Le FFAST vu de l’intérieur : Fantastikindia dans le jury
Publié mercredi 23 janvier 2013
Dernière modification vendredi 7 mars 2014
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Les organisateurs du Festival du Film d’Asie du Sud Transgressif nous ont fait l’immense honneur de nous accorder une place au sein de leur jury de professionnels, récompensant ainsi des années de travail de votre association préférée. Sans plus attendre, découvrez mes impressions en tant que membre du jury !
Le festival commençait officiellement mercredi avec la journée d’études et la cérémonie d’ouverture. Je ne peux me rendre à la première, prise par le travail, mais suis prête à remplir mes devoirs de jurée pour le soir. Je me rends à 19h30 aux Champs Elysées, pour l’ouverture d’un festival honorant des cinématographies que j’apprécie tout particulièrement… que rêver de mieux pour un soir de janvier ? Les différentes cérémonies et séances du FFAST ont lieu aux deux Gaumont des Champs, Ambassade et Marignan. Ce détail, qui peut paraître anodin a toute son importance. Deux des plus beaux Gaumont parisiens, situés sur « la plus belle avenue du monde », voilà qui ajoute de la classe et du panache à ce nouveau-né dans le paysage festivalier !
En tant que membre du jury, je suis accueillie par un des nombreux bénévoles, qui me place dans les rangs réservés. Je découvre bien vite que mes voisins sont tous des jurés, certains du jury de professionnels, d’autres du jury d’étudiants. Parmi le premier, se trouvait Jean-Yves de Lépinay, directeur de programmation au Forum des images ; Catherine Servan-Schreiber, chercheuse au CNRS et au Centre d’Etudes de l’Inde et de l’Asie du Sud ; Bastian Meiresonne journaliste spécialiste du cinéma asiatique et intervenant sur plusieurs festivals ; Jonathan Sivassane, travaillant pour l’Agence de Développement Economique de la Ville de Paris. J’ai déjà hâte de converser avec eux. Ce n’est toutefois pas pour tout de suite, puisque la cérémonie démarre. Le présentateur explique un peu le déroulement des prochains jours, et appelle le directeur du festival sur scène, Jean-François Thermoz, qui remercie les partenaires et le public présent. Enfin, c’est au tour du jury de faire son entrée sur scène. Un brin intimidant au vu du nombre de personnes dans la salle, mais cela ne dure pas longtemps. Il faut vite regagner sa place afin que le film puisse commencer. Soongava, danse of the orchids sera le premier long-métrage présenté dans ce festival, et je peux le regarder tranquillement, car il ne fait pas partie de la compétition. Malgré des défauts sûrement dus aux sévères coupes infligées au premier montage, le film me séduit par sa délicatesse et sa fin, particulièrement forte. Cela met en appétit pour la suite du programme !
Soongava Dance of the Orchids - Bande Annonce… par FestivalduFilmdAsieduSud
Mon deuxième jour est en réalité le troisième jour du FFAST, puisque je ne reviens sur les Champs Elysées que le vendredi, pour regarder trois films en compétition : Alms for a blind horse , Loot et Udhao . Un beau programme pour la journée, chacun de ces films durant quasiment deux heures, mais il en faut plus pour effrayer votre jurée préférée !
Alms for a Blind Horse - Bande annonce - VOST FR par FestivalduFilmdAsieduSud
Je ne m’exprimerai que peu sur les longs-métrages en compétition, car vous avez déjà eu les avis de vos reporters de choc, Savoy1 et Gandhi Tata, et je préfère réserver la confidentialité de la délibération finale. Sachez toutefois qu’il était très agréable d’avoir des échanges avec les réalisateurs à la suite des films. En effet, cela peut nous aiguiller sur un point que l’on aurait pu ne pas comprendre, mais aussi nous aider à contextualiser le film. Il me fallait malgré tout tenter de rester impartiale, et ne pas me laisser influencer par la sympathie que peut inspirer tel ou tel réalisateur. Seul le film compte !
