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Sarfarosh

Traduction : Rebelle

LangueHindi
GenrePolar
Dir. PhotoVikas Shivraman
ActeursAamir Khan, Naseeruddin Shah, Sonali Bendre, Mukesh Rishi
Dir. MusicalJatin-Lalit
ParoliersSameer, Indeevar, Nida Fazli, Israr Ansari
ChanteursKumar Sanu, Alka Yagnik, Sonu Nigam, Jagjit Singh, Roop Kumar Rathod, Aamir Khan, Kavita Krishnamurthy
ProducteurJohn Mathew Matthan
Durée166 mn

Bande originale

Hoshwalon Ko Khabar Kya
Is Deewane Ladke Ko
Jo Haal Dil Ka
Meri Raaton Ki Neendein Uda De
Yeh Jawani Hadh Kar De
Zindagi Maut Na Ban Jaye

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La critique de Fantastikindia

Par Gorkita, Soniya - le 12 mars 2006

Note :
(8.5/10)

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L’avis de Soniya :
En plein désert du Rajasthan, sur un air plutôt entraînant (Zindagi Maut Na Ban Jaye), des chameaux sans chameliers mais chargés de sacs traversent les dunes au soleil couchant et arrivent à l’entrée d’un village. Des hommes les attendent. Un gros plan montre le contenu des sacs : des armes. Une main empoigne fermement l’une d’elles. Arrêt sur image où le générique commence, comme pour insister sur ces armes et la violence qu’elles engendrent, au centre de l’histoire. Le film reprend et, toujours sur le même air entraînant, l’arme va passer de main en main, nous faisant découvrir la filière d’importation des armes en Inde et ses trafiquants. Ainsi, dès les premières minutes, d’une manière originale et légère, les méchants de l’histoire nous sont présentés … Et des méchants, il y en a ! Entre Ram Bandhu Gupta l’astrologue, l’infâme Sultan, Shina l’homme à la moto, Bala Thakur le parrain local et Veeran le chef de tribu… Puis la musique s’arrête et la légèreté prend fin, avec l’attaque sanglante d’un bus de civils à Chandrapur, par les hommes d’une tribu locale armés de mitraillettes flambant neuves. Ainsi sera l’atmosphère de Sarfarosh : légèreté et noirceur vont se côtoyer pendant tout le film.

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Des civils victimes d’un trafic d’armes…



Les policiers zélés et incorruptibles de la « Mumbai Police Crime Branch » débarquent à Chandrapur, en mission pour leur chef Rathod. Pendant ce temps, à Mumbai, le jeune Ajay Singh, dont le sourire n’a d’égal que le charme qu’il dégage (je veux bien sûr parler d’Aamir Khan), retrouve son amour d’adolescence, Seema (Sonali Bendre), lors d’un concert du fameux Gulfam Hassan (Naseeruddin Shah). Cet illustre chanteur pakistanais est né en Inde, mais sa famille musulmane a dû quitter la maison de ses ancêtres lors de la partition. L’artiste œuvre depuis pour le rapprochement de ses deux pays, avec des phrases telles que : « Dans l’amour, l’homme transcende les frontières ». Une chaleureuse amitié s’établit entre les deux hommes.

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Le jeune Ajay admirant le célèbre chanteur Gulfam



On apprend bientôt qu’Ajay Singh et Rathod ne font qu’un. Le jeune commissaire auxiliaire s’attelle donc à l’enquête sur l’attaque du bus de Chandrapur. Il commence par traquer le parrain local, puis oriente ses recherches vers les bas-fonds de Mumbai, secondé par l’inspecteur Salim (Mukesh Rishi).

Sarfarosh mêle adroitement différentes histoires dans une même trame grâce à la qualité de son scénario, signé par le réalisateur du film, John Mathew Matthan. Tout d’abord une « love story » qui, si elle n’a pas un rôle central, s’intègre parfaitement dans l’action. La rencontre initiale est expédiée, mais avec une certaine finesse, dans un très beau flash back lors de la chanson Hoshwalon Ko Khabar Kya. Pas de complication ici, et si Ajay fait semblant de ne pas savoir où veut en venir Seema, le spectateur sait dès le début que le charme va opérer, ce qui nous donne droit a une jolie scène de séduction inversée, comme Bollywood sait si bien le faire, sur la chanson Is Deewane Ladke Ko. Vers la moitié du film, une dernière chanson d’amour, Jo Haal Dil Ka, donne lieu à un magnifique clip. Ah ! Aamir et Sonali, au milieu de cascades ou sous une pluie battante, dans leur chemise et sari mouillés… L’amour et la passion semblent presque douloureux…

