d’Ulysse, quête intérieure plus que voyage réel, et peut être lue comme la métaphore de la rencontre du héros avec sa part propre d’inhumanité, de sauvagerie, qu’il finit par admettre et qui lui permet de survivre.

Le film a reçu le Golden Globe 2013 de la meilleure musique, très mérité, et il fait l’objet de 11 nominations pour les Oscars 2013 (remis le 24 février).



Bande-annonce

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