Sanda Kozhi
Traduction : Combat de coq
Langue | Tamoul |
Genres | Film d’action, Masala |
Dir. Photo | Nirav Shah, Jeeva |
Acteurs | Vishal, Meera Jasmine |
Dir. Musical | Yuvan Shankar Raja |
Paroliers | Pa. Vijay, Yugabharathi, Na. Muthukumar, Thamarai |
Chanteurs | Shreya Ghoshal, Shaan, Chinmayee, Karthik, Vijay Yesudas, Ranjith, Sriram, Sujatha, Ganga, Jassie Gift |
Producteur | Vikram Krishna |
Durée | 135 mn |
Apres l’échec de Ji le réalisateur Linguswami revient au genre qui l’a fait connaître et qu’il maîtrise le mieux. Dans la lignée de son film Run, sa nouvelle réalisation est donc un masala d’action avec tous les codes traditionnels du genre. Mais contrairement à Run qui était totalement urbain, Sanda Kozhi se déroule essentiellement dans les villages de la campagne tamoule.
Après quatre longues années à étudier à Chennai, Balu (Vishal) a enfin obtenu le diplôme tant convoité. Il part passer les vacances dans la famille de son camarade de classe Karthik, à Chidambaram. Il s’éprend de sa petite sœur Hema (Meera Jasmine) et découvre une ville complètement sous la coupe du caïd local : Kaasi. Depuis des dizaines d’années il fait la pluie et le beau temps, personne n’osant s’opposer à sa barbarie.
Juste au moment de rentrer chez lui, Balu tombe sur Kaasi en train de maltraiter quelqu’un et lui met une raclée sur la place publique. Humilié, déshonoré, le Caïd déchu en quête de vengeance se rend sur les terres de la famille de Balu près de Madurai. Oui mais voilà, Balu appartient à un clan encore plus puissant, craint et respecté, que celui de Kaasi !
La trame de l’histoire est sur le fond assez classique. On y retrouve les sujets et codes visuels des films de village, mais celui-ci se distingue par ses emprunts à l’esthétique et aux codes du western.
La première partie où le héros arrive dans une ville inconnue et se frotte au grand bandit local est un schéma récurrent du genre, elle donne le ton du film. La campagne tamoule avec ses immenses champs de canne à sucre où on se perd. Les champs en friche sillonnés de lignes de chemin de fer. Les petits villages inondés de soleil parcourus de dédales de rues où on attend le bus comme on le ferait d’une diligence. Le héros se déplaçant à moto tel un cow-boy solitaire à cheval… jusqu’au final, véritable duel avec le vent soulevant la poussière, nous sommes du début à la fin dans un western indien moderne. Les cadrages stylisés soulignent ce parti-pris, notamment l’usage appuyé des plans américains.
Run valait surtout pour ses scènes d’action urbaines et sa mise en scène sèche. Sanda Kozhi, dont le titre pourrait se traduire par ‘combat de coq’, en référence au clash entre les deux clans, est techniquement encore plus soigné, mais exclusivement rural et ne se résume pas à un enchaînement de combats.
Linguswamy a fait de gros progrès en écriture. Les personnages sont plus soignés - et pas seulement le Héros - mais surtout le scénario dans son ensemble est plus posé et beaucoup plus rigoureux. Cette fois il mêle habilement la romance à l’action, grâce au personnage de Hema dont la place est assez importante pour apporter de la crédibilité à leur relation et contrebalancer la brutalité de certains passages. Meera Jasmine, une des plus grandes actrices actuelles du Sud a une présence qui fait écho à celle de Vishal.
Son personnage de garçon manqué hystérique qu’elle interprète à la perfection, est particulièrement attachant et apporte un vent d’air frais bienvenu. Il est vraiment appréciable de voir un film masala où tout n’est pas centré sur un Héros tout puissant. Vishal n’est qu’une partie de l’histoire, les autres personnages ont des rôles tout aussi consistants sinon plus. Le personnage du méchant, interprété par l’acteur malayalam Lal, est particulièrement savoureux.
Durai (Rajkiran), le père de Balu, est un personnage intéressant (un peu dans la lignée de Thevar Magan), à la fois chef de village intraitable et père attentionné qui essaye de protéger son fils de la violence. L’idée intéressante, est qu’il protège tellement son fils qu’il l’empêche de se battre, jusqu’au final où il explose. Cela nous change des masala où le héros se bat à la première occasion.
Techniquement Sanda Kozhi est bien maitrisé. La photographie très soignée apporte une touche de classe à cette histoire. L’esthétique western est bien rendue, notamment les scènes finales dans les champs en friche brûlants de soleil et les scènes de planque façon commando dans les champs de cannes à sucre. Les bagarres sont réussies. Elles mélangent des combats typiquement tamouls à d’autres plus acrobatiques et câblés façon kung-fu. Les effets numériques, sont réussis et bien intégrés, ce qui est à souligner. Le final avec la poussière tourbillonnant autour des duellistes semble vraiment naturel, de même que les différents effets discrètement disséminés tout au long du film.
Comme il s’agit d’un film de village la musique se compose logiquement de chansons folkloriques populaires. Le cadre rural donne lieu à de belles mises en image, notamment la chanson filmée devant le temple de Madurai. Les quelques chansons romantiques mélodiques sont les plus réussies du lot. On retiendra surtout la très belle Devanipota Dipavali superbement mise en image pendant la fête des lumières.
Linguswamy est un des spécialistes dans le genre masala « new age », capable de faire des films de divertissement très actuels mais dans le plus pur style masala. Sanda Kozhi est une de ses réussites, divertissement efficace qui distille tout les ingrédients requis (jolie romance, valeurs familiales, et action) il vaut le détour pour ses influences western originales.
Le film a lancé la carrière de Vishal dont c’était seulement le second film. Il a depuis confirmé dans d’autres films d’action à succès comme le récent Thimiru.