Pukar
Traduction : L'appel
Langue | Hindi |
Genre | Film d’action |
Dir. Photo | Baba Azmi, Santosh Sivan, Ashok Mehta |
Acteurs | Madhuri Dixit, Anil Kapoor, Prabhu Deva, Om Puri, Danny Denzongpa, Farida Jalal |
Dir. Musical | A. R. Rahman |
Paroliers | Majrooh Sultanpuri, Javed Akhtar |
Chanteurs | Lata Mangeshkar, Udit Narayan, Sonu Nigam, Hema Sardesai, Shankar Mahadevan, Kavita Krishnamurthy, Swarnalatha, Sujatha, Anuradha Paudwal |
Producteur | Surinder Kapoor |
Durée | 176 mn |
Désobéissant aux ordres de son supérieur Hussein (Om Puri), le major Jaidev Rajvansh (Anil Kapoor) capture à la suite d’une expédition mouvementée le dangereux terroriste Abhrush (Danny Denzongpa), qui jure de se venger. A son retour, Jaidev est accueilli à bras ouverts par son amie d’enfance Anjali (Madhuri Dixit), qui l’aime en secret depuis toujours. Mais Jaidev est amoureux de Pooja (Namrata Shirodkar), au grand désespoir d’Anjali. Ayant réussi à s’évader, Abhrush va profiter de la situation…
Pour sa septième réalisation, Rajkumar Santoshi a choisi de s’attaquer au genre du suspense anti-terroriste. Reprenant le couple principal du film de gangsters Parinda, Anil Kapoor et Madhuri Dixit, il renoue avec sa spécialité : le film d’action. Anil n’est certes pas le protagoniste idéal du genre dans la filmographie du réalisateur, c’est un acteur plus soft qu’un Sunny Deol (Ghayal, Ghatak), ou que les durs à cuire vieillissants de China Gate, nouvelle version des Sept Mercenaires par Santoshi, mais il sait jouer la carte du héros romantique, aidé par la présence de la lumineuse Madhuri Dixit, plus séduisante que jamais et bonne comédienne comme souvent.
Toutefois, le personnage le plus marquant du film est sans conteste celui du terroriste impitoyable interprété par Danny Denzongpa : ce spécialiste des rôles de méchants dans les années 90, qu’il soit opposé à des héros virils comme Amitabh Bachchan (Agneepath) ou Nana Patekar (Krantiveer), est l’acteur fétiche de Santoshi, apparaissant dans 5 films consécutifs du réalisateur ; et s’il était encore meilleur en méchant sadique moustachu dans le néo-western Ghatak, il est ici impeccable, et confirme qu’il est un acteur qui ne déçoit jamais.
Rajkumar Santoshi est également exigeant sur les aspects techniques du film, comme sa photo travaillée, ou bien son sens du cadrage et du rythme. On sent bien d’ailleurs que, s’il trousse la romance des protagonistes tout à fait correctement, il prend surtout du plaisir à multiplier les scènes d’action impressionnantes, variées aussi bien dans leur nature (combats, fusillades, explosions, courses-poursuites) que dans le type de véhicules utilisés (voitures, avion, hélicoptère).
La séquence d’ouverture, où Anil part capturer le méchant, est l’un des sommets du film : après un vertigineux saut en parachute, notre héros et ses hommes partent en expédition dans la neige et sont confrontés aux terroristes, jusqu’à ce que le héros neutralise leur chef dans un combat singulier. Visuellement superbe, cette scène nous rappelle une fois de plus que, loin des matrixeries câblées simili-arts martiaux et autres poursuites de voitures clipées, Santoshi est l’un des derniers défenseurs d’un cinéma d’action traditionnel à Bollywood.
Car il sait éviter les gros effets, son cinéma se rapprochant plus des films américains des années 80. Et si l’aspect « film de commando » de cette séquence est sommaire et ne rivalise pas avec des productions hollywoodiennes, même bien antérieures (Aliens, Predator avaient par exemple modernisé le genre en le mêlant à la science-fiction), la scène du saut en parachute de toute une escouade d’hommes est très bien faite ; on retrouvera une séquence de ce type six ans plus tard dans Don avec Shah Rukh Khan, mais réalisée par effets spéciaux, et copiant bêtement un film occidental (le duel en chute libre entre James Bond et Requin dans le prégénérique de Moonraker).
On peut cependant trouver au film quelques défauts secondaires : dans le genre du thriller anti-terroriste, Pukar est nettement moins parfait que le remarquable Mission Kashmir de Vidhu Vinod Chopra, sorti la même année, un film ambigu qui lui est supérieur sur tous les points (technique, direction d’acteurs, ampleur tragique), à part peut-être pour les séquences d’action. Quant aux clichés du genre, ils sont plutôt bien traités : certes, le scénario ultra-classique, acceptable dans le cadre d’un film commercial, s’empêtre un peu dans un triangle amoureux banal dans la première partie ; en revanche, l’aspect patriotico-militaire évite la grandiloquence nationaliste des thrillers anti-pakistanais (Zameen) et autres films de guerre (Line Of Control).
Pukar est ainsi un film d’action hindi qui échappe à la lourdeur emphatique habituelle. Ce film de genre esthétisant ressemble plus à un film de commande qu’à une oeuvre personnelle de son réalisateur : contrairement à Khakee par exemple, on n’y trouve pas toutes les constantes de son cinéma (film engagé à la Damini, plus récemment Halla Bol ; ambiance de western à la Ghatak). Comme la plupart des films d’action bollywoodiens, celui-ci est un peu trop long et un peu trop masala : est-ce une concession octroyée au producteur ou bien une tentative, hélas manquée, de renouer avec le grand public après l’échec de l’ambitieux China Gate deux ans auparavant ? Pukar accorde en tout cas plus d’importance à l’histoire d’amour et aux chansons que dans ses films précédents, un peu plus originaux.
Cela dit, ne pinaillons pas sur des points faibles mineurs. Avec ce film, Santoshi confirme qu’il est un artisan chevronné en nous livrant un quasi-sans faute : bonne direction d’acteurs, couple glamour, technique impeccable, scènes d’action nombreuses et soignées, rythme fluide de l’ensemble, des qualités qui font de Pukar une belle référence du film d’action hindi par le maître du genre. Ce divertissement haut de gamme plaira donc à tous ceux qui ont découvert le réalisateur en 2004 avec Khakee, un polar musclé pour lequel il mettra la barre encore plus haut.