Phir Bhi Dil Hai Hindustani
Traduction : Pourtant mon cœur est indien
Langue | Hindi |
Genre | Masala |
Dir. Photo | Santosh Sivan |
Acteurs | Shah Rukh Khan, Paresh Rawal, Juhi Chawla, Satish Shah, Johnny Lever |
Dir. Musical | Jatin-Lalit |
Parolier | Javed Akhtar |
Chanteurs | Udit Narayan, Alka Yagnik, Sonu Nigam, Shankar Mahadevan, Ehsaan Noorani, Jaspinder Narula, Abhijeet Bhattacharya, Jatin Pandit |
Producteurs | Shah Rukh Khan, Juhi Chawla, Aziz Mirza |
Durée | 159 mn |
Ce film porte tous les espoirs de trois amis de longue date : Shah Rukh Khan, Juhi Chawla, Aziz Mirza. En 1999 SRK et Juhi sont en pleine gloire, Aziz a tourné avec eux Yes Boss et Raju Ban Gaya Gentleman. Ils décident de se lancer ensemble dans l’aventure de la production, avec Dreamz Unlimited. Voir la news de Madhurifan pour en savoir plus sur cette aventure…
Phir Bhi Dil Hai Hindustani (Pour autant, mon cœur est indien) est leur première production, réalisée par l’un, réunissant les deux autres.
Dans Phir Bhi Dil Hai Hindustani, Ajay (Shah Rukh Khan) est LE reporter - animateur star de télévision des années 90 : playboy volubile, arrogant et amoral, doté d’un ego monumental, il passe plus de temps à gérer son image et ses conquêtes féminines que ses enquêtes, même s’il n’hésite pas à se jeter du 40ème étage pour avoir la primeur de l’info…
Il croise sa consœur Riya (Juhi Chawla) de la chaîne TV concurrente, et décide immédiatement de la séduire. Peine perdue, elle lui préfère sa carrière, ils vont s’affronter pour s’approprier les meilleurs scoops, tous les coups sont permis pour devancer l’autre et s’arroger la vedette. Pourtant ils oublient leur rivalité quand la situation politique se dégrade et qu’ils se trouvent face à des émeutes.
Leur rencontre avec Mohan Joshi (Paresh Rawal), à la fois coupable et victime, leur fait définitivement tourner le dos au star-system. Ils font cause commune pour faire éclater la vérité, se heurtant à leurs patrons respectifs, aux politiciens locaux et à la mafia, utilisant les médias par des moyens détournés, pour sauver Mohan.
Avec "PBDHH", on a deux voire trois films en un : la première heure est une comédie bouffonne qui met en scène un monde clinquant aux couleurs artificielles, où les acteurs cabotinent en chœur. La seconde moitié bascule sans prévenir dans le drame dénonçant les manipulations politiques et les collusions entre médias et pouvoirs, responsables de violences urbaines entre les communautés hindoue et musulmane. On est donc là dans le sérieux et le "film à message". Mais qui se veut aussi film d’action, avec des gangsters caricaturaux, des courses-poursuites et quelques dishum en prime. Sans oublier l’inévitable romance entre les héros.
Certes, l’ensemble est typique du genre masala. Mais à force de vouloir trop en faire, de jouer sur tous les registres, il devient difficile d’adhérer à l’histoire. Il est même difficile pour un spectateur d’aimer le film : soit on aime les comédies et on s’amuse dans la première moitié, en trouvant la seconde trop dramatisante. Soit on aime les drames politiques et on a envie de coller des claques à Ajay toute la première moitié du film. Heureusement que le générique du début est drôle et sympathique, on se dit qu’il doit bien trouver sa justification quelque part, comme le titre du film.
Et puis Juhi est charmante, du début à la fin, et on sent comme une sorte d’apaisement lorsqu’elle est à l’écran, au milieu de l’agitation médiatique frénétique.
Ce qui sauve Phir Bhi Dil Hai Hindustani, c’est qu’on y sent une réelle sincérité, même si elle est parfois maladroite : dans la première partie Ajay répète "I’m the best", mais pour son père professeur cela n’a aucune valeur. Si l’acteur en rajoute autant dans son rôle de vedette de la télévision, c’est bien pour dénoncer ce type de personnage ; il pratique autant l’arrogance que l’autodérision, notamment dans les clips.
Et la dénonciation des manipulations politico-médiatiques n’est pas un prétexte, elle est vraiment au cœur du film, opposant l’honnêteté, la loyauté des petites gens, et les comportements égoïstes et corrompus des puissants.
Paresh Rawal fait beaucoup pour le film, il est très émouvant et son regard est inoubliable. Dès que Mohan apparaît, on change de dimension, on croit à son histoire et on cavale avec Ajay et Riya pour le sauver, il ne peut pas laisser indifférent. Le dénouement est un grand moment d’émotion.
La musique de Jatin-Lalit est très ancrée dans son époque, proche de celle de Yes Boss : des mélodies enlevées, légères, dynamiques, qu’on écoute avec plaisir mais… dont on ne retient pas grand-chose, sauf la chanson-titre : Phir Bhi Dil Hai Hindustani, qu’on retrouve en générique de début et dans le dénouement final, dans deux tonalités différentes, comme les deux facettes du film : l’une légère, l’autre grave. Les clips mettent en scène nos deux héros dans leur contexte médiatique fébrile, avec une bonne dose d’humour, surtout dans Kuch To Bata. Aao Na Aao est plus douce, elle raconte le bonheur et la tragédie de la famille de Mohan. Tu Yaar Tu Hi met en scène toute une troupe de danseurs et danseuses avec SRK et Juhi qui font diversion tandis que Johnny Lever tente d’ouvrir un coffre-fort, effet comique assuré doublé d’une belle énergie. Une seule chanson romantique : Tum Aaye To, où SRK et Juhi dansent dans un décor onirique avec une image joliment travaillée dans des nuances bleu-gris.
PBDHH est au final un film plutôt politique et dénonciateur, mais qui manque de sobriété. En voulant plaire à tous, il n’a plu à personne, ou à trop peu de monde, et il a fait un flop. C’est dommage car le scénario est plutôt original et bien construit. Il reste un film agréable à regarder, à condition d’être sensible à sa sincérité et… d’être fan de Shah Rukh Khan, car le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on l’a déjà vu plus sobre dans sa façon de jouer…
L’histoire est inspirée par deux films américains : His Girl Friday (La Dame du Vendredi) de Howard Hawks de 1940, qui a inspiré également The Front Page (Spéciale Première) de Billy Wilder en 1974, avec Jack Lemmon, Walter Matthau et Susan Sarandon.