Quantico – Saison 1
Publié mardi 12 juillet 2016
Dernière modification jeudi 22 février 2018
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▶ | Patrimonito en Inde |
Après avoir conquis le cœur des Indiens et celui des adeptes du cinéma bollywoodien, Priyanka Chopra se lance un défi d’envergure : déployer ses talents et faire évoluer sa carrière sur les marchés internationaux. C’est avec sa voix qu’elle tente une première percée, en collaborant avec Will.I.Am pour son titre In My City, ainsi qu’avec Pitbull pour son tube de l’été 2013, Exotic. La même année, elle prête son organe au personnage d’Ishani dans le long-métrage d’animation des studios Disney, Planes. Mais c’est en 2015 que Joshua Safran, Mark Gordon (producteur d’Esprits Criminels) et ABC Studios lui proposent le projet audiovisuel qui va la révéler au plus grand nombre en Occident : le rôle principal de la série d’espionnage Quantico.
Sur le papier le synopsis semble classique et simple : de jeunes recrues du FBI redoublent d’efforts et de persévérance sur le camp d’entraînement de Quantico, en Virginie, afin d’atteindre et de prouver qu’ils méritent le statut d’agent spécial. Neuf mois plus tard, l’un de ces candidats est suspecté d’avoir commis l’attaque terroriste la plus importante et meurtrière depuis le 11 septembre 2001.
L’affiche de la série nous dévoile explicitement que c’est Alex Parrish, interprétée par Priyanka Chopra, qui est accusée d’être l’auteure du massacre. Malgré les apparences cette dernière est innocente et va devoir se battre pour rétablir la vérité et arrêter le véritable assassin. C’est à travers 22 épisodes de 42 minutes que le spectateur est immergé dans une chasse à l’homme dont l’issue s’annonce incertaine.
L’esprit Quantico
La série s’ouvre sur le réveil de notre héroïne au beau milieu des décombres de Grand Central, gare névralgique de New York City. La situation se met rapidement en place, les nouvelles recrues nous sont montrées brièvement sans divulguer leurs identités. La palette de personnages s’avère être riche et variée, malgré des profils relativement communs : la blonde « superficielle » née dans une famille aisée (Shelby Wyatt), le geek (Simon Asher), le bellâtre prétentieux (Caleb Haas), etc. Assez vite, certains plans suggèrent que chacun d’entre eux s’évertue à protéger des secrets, laissant penser que de nombreux arcs narratifs sont en attente — ne demandant qu’à surprendre le spectateur. Ce sentiment se confirme au fil des épisodes, dans lesquels se mêlent rebondissements, événements parfois malheureusement prévisibles, incertitudes, suspicions et doutes.
L’histoire se développe grâce à plusieurs temporalités qui, dans un premier temps, peuvent réellement perturber sa réception et sa bonne compréhension. En effet, deux lignes temporelles majeures sont à distinguer : le passé, la formation et les entraînements suivis à la FBI Academy de Quantico ; et le présent, l’attentat et ses conséquences. Le scénario nous invite à accompagner Alex dans ses souvenirs, afin de pouvoir dérouler le fil du passé et d’y trouver l’identité du terroriste. De nombreux flashbacks, beaucoup plus lointains, viennent également ponctuer le récit, souvent dans le but de nous révéler la face sombre d’un protagoniste.
Chaque épisode est bâti sur le même schéma : la proposition d’un exercice aux étudiants de Quantico, sa mise en œuvre et les leçons qui en sont tirées (dans le passé) ; puis l’application de celui-ci sur le terrain en conditions réelles (dans le présent). Ce rythme récurrent crée une certaine monotonie dont on peut vite se lasser, faisant même naître la volonté d’abandonner la série.
La série peut cependant compter sur des arcs narratifs suffisamment solides et prenants pour potentiellement fidéliser son audience. Quantico est également l’occasion pour son créateur, d’évoquer des thématiques actuelles, véritables problématiques et fléaux de notre époque.
