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La critique de Fantastikindia

Par Soniya - le 17 octobre 2008

Note :
(7/10)

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Comme toute représentation de danse traditionnelle indienne, le film La Danse de l’Enchanteresse commence par une prière. A la lueur d’une bougie, une jolie jeune fille la récite en chantant.
Puis ce sont les premières scènes de cours de mohini attam (littéralement "la danse enchanteresse"). C’est l’une des danses classiques de l’Inde*, pratiquée dans la région du Kerala.
Son essence est la grâce de l’enchanteresse Mohini, incarnation du dieu Vishnou qui, selon la légende, enchanta les démons.

Le film nous montre le déroulement des cours, où le maître, une danseuse plus âgée, fait répéter ses jeunes élèves. Il y a les mouvements du corps, rythmés par le chant du professeur, les expressions du visage, pour exprimer des sentiments comme l’amour, la tristesse, la colère, le rire (ah, quels mouvements de sourcils !), et le geste des mains (ou mudras), langage symbolique.
La troupe des danseuses et des musiciens se produit dans des temples mais les séquences de danse se déroulent aussi au clair de lune ou en extérieur.

Dans de courtes séquences, on assiste également à la vie de la troupe, qui se prépare pour un spectacle, ou qui revient ensuite en bus. Et l’on retrouve régulièrement la jeune femme du début, dans sa vie quotidienne et dans l’attente de son amoureux, dans une société où la danse, jadis l’apanage des courtisanes, est encore quelquefois victime de sa mauvaise réputation.
Mais l’essentiel du film est consacré aux démonstrations de danse, aussi vaut-il mieux être sensible à cet art pour l’apprécier. Cependant, les deux réalisateurs, le cinéaste de renommée internationale Adoor Gopalakrishnan et la danseuse et chorégraphe française Brigitte Chataignier, ont eu l’intelligence de rendre accessible la danse aux novices : le chant est sous-titré, ce qui explique la signification de chaque chorégraphie, les transitions sont soignées, et la mise en scène très simple mais fluide met en valeur, par exemple, la petite musique des grelots au pied d’une danseuse ou le rythme chanté par les gourous. Il y a de la poésie dans la conception des chorégraphies où des danseuses de tous les âges s’expriment. Enfin la beauté en elle-même du Mohini Attam, ainsi que de quelques paysages filmés (temples, rivière…) suffit pour plonger le spectateur dans l’harmonie, le ravissement et donc l’enchantement promis par le titre.
Un beau film sur la danse, la joie et le travail de l’apprentissage, la transmission et la féminité, le tout au service de l’expression du sentiment amoureux.

*Les principales danses classiques indiennes sont le Bharata-Natyam, le Kathakali, le Kuchipudi, l’Odissi, le Khatak, le Manipuri, le Mohini Attam et le Sattriya.

Merci aux Films du Paradoxe pour les superbes photos du film.

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