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Raja Hindustani

Traduction : Le roi indien

Bande originale

Poocho Zara Poocho
Aaye Ho Meri Zindagi Mein (Male)
Aaye Ho Meri Zindagi Mein (Female)
Kitna Pyaara Tujhe Rab Ne
Pardesi Pardesi (I)
Pardesi Pardesi (II)
Tere Ishq Mein Nachenge
Pardesi Pardesi (Sad)

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La critique de Fantastikindia

Par Maya - le 9 août 2005

Note :
(6/10)

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Raja Hindustani propose au premier abord une histoire ultra-classique : Aarti, (Karisma Kapoor) est citadine et unique héritière d’un père fortuné, Raja Hindustani (Aamir Khan) vit à la campagne, il est orphelin et chauffeur de taxi. Malgré leurs différences, ils s’aiment et veulent se marier, le papa n’est pas d’accord, la méchante belle-mère manigance pour s’approprier l’héritage. Comme ce scénario menace quand même d’ennuyer sérieusement le spectateur moyen, le réalisateur Dharmesh Darshan y adjoint non pas un, non pas deux, mais oui, trois comiques ! Une actrice masculinisée et un acteur féminisé en guise de gardes du corps de l’héritière, et Johnny Lever en chauffeur de taxi sikh et syndicaliste. Ce qui nous vaut une série de scènes complètement surjouées dont on se serait bien passé.

Alors on aurait tendance à arrêter assez rapidement le DVD… Ce serait dommage ! Car sous ses dehors schématiques, pour ne pas dire caricaturaux, ce film nous apporte une réflexion intéressante sur l’amour maternel, ou plus précisément sur les dégâts que peut provoquer l’absence d’amour maternel. Il nous montre à quel point des adultes qui n’ont pas connu l’amour d’une mère peuvent tomber dans tous les panneaux parce qu’ils n’ont pas assez confiance en eux, ni en l’amour. Raja et Aarti sont de véritables handicapés de la vie. Là où n’importe qui (vous, moi !) prendrait évidemment la bonne décision, eux se fourvoient, s’emportent, font confiance à des gens visiblement tordus, croient trop facilement dans la trahison de l’autre… Ils manquent de force, de ces repères qui produisent des adultes équilibrés.

On peut apprécier Aamir Khan qui met toute la fougue de sa jeunesse dans l’interprétation de ce personnage immature, extrême. Il a ce regard traqué, prêt à n’importe quelle violence, même si la menace est dérisoire, qu’ont certains gamins dans une cour de récréation… Le jeu de Karisma Kapoor est plus stéréotypé, mais elle sait aussi s’abandonner et s’effrayer de son abandon, douter et s’effrayer de son doute, tout cela sans une seule parole, ou en ayant un discours en contradiction flagrante avec son regard. On sent les acteurs très investis dans leurs rôles.

Raja Hindustani réserve, au-delà des scènes convenues, de belles émotions, comme cette scène d’orage où Aarti et Raja oublient les convenances (sans doute un des premiers baisers de l’histoire de Bollywood !), comme cette célèbre chanson chorégraphiée, Pardesi pardesi jana nahi, qui a fait beaucoup pour le succès du film à sa sortie, où les danseuses tziganes (ou équivalent) expriment superbement l’exubérance de l’amour face aux conventions engoncées dans les tristes costumes occidentaux des héros. Comme cette scène où Aarti met sa belle-mère face à ses responsabilités, enfin… Il réserve aussi, il faut le dire, certaines scènes aberrantes avec un bébé, qui serait beaucoup mieux dans son berceau.

La musique est signée Nadeem Shravan, mais en dehors de cette mémorable chanson, Pardesi pardesi jana nahi, rien ne retient vraiment l’attention. Les clips sont très nombreux, neuf au total ! Dont quatre ou cinq franchement superflus, sans grande qualité au niveau musical ou chorégraphique, qui ne font qu’alourdir le film.

Raja Hindustani a raflé en 1996 les Filmfare Awards du meilleur film, du meilleur acteur, de la meilleure actrice et de la meilleure musique. On peut y voir une année particulièrement indigente par ailleurs. On peut aussi y voir le succès populaire d’un film qui permet aux humbles de l’Inde profonde de donner des leçons de morale et d’amour aux nantis citadins occidentalisés.


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