Le Terrorisme
Vous l’aurez compris, il s’agit là du thème phare et crucial de la série ; et dont l’existence fait effroyablement écho en chacun d’entre nous. Les plans de destruction, révélant l’ampleur des dégâts, ne sont pas si nombreux que cela. Ils ne sont que ponctuels et d’ailleurs ce sont souvent les mêmes, répétés plusieurs fois au fil de la saison. Très vite les attentats du 11 septembre 2011 au World Trade Center (avec ses 3000 morts) sont évoqués. Ce drame est suffisamment fort et marquant pour ne pas avoir recourt à des images qui en rappelleraient l’horreur. Seules des archives furtives sont exposées au cours d’un exercice dans le camp de formation du FBI. Cette date est mentionnée à de très nombreuses reprises, sans jamais avoir d’impacts réels dans la narration. Elle ne fait office que de référence, permettant de cristalliser les enjeux de l’intrigue.
À partir du quatrième épisode, la notion d’« embrigadement » émerge. Les méthodes de recrutement son citées et mettent notamment en lumière le danger que représentent Internet et ses réseaux sociaux. De par sa grande accessibilité, tout le monde peut être touché et voir l’un des siens basculer dans l’intégrisme radical. Que l’on soit averti(e) ou non, il n’est pas aisé d’en distinguer les signes. Cela représente une double pénitence pour les proches : vivre avec la mort d’innocents sur la conscience, mais également perdre un être cher devenu bourreau. Et quand par chance le pire a été évité et que l’embrigadé(e) regagne son cocon familial, comment lui faire de nouveau confiance, le laisser vivre sa vie et s’épanouir ? Quel avenir ont-ils au sein d’une société si durement traumatisée par ces actes ? La série en expose les difficultés, mais ne se risque pas à la proposition de solutions.
Les Médias : entre quête de vérité et sensationnalisme
Il est impossible de concevoir une fiction de ce genre sans évoquer l’omniprésence des médias, notamment audiovisuels. On les observe s’emparer quasi instantanément de l’affaire, friands d’images chocs diffusées en boucle à l’antenne, sans réelles informations ou explications concrètes. Le téléspectateur se retrouve de ce fait bombardé de contenus vidéo sans en comprendre le sens, mais dont la violence et la brutalité suffisent pour le captiver. Il s’agit d’une sorte de voyeurisme qui, aussi malsain soit-il, affecte la majorité d’entre nous au cours d’événements dramatiques. Pour le coup, ce phénomène peut être constaté dans notre société et sonne absolument juste.
De par une quête de sensationnalisme et une prime à l’audience, les médias peuvent devenir un allié pour les équipes du FBI qui n’hésitent pas à s’en servir pour faire céder les proches d’Alex, afin de mettre fin à sa cavale. C’est ainsi qu’est montrée la puissance de ceux-ci, dont on ne remet pas toujours en question la crédibilité et la fiabilité ; au détriment de l’entourage auquel on fait pourtant entièrement confiance.
Cependant, la série nous prouve assez rapidement que ces mêmes médias peuvent rétablir la vérité et laver le nom d’une personne condamnée à tort. Internet se présente comme étant une valeur sûre, avec des journalistes et des rédacteurs soucieux de conserver la confiance de leurs lecteurs. Notion de plus en plus difficile à détenir de nos jours. Les médias font donc office d’unique lien entre le FBI et Alex Parrish au cours de sa fuite ; mais aussi du seul moyen de communication dont elle dispose pour retrouver son honneur.
