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Live from the Rex… (Partie 1)

Publié lundi 3 avril 2006
Dernière modification lundi 29 mai 2006
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Par Angus, le rédacteur de l’ombre

Dossier Bollywood Week 2006
◀ … the show must go on (Partie 2)
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« Bollywood ? Les films indiens de 5 heures où tout le monde danse et chante ? »… voila les commentaires que l’on entendait régulièrement il y a encore quelques années lorsqu’on osait avouer qu’on appréciait ce cinéma… mais qu’on l’aime ou non, déjà les esprits étaient marqués par la danse, le chant, la fête.
Avec le temps, l’acharnement sans faille des fans de la première heure et la multiplication des événements autour de ce cinéma populaire indien, le phénomène underground est devenu un phénomène de mode… une valeur sûre en devenir… des établissements financiers sérieux allant même jusqu’à l’exploiter à des fins publicitaires.

Après la Journée Bollywood en 2004, le Week-End Bollywood en 2005, et avant le Mois Bollywood en 2007 (non, non, reposez votre téléphone et ne harcelez pas le distributeur pour réserver vos places, c’était juste un petit clin d’œil), 2006 est l’année de la Semaine Bollywood.
Au programme, comme les années précédentes, des films Bollywood… mais ce n’est pas tout, puisque dès la première édition, il était question de communier et de faire la fête tous ensemble, et quel meilleur moyen d’y parvenir si ce n’est par le biais de la musique, de la chanson, de la danse, de la transe… alors à l’image de cette Bollywood Week qui voit toujours plus grand, nous n’avons pas cette année quatre ou cinq chansons et/ou chorégraphies, mais un vrai festival (au sens plein du terme), démontrant le lien étroit entre la projection de films et le déroulement de spectacles live en un même lieu… comme un prolongement naturel sur scène du spectacle visuel offert sur l’écran géant.


Dès le mercredi, premier jour de la Bollywood Week, la musique et le chant sont présents. En effet, dès leur entrée dans l’enceinte du Grand Rex, les spectateurs sont accueillis par le groupe RAAGA qui assurera une ambiance musicale sans faille durant toute la semaine, interprétant aussi bien des grands classiques Bollywood que des chansons plus traditionnelles et moins connues… sans oublier bien sûr l’hymne de la Bollywood Week, à savoir le fameux Tere Liye du Film Veer-Zaara.

A chaque entracte, chaque pause entre deux films, les spectateurs se retrouvent dans le hall afin d’écouter, de chanter ou même de danser dans un esprit de fête bon enfant. Grâce à RAAGA, les festivités commencent ainsi bien avant l’entrée en salle, et le public n’en sera que plus chaud pour encourager les stars et les performances des artistes sur la scène du Rex.

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Raaga accueil le public en musique


Mais le fil conducteur de toute cette semaine, si ce n’est Bollywood, c’est lui. Lui ? Mais oui, vous le connaissez puisque vous l’avez apprécié pour sa prestation du Bollywood Day en 2004, Bollywood Week-End en 2005… et sa semaine marathon de la Bollywood Week…
Il s’agit bien sûr d’ESTEBAN, l’animateur de toute la semaine Bollywood au Grand Rex. C’est lui qui a animé tant la soirée d’inauguration, tâche difficile car ce soir-là tout le monde n’avait d’yeux que pour Shah Rukh Khan, Preity Zinta, Rani Mukherji et Pamela & Yash Chopra… mais durant toute la semaine, de 9 heures à 1 heure du matin il était là, toujours de bonne humeur, veillant à ce que la fête soit totale, chauffant le public avant les films, le mettant en transe lors des parties musicales et dansées… une bonne partie du succès et de l’ambiance de la Bollywood Week lui incombe donc (comment ça vous n’êtes venus que pour voir le Shah !?), et surtout il a su préserver un esprit de fête et rendre tous les petits soucis inhérents à ce type de show totalement transparents pour le public… comme par exemple son idée ingénieuse de demander au public d’allumer les téléphones portables, comme on allumerait des briquets lors d’un concert, le temps de permettre à un groupe en retard d’arriver, et ce sans que l’ambiance ne faiblisse, bien au contraire… et de voir le Grand Rex illuminé de toute part de la lumière bleutée des téléphones portables était vraiment très beau… chapeau bas Monsieur !!! Mais ESTEBAN ne s’en tiendra pas à un « simple » rôle de présentateur… nous ménageant bien des surprises (voir plus bas).

