Padayappa
Langue | Tamoul |
Genre | Masala |
Dir. Photo | S. Murthy, Prasad |
Acteurs | Prakash Raj, Rajinikanth, Sivaji Ganesan, Ramya Krishnan, Nasser, Senthil, Soundarya, Manivannan, Goundamani |
Dir. Musical | A. R. Rahman |
Parolier | Vairamuthu |
Chanteurs | Srinivas, Hariharan, Harini, S. P. Balasubrahmanyam, Mano, Febi Mani, Nithyasree Mahadevan, Palakkad Sreeram |
Producteurs | Krishna Rao, Sathya Narayanan, Vittal Prasad |
Durée | 175 mn |
Après avoir terminé ses études, Padayappa (Rajinikant) revient dans sa famille. Il retrouve son père (Sivaji Ganesan), le très respecté zamindar du village. La riche et arrogante Nilambari (Ramya Krishnan) tombe éperdument amoureuse de Padayappa, mais il lui préfère sa jolie servante Vasanthira (Soundarya). Se sentant insultée, elle lui voue une haine éternelle et jure sa perte. Dans le même temps, Sivaji Ganesan meurt et, suite à un complot, Rajini et sa mère sont expulsés de la maison familiale. Ils se voient alloués un pauvre arpent de terre rocailleux comme seul héritage, mais notre héros promet qu’il aura sa revanche. Celle-ci se dessine très vite puisqu’il découvre du granit sur son terrain, et dix-huit ans plus tard le voilà devenu richissime. Mais Nilambari ne l’a pas oublié et compte bien se venger de celui qui l’a rejeté.
Padayappa est un authentique masala mêlant action et bons sentiments, et centré sur la seule superstar ! Le scénario entremêle les trames de plusieurs succès passés de Rajinikanth. L’homme qui prend sa revanche sur le destin billets à la main était déjà le sujet principal de Annamalai. L’accoutrement de Rajinikant dans toute la seconde partie est identique à celui qu’il portait déjà dans Baasha. Quant à l’histoire, centrée sur l’affrontement à distance entre Padayappa et sa prétendante éconduite Nilambari, elle rappelle fortement un autre succès de la superstar, Mannan, mais le traitement est ici différent.
Ce personnage de névrosée dont l’amour se transforme en haine est intéressant, et pour une fois relativement développé, même s’il manque un peu de profondeur psychologique et de nuances. Il rappelle un peu le rôle tenu par Shahrukh Khan dans Baazigar. Le charisme de Ramya Krishnan dans ce rôle n’a rien à envier à la star masculine. Elle est en effet terrifiante, avec une présence impressionnante qui donne des faces à face de feu avec Rajinikant, où la tension est quasiment palpable.
Les interprètes sont tous très bons, il faut dire que ce sont tous des acteurs d’expérience. On prend un plaisir tout particulier à voir Sivaji Ganesan, LA star des années 50 à 70, interpréter son tout dernier rôle à l’écran en jouant le père de Rajinikant… tout un symbole !
La réalisation de KS Ravikumar, expert dans l’art du masala, est très bonne car efficace. C’est ce qui fait toute la différence et la qualité finale du film, et permet de très bien faire passer les quelques légèretés du scénario. Il n’y a aucun flottement, tout le film se déroule sur un rythme soutenu et sans digression ni temps mort… c’est rare !
Il faut noter la très bonne musique de fond, qui joue un rôle prépondérant dans l’efficacité du film, une musique particulièrement soignée, ce qui est assez rare dans un film masala pour qu’on le souligne. Le thème composé par A.R. Rahman est reconnaissable entre tous, et particulièrement galvanisant. Il revient en boucle lors du climax entre Nilambari et Padayappa, dont l’excellente mise en scène est à donner des frissons ! Pour tout dire, après le film elle reste autant en tête que les chansons. Celles-ci, composées également par A.R. Rahman, sont pourtant l’autre gros plus du film. Les belles mélodies mises en images dans des décors luxueux sont un régal pour les yeux. On retiendra surtout Suthi Suthi vanteeha, joliment illustrée, et Oh oh oh… Kikku yeruthe qui, l’air de rien, reste obstinément en tête grâce à sa mélodie imparable.
Le film regorge de scènes d’action, qui comme les chansons ont été très soignées grâce au budget conséquent pour l’époque, ce qui se voit à l’écran. Rajinikant y est égal à lui-même : même à 50 ans passés (l’âge de son personnage) il envoie à terre en un tournemain une cinquantaine de routiers baraqués. Les voitures enflammées volent en l’air sur son passage, les motos se renversent à la pelle, les lances s’arrêtent à quelques centimètres de son visage par sa seule volonté… bref la superstar assure ! (et les effets spéciaux aussi). Dans tout masala de Rajinikant, il y a un gimmick particulier. Ici, c’est le jeté de dupatta sur l’épaule : c’est très classe, et en plus on peut le faire chez soi – pas comme le coup de la cigarette… D’ailleurs elle est ici remplacée par un cigare, standing oblige (mais ça fait plus mal quand on se loupe).
Entre les jolies chansons, les scènes d’action délirantes particulièrement jouissives, la mise en scène au cordeau qui ne laisse pas une seconde pour souffler, et l’affrontement au sommet entre les deux protagonistes, Padayappa est un massala réussit qui atteint haut la main son objectif principal : nous divertir !
En la matière c’est même une des références dans les années 90. On peut considérer Padayappa comme l’archétype du film de divertissement privilégié par le grand public et sa Superstar Rajinikant.
A sa sortie, le film a tout dévasté sur son passage, devenant le plus gros succès tamoul de tous les temps. Ses records de recettes n’ont été battus qu’en 2005 par le même Rajinikant avec Chandramukhi, ce qui s’expliquait surtout par la forte attente qu’avait suscité le film puisque l’acteur y faisait son grand retour après 3 années sabbatiques. Les records de fréquentation établis par Padayappa tiennent cependant toujours aujourd’hui dans de nombreuses salles du Tamil Nadu.