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Seema, une amoureuse malmenée…




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…et Seema, une amoureuse comblée



Aamir ainsi casé, les choses sérieuses peuvent commencer. Car Sarfarosh est avant tout une intrigue policière gratifiée de quelques chouettes scènes d’action, brutes et réalistes. L’on est vite passionné par cette histoire complexe mais cohérente, où la police de Mumbai remonte adroitement tout un réseau de trafiquants d’armes, plongeant dans les bas-fonds et les bars glauques (notamment avec la chanson Yeh Jawini Had Kardi), enchaînant poursuites de voitures, fusillades et bagarres aux poings. Comme dans tout bon « polar » il y a beaucoup de morts, mais quelques belles scènes également comme la planque et la tentative d’arrestation musclée dans un bar.

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Dans les bas-fonds de Mumbai



Mais Sarfarosh ne prend pas ses spectateurs pour des idiots et gagne une certaine profondeur en alliant action et réflexion sur la politique et la religion. L’amitié relie des hommes de religions et de pays différents. Ajay l’hindou et Salim le musulman ont la même nationalité, mais l’Inde ne semble pas les traiter de la même manière : Salim est un patriote qui ferait n’importe quoi pour son pays, mais son statut de musulman en fait un officier de seconde zone et le film n’élude pas le problème. Ajay l’Indien et Gulfam le Pakistanais deviennent amis grâce à leur amour de la musique, mais cette amitié peut-elle survivre à cinquante ans de tension politique entre ces pays ? Peut-elle survivre quand des Pakistanais se réjouissent des troubles qui ont lieu en Inde ? Car Veeran a armé sa tribu avec l’aide des « services secrets pakistanais », précisément pour que ce « terrorisme interne » déstabilise l’Inde. Et si certains font du trafic d’armes uniquement pour l’argent, ils ne sont que des pions dans une bataille qui les dépasse, et sont d’ailleurs éliminés sans scrupule lorsqu’ils deviennent gênants ou tombent aux mains de la police.

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Des trafiquants au futur incertain



Ce qui rend Sarfarosh encore plus sympathique, c’est qu’il réussit, tout en mêlant le Pakistan à l’intrigue policière, à ne pas stigmatiser ce pays : il plaide pour un patriotisme où toutes les religions trouveraient leur place, renvoyant dos à dos ceux qui attisent les haines.

Le film se termine dans un palais du Rajasthan lors d’un festival de musique indo-pakistanaise, avec la chanson Meri Raton Ki Neendien Uda De, sympathique et rythmée. Les masques tombent, les ravages de la partition sont montrés du doigt, Gulfam disait au début de l’histoire qu’il avait deux pays, mais en fait il se sent apatride, toujours considéré au Pakistan comme un « mohajir », un refugié, et non comme un Pakistanais. Un très beau dialogue se déroule entre Ajay et Gulfam, le premier plaidant pour l’unité d’un pays et la fin des divisions religieuses, l’autre écumant de haine et refusant de laisser se refermer la blessure subie par les populations d’Inde et du Pakistan il y a cinquante ans.

Aamir est conforme à son surnom dans ce film : il est parfait, alors qu’il doit jongler entre deux registres. Légèreté de son personnage à certains moments, presque enfantin, et dureté du commissaire dans d’autres scènes. Il semble très à l’aise dans toutes les situations, qu’il récite de la poésie, mange des fleurs, danse le twist, ou qu’il se transforme en « action man », courant après les méchants, jouant du flingue et se battant - même avec un pied dans le plâtre. Il est celui dont le frère et le père ont dû subir la violence sans pouvoir se défendre, et il a décidé de se « sacrifier » en s’engageant dans la police pour essayer d’éviter que les armes et la barbarie ne fassent d’autres victimes. Il dégage une sorte de force tranquille.

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Un Aamir étonnant !