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MC Esteban… le Maitre de Cérémonie de la Bollywood Week


Le tout premier spectacle auquel il nous est donné d’assister sur la scène du Grand Rex se tient le mercredi 26, avant l’arrivée des stars. Le public assiste émerveillé à la célèbre FEERIE DES EAUX du Grand Rex… un spectacle enchanteur fait danser des jets d’eaux au rythme des musiques du film Veer-Zaara et notament de l’Hymne de la soirée (la semaine ?) : Tere Liye, le tout en couleur… imaginez une chorégraphie Bollywood interprétée par des jets d’eaux… magnifique et unique.

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Des eaux vraiment féeriques…


La grande partie des festivités prend place les Samedi 29, Dimanche 30 Avril et Lundi 1er Mai, opérant un break bienvenu entre les deux films du matin/après midi et les deux films du soir/nuit.
Il est à peine plus de 17 heures, un entracte permet aux spectateurs de se dégourdir les jambes, de se ravitailler et même pour un bon nombre d’aller écouter le groupe RAAGA à l’entrée… tout cela permettant au public d’être au mieux de sa forme pour faire face dans les meilleures conditions aux « intermèdes » chantés et dansés à venir.
Si la première édition nous a apporté la musique, le chant et la danse, si la deuxième a introduit le Karaoké géant, cette troisième édition s’est voulue plus ouverte sur l’art et la culture indienne… non, non, ne vous sauvez pas, car art et culture ne riment pas forcément avec ennui…



Bollywood Week, ou l’ouverture :

En effet, pour cette édition 2006, le public n’est pas au bout de ses surprises, puisque cette année l’organisateur à opté pour une ouverture sur la culture indienne et ce, dès la 1ère session de danse de ce Samedi 29 Avril, puisqu’il revient à SHALINI et sa troupe de danseuses d’initier le Grand Rex à la plus belle des danses indiennes traditionnelles qui soit : le Bharata Natyam.
Cette danse ancienne originaire du Sud de l’Inde, et autrefois réservée aux seules Devadâsî (les servantes des divinités), qui contaient ainsi les exploits des divinités et leur présentaient hommages et offrandes, requiert des années d’entraînement et de perfectionnement pour atteindre un bon niveau de pratique, car il s’agit d’une danse rituelle, sacrée où chaque geste est codifié, porteur de sens, d’émotions, que se soit un mouvement des bras et des mains, des jambes et des pieds ou même « simplement » des doigts ou des yeux.

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Shalini et ses danseuses…


Les danseuses prennent place sur scène dans le plus grand silence et en totale concentration. Les spectateurs semblent un peu surpris mais captivés par ce récital. Quelle joie de voir présenter à un large public une si belle chorégraphie, avec des danseuses gracieuses et qui dégagent une énergie que les non-initiés ne soupçonneraient pas a priori pour une danse classique. Le Grand Rex est sous le charme et le fait savoir.
Le même accueil sera réservé à la troupe de SHALINI pour son deuxième passage Lundi et ses prestations parmi les plus belles de la Bollywood Week.

