Teesri Manzil
Traduction : Troisième étage
Langue | Hindi |
Genres | Thriller, Comédie romantique |
Dir. Photo | N. V. Srinivas |
Acteurs | Shammi Kapoor, Asha Parekh, Helen, Iftekhar |
Dir. Musical | R. D. Burman |
Parolier | Majrooh Sultanpuri |
Chanteurs | Asha Bhosle, Mohammad Rafi |
Producteur | Nasir Hussain |
Durée | 145 mn |
A Musoorie, une jeune étudiante, Rupa, est retrouvée morte. Elle s’est jetée du troisième étage d’une pension pour étudiantes, peu après avoir été rejetée par celui qu’elle aimait, Rocky, le batteur-star du groupe de l’hôtel. Évidemment, tout accuse ce Rocky bien qu’il n’y ait aucune preuve. La sœur de Rupa, Sunita (Asha Parekh), profite d’un match de l’équipe de hockey de son université contre celle de Musoorie pour rencontrer ce Rocky et si possible le confondre pour qu’il finisse sa vie en prison. Dans le train, elle fait la connaissance d’Anil, qui se rend aussi à Musoorie. Ils finissent par tomber amoureux. Mais Anil (Shammi Kapoor) n’est nul autre que Rocky… Lorsqu’il apprend les intentions de Sunita, il cache son identité et fait tout pour prouver son innocence.
Teesri Manzil (qui signifie "troisième étage") est un mélange assez adroit de comédie romantique et de whodunit (c’est-à-dire ces films où on cherche le meurtrier).
Ce mélange est dû à l’association sur ce film de deux personnalités importantes du cinéma hindi de l’époque, Nazir Hussein et Vijay Anand. Le premier, producteur mais aussi scénariste à succès, a élaboré tout le concept, donnant en quelque sorte le volant au second, qui n’a qu’à piloter jusqu’à destination le véhicule. Vijay Anand s’acquitte brillamment de la tâche, sans se départir de son style bien caractéristique. On le voit dès les premières secondes du film où l’on découvre la scène de crime filmée de nuit, de manière particulièrement glauque et stressante. Plus tard, le film adopte un ton beaucoup plus léger, on passe à la comédie romantique lorsqu’Anil/Rocky essaie de séduire Sunita. Mais le crime de départ ramène assez vite l’histoire vers l’inquiétante énigme. Les deux domaines sont plutôt bien équilibrés, même si la romance a tendance à s’éterniser dans le plus pur style Nazir Hussein (comme si le temps s’arrêtait et l’enquête avec), mais les passages de suspense sont magistralement maîtrisés, et portent quant à eux la patte Vijay Anand.
C’est cette alternance qui rend si spécial Teesri Manzil, un mélange des genres plutôt réussi. A la fois plaisant et parfaitement stressant, il nous tient en haleine tout du long avec force rebondissements, fausses pistes et poursuites effrénées.
Teesri Manzil est un divertissement efficace qui doit beaucoup à la musique formidable de RD Burman. Pour la première fois, le compositeur, qui œuvrait jusque-là dans un style Bollywood plus conventionnel de l’époque classique, se lance dans le crossover jazz-rock, voire yéyé. La BO fourmille de classiques impérissables qui ont depuis fait école. Ho Haseena Zulfon Wali et O Mere Sona Re Sona Re, pour ne citer que ceux-là, sont des passages obligés, d’autant que Vijay Anand les met en images avec une étonnante audace, en filmant par exemple de l’intérieur d’une guitare. La plupart des chansons se déroulent sur la scène de l’hôtel, avec des décors à la Salvador Dali qui là encore méritent le détour.
Les acteurs sont aussi très bons. A l’époque, apparemment, la tendance était de montrer l’amour du couple principal plutôt que la séduction préliminaire. Shammi Kapoor inaugurait le personnage désormais classique du jeune branché fashion, qui drague l’héroïne jusqu’à la faire tomber dans ses bras. Même si son jeu à la limite de l’hystérie peut fatiguer à force, cela donne une fraîcheur et une légèreté toujours agréable au film. Asha Parekh excelle dans son rôle, à tel point qu’elle en interprétera une foule du même genre par la suite. Helen est aussi torride qu’émouvante.
Bref, Teesri Manzil est un classique des années 60 qui mélange habilement les genres pour donner probablement le plus hitchcockien des films hindi de l’époque, les chansons et la romance longuette en prime.