Face à lui, la belle Sonali Bendre apporte « la » touche de glamour du film, qui en est assez éloigné par ailleurs ; elle joue d’une manière charmante cette jeune femme sûre d’elle, piquante, spontanée et bavarde. Naseeruddin Shah dans le rôle du chanteur de ghazal délivre également une belle prestation d’homme ambigu, à la fois capable de poésie et d’humanité, mais qui cache également des abîmes de noirceur (dans la scène finale, il est formidable). Mukesh Rishi, en inspecteur Salim, est lui aussi remarquable : il joue le flic expérimenté, le dur au cœur tendre, musulman profondément indien qui montre une sensibilité à fleur de peau quand on le soupçonne de mal faire son travail et de ne pas aimer son pays. Sarfarosh offre également une galerie de seconds rôles assez magnifiques, surtout en ce qui concerne les méchants, tous impressionnants. Enfin, les chansons de Jatin Lalit sont très agréables, seules deux sont exploitées de façon classique avec clip et chorégraphie, les autres sont plutôt habilement intégrées au fil de l’histoire, ce qui ajoute à leur charme.

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Mukesh Rishi et Aamir Khan : deux flics qui s’affrontent



Sarfarosh est sorti en 1999, mais le thème reste d’une grande actualité, comme en témoignent le documentaire Le Cauchemar de Darwin, sorti en 2005 et, plus récemment encore, le film américain Lord of War qui se sont aussi intéressés au trafic d’armes. Ces films cherchent à démontrer comment ce trafic, organisé par les puissants, ne fait de victimes que parmi les humbles et les innocents. Comme le montre Lord of War dans son très réussi générique de début et comme le dit Ajay dans son hallucinante tirade de fin, « Les balles ne choisissent pas leur cible. »

Note de Soniya : 9/10

L’avis de Gorkita :

Le terrorisme a servi de toile de fond à de nombreux films indiens, pour le meilleur et pour le pire. Dans les réussites, on cite nécessairement les œuvres de Mani Ratnam Roja et Dil Se, et dans les échecs, on trouve par exemple Qayamat et une partie de la filmographie de Sunny Deol. Quelque part entre les deux, plutôt vers le haut du tableau, sont logés Sarfarosh et Mission Kashmir. Sarfarosh traite du terrorisme avec une efficacité certaine, mais le film de John Mathew Matthan n’est cependant pas dépourvu de défauts.

La famille du héros, Ajay Singh Rathod (Aamir Khan) a été déchirée par une sanglante attaque. Il y perd son frère, son père subit de lourdes séquelles. Des années plus tard, au sein de la police de Mumbai, Rathod est amené à enquêter sur un trafic d’armes alimentant terroristes et criminels. Les services secrets pakistanais semblent être à la tête du réseau.

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Rathod, le flic



Les personnages sont fort bien servis par une caractérisation développée qui leur donne chair, l’interprétation d’Aamir, jamais forcée, est particulièrement réaliste. Dans le rôle pourtant mineur de la dulcinée de Rathod, Sonali Bendre livre une prestation honorable même si sa romance avec Aamir paraît parfois inutile. Comme à son habitude, Naseeruddin Shah excelle dans le rôle du chanteur de ghazal Gulfam Hassan. Son personnage, partagé entre les deux côtés de la frontière, apporte au film une touche de nuance salvatrice.

Je ne partage en effet pas totalement l’avis de Soniya sur ce point. Sans sombrer dans les délires ouvertement anti-pakistanais d’autres productions, Sarfarosh n’évite malheureusement pas une certaine partialité. Le Pakistan est clairement montré du doigt comme armant en sous-main la mafia indienne et autres agitateurs dans un but de déstabilisation du pays… En revanche, le réalisateur John Mathew Matthan prend soin d’éviter de stigmatiser une des communautés indiennes : dans Sarfarosh comme dans la vie, on rencontre des bons et des c*** dans chacune des religions. Volonté illustrée, par exemple, par le personnage du flic musulman Salim qui donne à Mukesh Rishi l’occasion de prouver son talent dans un rôle enfin différent des méchants qu’il incarne souvent.

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Sonali, Aamir et le réalisateur John Mathew Matthan



Voilà pour le fond ; concernant la forme, la réalisation est sobre (presque trop) et le montage, efficace. La musique de Jatin-Lalit est agréable à écouter, et les parties chantées sont bien mises en images, mêmes si elles surgissent parfois de manière inopinée. Les scènes d’action sont fort convaincantes et font de Sarfarosh non seulement un film intelligent et efficace, mais aussi un bon divertissement.

Au final, même si je n’en partage pas certains partis pris, ce premier film de John Mathew Matthan était donc très prometteur. Malheureusement, le réalisateur n’a pas transformé l’essai avec sa deuxième œuvre, Shikhar, petit film sans grand relief avec Ajay et Bipasha, sorti début 2006. On se consolera donc en revisionnant Sarfarosh, devenu entre temps un classique du film d’action Made in Mumbai.

Note de Gorkita : 7,5/10

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