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… pour des postures traditionnelles de Bharata Natyam


Autre découverte (du moins dans le cadre de cet événement car ces dernières années, le public français s’est déjà habitué à cette musique… souvenez-vous du succès de Penjabi MC et de son Mundian To Bach Ke) : La musique Bhangra, originaire du Punjab.
C’est le groupe DESICREW qui en sera l’ambassadeur dès le samedi. Même si les chorégraphies ne sont pas très élaborées, le rythme effréné des percussions et le grand nombre de danseurs présents sur la scène du Rex emportent l’adhésion du public qui se lève spontanément pour taper dans ses mains ou même danser dans les allées.
Le Lundi le groupe entreprend de nouveau son opération de séduction avec ses rythmes Bhangra et ses percussions. Et pour exciter encore plus le public, il décide de réveiller les esprits patriotiques en montant sur scène avec un drapeau indien. Il s’agit là d’une pratique admise et courante, à tel point que certains groupes l’intègrent à leur chorégraphie. Si une partie du public entre dans le jeu, d’autres sont choqués de voir le traitement infligé au Drapeau National et se sentent blessés de voir, selon leurs propres termes, "l’emblème national bafoué" lorsque la troupe, dans l’excitation de la danse, pose le drapeau à même le sol, voir le porte à l’envers (le vert en haut et le safran en bas)… réaction prouvant une fois de plus, s’il était nécessaire, qu’il n’est jamais bon de raviver les esprits partisans, d’autant plus lors de festivités bon enfant comme celle-ci.

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Les Desicrew… toujours près pour la fête


Le dimanche nous apportera aussi une nouveauté très intéressante et trop rare qui a su faire l’unanimité et réjouir petits et grands. CORINNE & DELPHINE nous présentent un très beau spectacle de Kathputli ("poupées qui dansent" en Hindi), les fameuses marionnettes du Rajasthan inventées au VIIIème siècle pour divertir un Roi insomniaque.
Où comment deux artistes vont donner vie sur scène à de petits pantins à la tête en bois de manguier et au corps de chiffon. Sur fonds musical les marionnettistes nous livrent une véritable histoire tout en faisant danser leurs marionnettes qui semblent plus souples que certains danseurs. Un véritable émerveillement qui réveille notre âme d’enfant.

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Il était une fois… Corinne et Delphine et leurs magnifiques marrionettes


Nous poursuivons notre découverte de la culture indienne par le biais d’un conte dansé délicatement interprété lundi par le couple SHIVA & YARLINE (tous deux membres de la troupe INDIAN OCEAN et qui pour l’occasion se dédoublent de leur troupe pour nous présenter cette chorégraphie). Les danseurs nous y dépeignent les aventures de Krishna et Radha. Un hommage sous la forme de poésie dansée, qui prend le temps de raconter l’histoire avec des gestes souples et gracieux. Bien que peu habitué à ce type de prestations, le public est conquis.

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Shiva et Yarline nous content les aventures de Krishna et Radha




Bollywood Week ou la continuité :

Outre ces quelques nouveautés de bon augure (et le meilleur qui reste encore à venir), une partie de la programmation des spectacles de la tranche 18 à 20 heures, bien que d’un niveau correct, semblait parfois manquer d’inspiration ou de conviction sur scène, laissant le public sur sa faim.

Les quatre jeunes filles du groupe EAGLES arrivent en ce dimanche sur la scène du Rex avec des bâtons pour interpréter une chorégraphie mixant Bollywood et Kollywood… un mélange innovant, bien que surprenant pour un spectacle ayant lieu dans le cadre de la Semaine Bollywood. Malgré quelques légers temps morts dus à une chorégraphie intégrant beaucoup de poses, les danseuses réalisent une belle prestation et emporte le public.

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Les charmantes Eagles saluent leur public


Interprétant eux aussi une chorégraphie Bollywood le groupe RC NEW BOYS & GIRLS arrive sur scène en plusieurs fois. Les danseuses (parmi elles on reconnaît la danseuse qui avait marqué les esprits avec son interprétation d’Ishq Kaminaa lors du Bollywood Day 2004) ouvrant les festivités avant d’être rejoint par 2 enfants, sans complexe, au talent prometteur qui occuperont bientôt seuls la scène du Grand Rex sous les vifs applaudissements du public. Arriveront ensuite les derniers membres du groupe alors que le rythme de la chorégraphie et de la musique de Choli Ke Peeche du film Khal Nayak s’accélèrent en cette dernière journée de festivité.

