London Dreams
Traduction : Rêves londoniens
Langue | Hindi |
Genre | Comédie dramatique |
Dir. Photo | Sejal Shah |
Acteurs | Salman Khan, Asin, Ajay Devgan, Om Puri |
Dir. Musical | Shankar-Ehsaan-Loy |
Parolier | Prasoon Joshi |
Chanteurs | Vishal Dadlani, Roop Kumar Rathod, Shankar Mahadevan, Rahat Fateh Ali Khan, Zubeen Garg, Mohan, Feroz Khan, Milind Diwadkar, Abhijeet Ghoshal |
Producteur | Vipul Amrutlal Shah |
Durée | 152 mn |
Surfant sur la vague de Rock On !!, empruntant l’un des personnages à Namastey London et s’inspirant d’Amadeus, London Dreams s’évertue à conjuguer de bonnes idées qui ont fait le succès des films précédents, sans hélas parvenir à égaler le rythme de l’un, le charme de l’autre et le génie du troisième. Il reste cependant un film attachant, essentiellement grâce à Salman Khan, au charisme de l’acteur et à son personnage à la fois roublard et candide, qui n’a jamais vraiment quitté le monde de l’enfance et en garde l’innocence, même au contact de la gloire et de la trahison.
Arjun (Ajay Devgan) et Mannu (Salman Khan) sont amis d’enfance, ils sont nés dans un village punjabi. Arjun rêve depuis toujours d’être pop-star, contre l’avis de sa famille, et vit seul à Londres. Mannu est né dans une famille de musiciens mais la seule chose qui l’intéresse, ce sont les filles, il coule des jours heureux dans son village, appelant régulièrement Arjun dans son lointain London.
Arjun est enfin remarqué par un producteur et crée London Dreams, il rencontre Priya (Asin) qui devient la danseuse du groupe, mais Arjun se défend de lui avouer ses sentiments tant qu’il ne sera pas en pleine gloire. Mannu débarque alors, sa nature exubérante et sa gentillesse font rapidement la conquête de tous (et de toutes, bien sûr). Plus encore, il révèle un talent inné pour la musique qui braque l’attention sur lui, éveillant une jalousie mortelle chez Arjun.
Le ressort du film, inspiré par Amadeus, est intéressant : la jalousie d’un artiste qui rame pour réussir et ne supporte pas le talent inné d’un autre, la force du charisme qui ne peut être combattue sinon en détruisant l’autre. Le seul problème, c’est la musique ! Alors que dans Amadeus, la différence de talent entre Mozart et Salieri s’entendait, même sans être mélomane, dans London Dreams, ça ne saute pas aux oreilles. Les deux voix sont si proches l’une de l’autre qu’on a du mal à les distinguer, et si Mannu se permet quelques sympathiques vocalises improvisées, cela ne suffit pas à rendre crédible la jalousie d’Arjun. Reste alors le charisme, et là force est de constater que ça marche ! Je ne sais pas comment Ajay Devgan le vit, mais il faut reconnaître que Salman Khan, de par sa seule présence, attire le regard dès qu’il apparaît, et qu’il sait rendre son personnage attirant, même si parfois il est à la limite du ridicule, servi bien sûr par la mise en scène et les dialogues adéquats.
Cependant, si Ajay Devgan n’est pas crédible en rock-star, il compose un Arjun limite psychotique assez convaincant dans son obsession de la réussite qui le coupe de toute relation normale avec autrui. Cela dit, c’est son obsession de la réussite qui est mise en valeur, plus que sa passion pour la musique. Le troisième personnage est incarné par Asin, très jolie certes, mais dont dont le rôle dans le groupe est limité à "l’éternel objet de tentation" (soupir).
L’autre ressort du film aurait dû être la musique, qui dans Rock On !! tenait (à peu près) ses promesses : quand le groupe jouait devant un public, l’enthousiasme de celui-ci était crédible, alors que dans London Dreams, je n’ai pas pu m’empêcher de penser que toutes les prises de vue du public ont dû être tournées lors d’un vrai concert d’un vrai groupe de rock, tant les morceaux joués par London Dreams ne "passent pas la rampe". C’est curieux d’ailleurs parce que parmi les 8 chansons du film, ce sont les plus fades qui ont été choisies pour ces moments en public… ou alors c’est la façon de filmer qui les rend presque insipides, c’est difficile à dire. Seule Barson Yaaron m’a vraiment convaincue, ainsi que Man Kho Asi Babhey dont le clip met Paris bien en valeur, avec une chorégraphie assez drôle inspirée par Dharmendra, et Tapke Masti d’inspiration penjabie, joliment illustrée par un clip de fête de Holi.
La différence avec Rock On !! vient peut-être aussi du fait que dans le précédent film, les acteurs jouaient d’un instrument, et en jouaient vraiment ; Farhan Akhtar chantait vraiment. Alors que là, c’est du pur play-back, comme n’importe quel film, Salman et Ajay ont beau faire toutes les mimiques qu’il faut, ça ne vaudra jamais un Arjun Rampal fermant les yeux, tout à sa guitare…
En fait, avant d’avoir vu le film et après la lecture de l’article de Jordan White sur la BO, j’avais bien apprécié la musique, je m’attendais à ce que "ça déchire" avec le support du film, mais je n’ai pas retrouvé dans les images l’énergie de la BO. Peut-être le résultat sur grand écran est-il plus probant que sur mon lecteur de DVD.
Ce qui nuit peut-être le plus à London Dreams, ce sont les nombreuses invraisemblances et autres approximations scénaristiques, qui ne nous aident pas à adhérer à l’histoire. Un exemple : lors de sa première apparition en public, Arjun arrive sur Trafalgar Square avec une mallette à la main, qui manifestement contient un clavier. Mais il en sort (?) aussi deux énormes baffles, un micro sur pied, et il se met à chanter - sans utiliser le clavier ; deux hommes montent sur scène, qui ne connaissent pas Arjun, l’un a une guitare - acoustique -, l’autre se met au clavier, et hop, ils entament une chanson, composition originale d’Arjun, sans la moindre préparation. Parmi les acteurs et figurants, certains sont en anorak et gants de laine, d’autres en débardeur… Ah oui, et puis dans le public il y a Priya (Asin) parmi les groupies, le hasard fait vraiment bien les choses.
En revanche, les dialogues sont bien ficelés, les décors réussis, celui de la maison de production est aussi improbable qu’impressionnant, ainsi que les coulisses drapées de rouge de Wembley. Au détour d’une scène, certaines images saisissent par leur cadrage, leur lumière particulièrement réussis.
Du tandem scénariste-réalisateur de Namastey London, on attendait plus de finesse et d’émotion ; du trio de compositeurs de Rock On !!, on attendait plus de rock, de l’ensemble on espérait un film enlevé et fort, cohérent et innovant. D’autant plus que l’on entend parler de ce film depuis presque deux ans, ils avaient le temps de fignoler… Donc la perception générale est plutôt teintée de déception. Mais les fans de Salman devraient être à la fête, et London Dreams est peut-être l’occasion pour les autres de le découvrir dans un rôle qui met bien en valeur son talent particulier.