Sethu
Langue | Tamoul |
Genre | Drame |
Dir. Photo | R. Rathnavelu |
Acteurs | Vikram, Sivakumar, Sriman, Abitha, Mohan Vaidya, Bharathi |
Dir. Musical | Maestro Ilaiyaraaja |
Paroliers | Palani Bharathi, Arivumathi, Ponnadiyan, Mu Metha |
Chanteurs | Swarnalatha, Sujatha, Unnikrishnan, Maestro Ilaiyaraaja, Kovai Kamala, Arun Mozhi, S. N. Surendar |
Producteur | V. A. Durai |
Durée | 131 mn |
Sethu est le premier film du réalisateur Bala. Il a obtenu la reconnaissance de tous avec son chef-d’œuvre Pithamagan, mais c’est avec Sethu qu’il a débuté dans la réalisation. Tourné avec une économie de moyens maximale et des acteurs de second plan, c’est l’archétype du petit film indépendant qui compense le manque de moyens par de bonnes idées.
Sethu est un voyou qui va au lycée pour se battre et racketter plus que pour étudier. Mais un jour il s’éprend d’une nouvelle élève, la belle et innocente Abitha, issue d’une famille brahmine traditionnelle. Pour ses beaux yeux il décide de rentrer dans le rang. C’est sans compter les bandes rivales qui vont en profiter pour se venger de lui.
Le scénario est dans un premier temps très classique : le voyou qui décide de rentrer dans le rang pour les beaux yeux d’une fille, est un lieu commun du cinéma indien. Mais il est plus surprenant dans une seconde partie où tout bascule dans le tragique. Dès lors on s’achemine vers un final qu’on devine, mais qui malgré tout parvient à nous surprendre.
La qualité de la mise en scène fait la différence. Malgré quelques concessions commerciales, elle est simple et sobre, évitant les excès aux moments les plus importants pour faire preuve d’une sensibilité d’autant plus efficace. Si on retrouve bien les éléments commerciaux classiques (héroïsme, chansons et danses), ce qui prévaut est un drame d’une sincérité rare, qui plonge peu à peu dans une tristesse et une mélancolie communicatives.
On le doit au casting de qualité, composé de seconds rôles expérimentés et de jeunes acteurs prometteurs. Sivakumar en beau-frère de Sethu et les amis de sa bande sont convaincants. Mais c’est Vikram dans le rôle-titre qui crève littéralement l’écran. Son jeu naturel donne une crédibilité de tous les instants à son personnage. Qu’il soit voyou, amoureux, ou bascule dans la folie, son comportement et son regard évoluent avec un naturel et une sincérité bouleversants, qui trouvent leur point culminant dans les scènes finales. Abitha, qui lui donne la réplique, est aussi très convaincante et naturelle. Elle interprète de manière classique mais efficace un rôle dont la fragile simplicité est à la fois la force et la faiblesse, face à un personnage principal qui en impose.
Les caractères sont bien écrits, dotés d’une profondeur et d’une psychologie assez élaborée, surprenante pour un premier film. Le personnage de Sethu est un croisement habile du bad boy typique des films d’action masala et du héros tourmenté et fragile des films plus sentimentaux.
La musique d’Illayaraja contribue également à l’impact du film même si elle est desservie par certaines concessions commerciales. Il est flagrant que la plupart des chansons ont été placées pour satisfaire les quotas : très moyennes et chorégraphiées sans imagination, elles s’intègrent inégalement dans la narration. On s’en serait passé. En fait on retiendra surtout la chanson triste Enge Sellum, portée par la voix déchirante du maestro en personne, de superbes paroles et une orchestration au cordeau. Elle résume magnifiquement le destin tragique du personnage et son thème musical revient hanter l’atmosphère pesante du final. La musique de fond est également une belle réussite.
En somme, Sethu est un premier film réussi, même s’il n’est pas exempt de défauts. Il se distingue essentiellement par le style déjà très affirmé de son jeune réalisateur Bala, qui donne au film une vraie personnalité, capable de tirer vers le haut un sujet a priori peu original grâce à son écriture.
D’abord projeté dans un seul petit cinéma de quartier, le film a bénéficié d’un bouche-à-oreille stupéfiant. Au bout de quelques jours il passait dans plusieurs salles, au bout d’une semaine dans un grand cinéma en centre ville, et au final il est resté plus de 100 jours à l’affiche dans les plus grandes salles de Madras ! Un fait unique pour un film aussi peu commercial.
Il a été l’un des succès-surprises de l’année 1999 et a lancé les carrières de son réalisateur et de son acteur principal, Vikram.
Sethu a fait l’objet d’un remake à Bollywood : Tere Naam. Moins réaliste, plus glamour et dramatique, Salman Khan y reprenait le rôle tenu par Vikram.