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Avec les Rc New Boys & Girls la relève est assurée


Nous sommes en milieu de la programmation du Samedi, la lumière s’éteint après une chanson sublimement interprétée par APARNA et RAMESH… un incident technique ? Les spectacles suivants auraient-ils été annulés ?
Non, il s’agit simplement d’un effet de lumière pour permettre au groupe de MARLENE et ses DREAM DANCERS de prendre place. La lumière s’allume alors sur trois couples répartis sur la scène, vêtus de costumes qui rappellent les Borsalinos ou les polars américains des années 40/50. Le groupe nous plonge donc dans une ambiance qui colle parfaitement à la musique sélectionnée, puisqu’il s’agit de la chorégraphie de Dhoom Machale (tirée de Dhoom, le film de braquage diffusé le lendemain soir… voici donc un choix judicieux). Si l’imagerie est accrocheuse, le rythme entraînant, la chorégraphie en elle-même, à l’instar de celle du film, laisse quelque peu perplexe, toutefois il faut reconnaître que le public semble convaincu par ces rythmes modernes.
Pour la dernière journée la troupe reste dans le registre du néo-polar avec l’interprétation d’une chorégraphie inspirée du film Musafir, avec ce qu’il faut de musique moderne et de déhanchements adéquats, les tenues étant à l’unisson. Est-ce la fin d’une semaine chargée qui a éprouvé le public ? il semble moins adhérer à la modernité.

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Ambiance polar pour Marlene et ses Dream Dancers


Soulignons toutefois la détermination du groupe de MARLENE qui a su braver embouteillages, pannes, fatigue et stress afin de revenir, presque dans les temps, de Mulhouse où le groupe donnait une représentation à l’occasion du Nouvel An Tamoul, et affronter dans la foulée le public du Grand Rex un peu moins réceptif en ce dernier jour. Petit contretemps largement compensé grâce au sens de l’improvisation d’ESTEBAN, qui nous a valu un joli moment de lumière dans la salle du Rex !!!

Composé de plus d’une dizaine de danseurs, le groupe NAMASTE interprète une chorégraphie de plus dix minutes sur un mix de grands succès Bollywood. Si une partie du public assis dans les fauteuils essaie difficilement de suivre ce qui ce passe sur scène, l’autre partie du public, bien animé en ce premier jour du WE, s’est levé pour danser sur ces rythmes bien connus et entraînants.

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Les Namaste… au complet… ou presque…


Après d’excellentes prestations dimanche, voici qu’arrive, en fin de programme, la seule réelle ombre au tableau de la section Chant/Danse de toute cette Bollywood Week : ARVIND’S INDIAN OCEAN.
La troupe, visiblement motivée et de bonne humeur, veut à l’image de cette Bollywood Week, impressionner, en faire plus, mais le tour de force qu’a réussi l’organisateur de l’événement n’est hélas pas à la portée de tous. Et le groupe se lance dans une surenchère qui jouera en sa défaveur (ce qui est dommage car la troupe ne manque pas de dynamisme et d’entrain) : les danseurs arrivent à près de vingt sur scène pour enchaîner durant plus de dix minutes des échantillons de chorégraphies sur une sélection des plus grands hits Bollywood d’hier et d’aujourd’hui, cependant les transitions musicales entre chaque chansons sont si brutales que les danseurs eux même en perdent, non pas leur latin, mais leur synchronisation et toute cohérence chorégraphique.
Le proverbe ne dit-il pas à juste titre que le mieux est l’ennemi du bien…

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Dans les loges avec une partie de la troupe d’ Arvind’s Indian Ocean et Ramesh


Si les artistes ne sont pas toujours au mieux de leur forme face au 2 700 spectateurs du Grand Rex, ils arrivent cependant, dans l’ensemble, à faire bonne figure. Mais outre les découvertes de cette édition 2006 et la continuité des années précédentes, l’organisateur nous réserve encore de très beaux moments…

Photos de Angus (Thierry Presa)

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