Une mise en exergue des problématiques américaines
Au fil des épisodes, quelques dénonciations sont faites et méritent d’être soulignées ; elles concernent le mode de vie des citoyens américains, ainsi que les lois qui régentent le pays. Le patriotisme et le racisme sont deux notions qui viennent s’opposer rapidement dans la série, avec un développement plus important pour le second élément cité. Ici aussi, c’est le 11/09/01 qui détermine (selon les personnages) les tensions raciales dont souffre le pays ; pourtant bien plus antérieures. Les individus d’origines maghrébines seraient surveillés de manière accrue, traqués, suspectés sans cesse. Ils seraient tous perçus comme « les monstres qui détestent l’Amérique ». Ce constat ne peut être totalement nié, une part de vrai le compose. Cependant, rien n’est fait pour nous montrer que ces appréciations sont erronées. Les terroristes présents dans la narration viennent du Moyen et du Proche-Orient, ou sont issus de l’immigration. De ce fait, doit-on réellement considérer que cette terrible injustice est véritablement dénoncée ? La question se pose.
On assiste également à un léger survol des tueries de masse tristement célèbres aux États-Unis, ainsi qu’à une remise en question du port d’armes. Elle y est faite par la figure politique du programme : la sénatrice Haas qui, malgré un cours discours empli de colère et d’incompréhension, ne s’engage pas à changer la donne à l’aube de futures élections. D’ailleurs, ces tueries parfois commises par des jeunes au sein de leurs établissements scolaires sont portées, dans la série, par un jeune homme noir… de quoi maladroitement donner du poids à des préjugés déjà existants.
Les violences policières et les techniques d’interrogatoire parfois douteuses sont aussi abordées, tout comme la corruption d’hautes autorités, ainsi que la manipulation de preuves. Leur évocation n’est pas suffisamment approfondie pour en retenir des messages forts ; ces éléments ne semblent être que des moyens pour faire monter la pression et accroître le suspense. Les sectes font également partie des sujets traités brièvement, mais dont le déploiement n’est pas complètement amorcé au cours de cette première saison.
Toutes ces problématiques prometteuses et d’actualités, auraient pu être des bases solides, pertinentes, pour l’évolution de la série et ses personnages ; suscitant une addiction auprès du spectateur. Malheureusement, et c’est ici que réside sans doute ma plus grosse déception, Quantico n’en fait rien (du moins, pour le moment). Elles n’y sont pas creusées, aucune prise de position n’est vraiment distincte, ce qui génère donc un discours relativement neutre et sans réel intérêt.
Vers la Révélation d’une Nouvelle Priyanka ?
Si l’annonce de sa participation à ce projet a pu susciter l’engouement et la joie de certains Indiens, voyant leur actrice fétiche fouler le sol américain, très vite une polémique enfle. Un teaser montre cette dernière dans une voiture avec un homme, après une relation sexuelle. Objectivement, la scène est loin d’être gênante et explicite. Mais il n’en faut pas plus pour que la jolie brune entende des critiques et remontrances s’élever en Inde. Il est bon de rappeler qu’il s’agit d’une série américaine, dont les codes sont diamétralement opposés à ceux que l’on peut trouver à l’étranger. Alex Parrish est donc présentée comme une femme totalement décomplexée et libre quant à sa sexualité, n’hésitant pas à avoir de nombreuses conquêtes. Ses origines indiennes ne sont d’ailleurs pas travaillées dans la narration ; de ce fait les traditions, les mœurs et les croyances sont occultées.
Cependant, Priyanka représente véritablement l’étincelle du programme et rayonne dans celui-ci. Sa beauté crève l’écran. Sa voix ensorcelle. Elle y expose l’étendue de ses talents et donne une intensité, une saveur particulière à la série.
Critique Presse
Critique Spectateurs
Comme vous le constatez, les avis sont mitigés et partagés. Par chance, vous allez pouvoir vous faire votre propre opinion dès ce soir, puisque M6 diffuse en exclusivité Quantico en VF et VOST en prime time !
Selon vous, qui sera le « cerveau » de ces attentats ?
[1] cf. AlloCiné // https://www.washingtonpost.com/grap…
[2] cf. AlloCiné // http://variety.com/2015/tv/reviews/…
[3] cf. SériesAddict.fr // http://seriesaddict.fr/Quantico/132…
[4] cf. SensCritique.com //http://www.senscritique.com/serie/Quantico/critique/73310859