Taxi No 9211
Langue | Hindi |
Genre | Comédie dramatique |
Dir. Photo | Kartik Vijay |
Acteurs | John Abraham, Nana Patekar, Sameera Reddy, Sonali Kulkarni |
Dir. Musical | Vishal-Shekar |
Paroliers | Vishal Dadlani, Dev Kohli |
Chanteurs | Bappi Lahiri, Sunidhi Chauhan, KK, Lata Mangeshkar, Udit Narayan, Sonu Nigam, Shekhar Ravjiani, Gurdas Mann, Harshdeep Kaur, Shaan, Adnan Sami, Kunal Ganjawala |
Producteur | Ramesh Sippy |
Durée | 116 mn |
Réalisé par l’auteur de l’efficace film de prison Deewaar, Taxi No 9211 met en scène deux personnages au bout du rouleau : Raghav Shastri, un chauffeur de taxi désabusé (Nana Patekar) et son passager, un jeune homme d’affaires arrogant (John Abraham). Un accident de la route en apparence anodin va les faire basculer dans une lutte sans merci…
Quelques mois seulement après Bluffmaster, l’excellent Nana Patekar retrouve le producteur Ramesh Sippy pour le remake du thriller Dérapages Incontrôlés, avec Samuel L. Jackson et Ben Affleck. Contrairement à beaucoup de remakes hindis de films américains, qui accentuent en général l’aspect commercial du film original (on pense tout de suite à Kaante, une version délirante de Reservoir Dogs dans laquelle les braqueurs exécutent un numéro de comédie musicale dans leur repaire), Taxi No 9211 opte pour le réalisme, avec une photographie terne et des comédiens relativement sobres.
Et pourtant, ce qui s’annonçait comme un suspense ébouriffant penche vite vers le film noir, privilégiant le portrait croisé de deux losers
dans la jungle urbaine de Bombay, avec un duo d’acteurs crédible, bien que le rôle stéréotypé de John Abraham puisse agacer. Le problème, c’est que le fil conducteur du film, qui oppose ces deux hommes dans une lutte à mort pour un simple motif de vengeance réciproque, semble complètement plaqué sur cet arrière-plan naturaliste ; le réalisateur hésite constamment entre scènes touchantes (Patekar avec sa femme, son fils), qui sentent le vécu mais sur lesquelles il ne s’attarde pas assez, et scènes d’action surdramatisées et peu convaincantes dans lesquelles l’un des deux héros tente d’assassiner l’autre. Notons tout de même une bonne scène de bagarre annexe entre Nana Patekar et une bande de quidams, où l’énergique quinquagénaire n’est visiblement pas doublé.
Mais il y a d’autres raisons de voir le film : d’abord la narration en voix
off de Sanjay Dutt au début ; c’est toujours un plaisir d’entendre sa voix
chaleureuse et gutturale, si caractéristique. Puis les chansons du duo en
vogue Vishal-Shekhar, rares mais efficaces, qui raviront tous ceux qui ont aimé leur morceau « Right Here Right Now » de Bluffmaster, un must de dance indienne. Cependant, le meilleur moment de ce lointain remake est sa fin, où il sort de l’ornière toute faite creusée par le film original : de manière tout à fait incongrue, le réalisateur se lance dans les dix dernières minutes dans un masala traditionnel, enchaînant une apparition tout à fait gratuite de Priyanka Chopra, pendant l’épilogue, avec une chanson des acteurs principaux pendant le générique de fin, sans lien avec l’histoire, dans laquelle Patekar nous confirme qu’il a toujours la classe, même affublé de déguisements fantaisistes (il y apparaît en pirate, en cow-boy contrebassiste !). Cette rupture totale avec le réalisme global du film n’a aucune pertinence, mais ne surprend pas vraiment, le mélange des genres étant la spécialité de Bollywood, généralement mieux réussi que les films respectant les codes d’un genre unique.
Grâce à une belle brochette d’acteurs, Taxi No 9211 se regarde en tout cas sans ennui, et sa relative originalité ainsi que sa fin jubilatoire en font un film agréable, bien qu’improbable.