Après cette première journée très riche, une autre tout aussi chargée m’attendait. Dès 10h30 le samedi, me revoilà au Gaumont Ambassade pour Vazhakku enn 18/9 , suivi lui aussi d’un débat avec le réalisateur et le producteur. J’insiste là-dessus, car cela n’était pas marqué dans la brochure. Un grand bravo aux organisateurs pour avoir réussi à faire venir les réalisateurs ou producteurs de tous les longs-métrages (sauf un). Une prouesse non négligeable, et encore une fois, très appréciable pour juger les films. Dans la salle, je retrouve d’autres membres du jury venus eux aussi se faire une grosse journée de projections. Bastian Meiressonne par exemple, s’était organisé exactement le même programme que moi, nous aurons donc exactement les mêmes éléments (des débats post-films) pour la délibération finale. Nous ne parlons toutefois pas trop des films entre les séances pour plusieurs raisons : il ne faut pas s’influencer, et surtout, bien laisser le temps à la réflexion de mûrir. On peut ainsi changer d’avis sur un film quelques heures plus tard, donc il vaut mieux ne pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué ! Après une courte pause déjeuner, j’enchaîne avec BA. Pass et Pizza , ce qui me permet d’avoir une journée parfaitement équilibrée entre films en hindi et en tamoul.
Pizza - Bande annonce - VOST FR par FestivalduFilmdAsieduSud
De nouveau une courte pause et je rejoins tous les membres du jury dans une pizzeria (sûrement Pizza qui nous a donné envie !). L’heure est venue de délibérer sur tous les longs-métrages que nous avons vus pendant deux ou trois jours. Et la tâche ne s’annonce pas aisée, car chacun de ces films est unique, venu d’une région différente, et souvent de genres diamétralement opposés. Leur point commun est qu’ils transgressent des codes cinématographiques, ou des sujets tabous. Difficile donc de départager tous ce beau monde, et la délibération dure quasiment quatre heures ! Celle-ci restera confidentielle ici, mais tous les films ont fait l’objet de débats plus ou moins longs. Nous avions décidé de procéder de la façon suivante : d’abord une discussion poussée sur chacun des longs-métrages, avec l’avis de tous les membres du jury, puis un premier vote préliminaire afin de dégager des tendances fortes. Et finalement, ce ne sont pas des tendances qui se dégagent de celui-ci, mais bel et bien notre gagnant. Ce dernier, s’il ne fait pas l’objet d’un consensus général, est néanmoins apprécié voire très apprécié par tous les membres du jury, et sera notre choix final : Vazhakku enn 18/9 . Alms for a blind horse , récompensé par le jury étudiant, est aussi un des favoris d’une bonne partie du jury, et nous décidons de le mentionner dans notre discours de remise. Je suis très contente d’avoir pu délibérer avec des personnes aussi intéressantes, et constate à 23h, que le temps est passé bien vite en aussi bonne compagnie.
Dimanche, et c’est déjà l’heure de la cérémonie de clôture. Le jury se réunit une dernière fois pour planifier quelques détails de la remise du prix. Nous constatons qu’il n’est pas prévu que les programmatrices, qui nous ont accompagnées tout le long du festival, montent sur scène. Cela nous chagrine, car elles sont à l’origine de la sélection que nous avons dû examiner, et que leur gentillesse a été un vrai point positif du festival. Qu’à cela ne tienne ! Nous décidons de rester dans le thème général et de « transgresser » le déroulé de la cérémonie. Lorsque le moment vient de rejoindre le présentateur sur la scène de la salle 1 du Gaumont Marignan, je ne suis pas très rassurée. C’est moi, en tant que benjamine du groupe, qui ait été choisie pour annoncer les résultats. Qui plus est, le vainqueur est un film tamoul et je ne tiens pas à écorcher son titre ! C’est tout d’abord Jean-Yves de Lépinay qui prend la parole, pour remercier les organisateurs du festival, et pour appeler Némésis et Hélène nos chères programmatrices. Nous faisons même intervenir quelqu’un du public pour leur remettre de petits présents. Un jury rebelle jusqu’au bout. Puis enfin, nous annonçons le gagnant de cette première édition du FFAST. Les cris de joie qui retentissent dans la salle nous rassurent : apparemment, nous avons fait le bon choix. Le réalisateur et producteur viennent nous rejoindre pour recevoir leur prix et faire un petit discours de remerciement. Enfin, une photo de groupe avec toutes les personnes ayant participé au festival, et la cérémonie s’achève, laissant place à Delhi Belly, que je prends plaisir à revoir.
Et voilà, le festival est fini. Ce fut une première édition très réussie, avec une sélection diverse et présentant des films de qualité. Très réussie aussi d’un point de vue technique, grâce à la venue des réalisateurs et producteurs. Personnellement, c’est une expérience que j’ai beaucoup appréciée, tant elle était nouvelle et enrichissante. Il est vrai que les autres membres du jury étaient à la fois très sympathiques, intéressants et venant d’horizons variés. Je suis ravie de cette immersion au sein d’un jury de festival, et honorée d’avoir pu représenter Fantastikindia pour cette première (mais surtout pas dernière !) édition du Festival du Film d’Asie du Sud Transgressif.