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Laaga Chunari Mein Daag

Traduction : Mon voile est tâché

Bande originale

Hum To Aise Hain
Zara Gungunalein Chalo
Chunari Mein Daag
Ik Teekhi Teekhi Si Ladki
Ehi Thaiyaa Motiya
Kachchi Kaliyaan

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La critique de Fantastikindia

Par Lalita - le 26 décembre 2007

Note :
(6.5/10)

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Dernier film de Pradeep Sarkar (réalisateur de Parineeta), LCMD aborde le sujet épineux de la prostitution à travers le destin d’une jeune fille de la classe moyenne.

Cette classe moyenne fait ici l’objet d’une critique acerbe. Le père à la retraite et malade (Anupam Kher) se plaint de ne pas avoir de fils pour s’occuper du foyer, alors que lui-même se décharge de ses responsabilités sur les épaules de sa femme (Jaya Bachchan). Se sentant coupable, Vibha (Rani Mukherjee) décide qu’il est de son devoir en tant qu’aînée d’aider la famille à survivre. Elle quitte la maison et la petite ville de Bénarès pour Mumbai afin de trouver du travail. Mais sans diplôme et sachant à peine parler anglais, sa tâche se révèle ardue. Très vite se profile l’ombre d’une vie sur le pavé.

Pourtant Pradeep Sarkar prend le parti étonnant de nous montrer qu’elle a le choix. Vibha aurait pu se contenter de petits boulots qui ne nécessitent aucune qualification particulière malgré des débuts difficiles. Dans son histoire il n’y a pas de situation d’esclavage moderne, juste une jeune fille face à "son choix". Car certes, celui-ci est d’abord motivé par la précarité. Mais il l’est aussi par le défi lancé avant son départ d’être le "fils absent". Et disons-le : si Vibha n’avait pas réussi tout de suite à la ville, elle aurait été constamment mise en situation d’échec car toujours comparée par son père à son rival fantôme. C’est ainsi que tout discours bien-pensant est balayé. Celui qui le tient est un homme, alors que toutes les femmes à qui elle demande conseil lui disent que nécessité fait loi. Point de vue nouveau sur le plus vieux métier du monde dans l’Inde contemporaine, ou discours dépassé et régressif sur un sujet abordé des centaines de fois au cinéma (comme le disent la plupart des critiques indiens, qui ont cloué le film au pilori) ?

Toujours est-il que jusque-là le film intéresse et fonctionne. Jusqu’à ce que Vibha, sous-qualifiée en tout, ne devienne "pute de luxe" pour riches hommes d’affaires esseulés. La petite provinciale se métamorphose alors en femme fatale bilingue et raffinée. Des efforts qui – peut-on penser – auraient pu être faits pour la recherche d’un emploi "convenable". C’est le seul moyen pour elle d’intégrer l’Inde qui brille et de rencontrer l’homme de sa vie (Abhishek Bachchan dans une énième apparition dispensable). Les révélations se font ensuite sans colère, ni ressentiment… mais avec de la tristesse, des pleurs et du pathos à n’en plus finir. La fin extrêmement prévisible (et surtout très conservatrice) annihile presque les bonnes prestations de Rani Mukherjee, Konkona Sen Sharma (qui interprète sa soeur cadette), et Jaya Bachchan.

Il faut dire que le scénario du film a été modifié suite au flop de Jhoom Barabar Jhoom (impossible de savoir à quel point) afin de ne pas choquer le public familial. LCMD est le film semi-commercial qu’essaie de sortir chaque année la maison Yash Raj. Elle l’a fait en 2006 avec Kabul Express et a reçu les accolades des critiques pour cette prise de risque. Or une année 2007 en demi-teinte l’a forcée à revoir sa stratégie.

On regrette donc que le réalisateur ait tout fait pour aborder son sujet de biais : en ne parlant jamais de sexualité par exemple. Mais il reste subversif dans son propos en ne faisant pas de Vibha une simple fille de joie sur le trottoir, mais en égratignant la sacro-sainte image de la bonne fille de la classe moyenne. Il le justifie par le fait que dès le départ Vibha est fascinée par une courtisane de Bénarès (Hema Malini dans un caméo), sorte d’Umrao Jaan moderne toujours parée de vêtements luxueux. Cependant, on ne peut s’empêcher de penser que son statut a aussi été déterminé par le glamour standard exigé dans chacune des productions Yash Raj Films.

Résultat : LCMD souffre de l’image pesante d’une maison de production spécialisée dans la comédie familiale qui cherche à aborder des thèmes osés sans prendre de risque, juste pour donner l’impression de le faire. Il faut toujours revoir nos attentes. Avec Fanaa, ne vous attendez pas à un point de vue politique sur la situation au Cachemire. Avec Kabul Express, n’attendez pas plus de détails sur la situation en Afghanistan en dehors de : « la guerre c’est mal, le taliban est méchant ». Avec Ta Ra Rum Pum, la pauvreté n’a jamais été aussi sexy. Alors dans LCMD, ne vous attendez pas à un monologue de dix minutes sur ce qu’on ressent quand on demande de l’argent en échange de sa virginité. Ce n’est jamais le but de toutes ces productions qui suivent scrupuleusement la philosophie de Yash Chopra : le cinéma n’est que pur divertissement.

Pour finir, on ne s’étonnera pas de la photographie impeccable du film pour une production Yash Raj. La bande son est entraînante sans convaincre. La sympathique chanson Hum To Aise Hain a le mérite de mettre du baume au cœur, alors que les autres méritent à peine une mention assez bien.

Malgré de gros défauts, Laaga Chunari Mein Daag reste un mélo moyen mais regardable pour une soirée DVD entre amis. Rien de plus, rien de moins.

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