Tezz
Traduction : Vitesse
Langue | Hindi |
Genre | Film d’action |
Dir. Photo | S. Tirru |
Acteurs | Anil Kapoor, Mohanlal, Ajay Devgan, Boman Irani, Mallika Sherawat, Kangana Ranaut, Zayed Khan, Sameera Reddy |
Dir. Musical | Sajid-Wajid |
Paroliers | Shabbir Ahmed, Jalees Sherwani |
Chanteurs | Shreya Ghoshal, Mohit Chauhan, Sunidhi Chauhan, Shaan, Rahat Fateh Ali Khan |
Producteurs | Ratan Jain, Malcolm Walker |
Durée | 122 mn |
Aakash Rana (Ajay Devgan) est jugé pour immigration clandestine à Londres. Cet ingénieur est condamné à être expulsé sur le champ, son mariage annulé et tous ces biens saisis. Quatre ans plus tard, il revient pour se venger avec l’aide de deux complices, le jeune Aadil Khan (Zayed Khan) et la ravissante Megha (Sameera Reddy). Il achète du C4 et place une bombe dans Londres-Glasgow. Si le train ralentit en dessous de 60 mph, la bombe explose.
Arjun Khanna (Anil Kapoor), un officier de lutte anti-terroriste est rattrapé par l’affaire alors qu’il s’apprête à prendre une retraite bien méritée dans son Inde natale. Les autorités britanniques lui confient la tâche de débusquer les terroristes et d’éviter le carnage qui semble inévitable. Il va devoir composer avec Sanjay Raina (Boman Irani), contrôleur du trafic ferroviaire dont la petite fille est justement à bord du train…
Tezz à l’air de partir comme un film d’action américain, à la manière d’un Speed de Jan de Bont pour son coté « le dingue qui met à vif les nerfs des gentils voyageurs » ou plus simplement d’Unstoppable de Tony Scott pour son coté ferroviaire. Effectivement, tezz en hindi signifie « vitesse », autrement dit speed. Mieux même, en argot anglais, tezz est aussi une réaction terrible et disproportionnée : he went off tezz, « il a pété les plombs ». C’est à peu près ce que fait Aakash. Sans-papiers expulsé, il revient pour tuer les 500 passagers d’un train. Mais tezz, c’est aussi une interjection qui peut se traduire par « bidon », un peu comme lorsqu’on tapote sur sa joue gonflée en faisant un bruit de mobylette.
La troisième possibilité à l’air d’être la bonne, et c’est bien là tout le problème du film de Priyadarshan. On ne croit pas une seconde à son histoire de train. Il a pourtant mis tous les ingrédients de son coté : un méchant mystérieux, un contrôleur dont la fille est en danger de mort et un vieux flic fouineur pour sauver la situation in-extremis. Mais la sauce ne prend pas. Pour commencer, un train, ce n’est pas super anxiogène comme moyen de transport. Un bus, c’est mieux, un avion comme dans Airport, c’est encore mieux. Et la salle de contrôle du trafic des chemins de fer, filmée comme la tour de contrôle dans 58 Minutes pour Vivre, c’est simplement ridicule. Ne parlons pas des effets spéciaux ferroviaires qui nous ramènent à l’époque de Airport 80 Concorde avec notre grand Alain Delon. Ils détruisent le semblant de crédibilité que Boman Irani tente désespérément d’insuffler.
Le mobile du forfait est en réalité bien étrange. On veut nous faire croire au début du film que c’est une sorte de vengeance, quatre ans après, en représailles d’une expulsion. Le spectateur naïf peut bien imaginer que d’être renvoyé en Inde, c’est très dur ; mais de là à faire sauter un train de voyageurs dans un acte terroriste, c’est un peu disproportionné ! Ça pourrait encore se concevoir si l’auteur des faits était un psychopathe dont on a réveillé les sombres démons. Mais non, Ajay Devgan semble relativement normal. Il nous fait son regard d’huître, sans qu’on puisse y déceler la moindre perle de folie. C’est encore pire pour ses deux jeunes assistants du crime, ils ont l’air plutôt sympa et leur mobile à eux, est parfaitement obscur.
Ils ont pourtant une utilité claire dans le film : ils sont là pour courir. Zayed Khan nous gratifie de presque 4mn de parkour, alors que la charmante Sameera Reddy détale pendant plus de 7mn. Ces deux scènes paraissent très longues, si longues même qu’il faut faire un effort pour ne pas passer en avance rapide. On peut supposer qu’elles sont conçues pour mettre un peu de rythme dans le film, mais elles font tellement cliché, avec des plans cent fois déjà vus, que l’ennui s’abat instantanément sur le pauvre spectateur. Et puis elles sont totalement invraisemblables : comment croire que les policiers d’élites britanniques tirent si mal ?
Parce qu’ils n’hésitent pas une seconde à sortir leur pétard nos amis anglais dans Tezz ; à tout bout de champ, sans guère de sommation, sans toujours de nécessité, sauf pour tuer de l’indien… C’est peut-être l’aspect le plus gênant du film : les anglais sont présentés de façon odieuse. On avait pu les trouver racistes dans Namastey London. Ici c’est pire.
L’introduction avait déjà pu mettre la puce à l’oreille. Que la justice britannique décide d’expulser Aakash, admettons. Mais pourquoi saisir tous ses biens et annuler son mariage ??? D’ailleurs, comment font-ils pour annuler un mariage religieux ??
Les personnages anglais de Tezz adoptent quasi-systématiquement un air condescendant avec les personnages indiens qui met mal à l’aise. Même le personnage d’Anil Kapoor, pourtant un flic d’élite qu’on a extrait de sa retraite, est en butte à ces regards lourds, quand ce ne sont pas des critiques acerbes ou des menaces. Il ne se ménage pourtant pas, il court lui aussi Anil. Enfin sa doublure, parce que le pauvre homme a l’air très ankylosé. Le montage rapide d’Anil Kapoor et de sa jeune et svelte doublure donnent un résultat qui sort de l’ordinaire.
Priyadarshan, pourtant le réalisateur du magnifique Virasat a blâmé la terre entière pour cet échec. Il a reproché au studio d’avoir monté le film sans son accord. Mais que pouvaient-ils faire de toute façon ? Le montage ne peut pas compenser un scénario improbable constellé de clichés. Il ne peut pas masquer non plus les dialogues indigents, les acteurs en roue libre et les effets spéciaux risibles.
Il a reproché également aux producteurs de lui avoir imposé l’item-number de Mallika Sherawat. C’est vrai qu’à l’écran, il arrive comme un cheveux dans la soupe. Mallika se dandine en chantant Laila, dans une chorégraphie surréaliste qui fait appel à des vampires, des toréadors et des copies de Jackson-Five. Elle fait ce qu’elle peut… mais ça ne le fait pas. La musique est à l’avenant, sans aucun intérêt.
Tezz est un film médiocre que le public a boudé à juste raison. La production disposait pourtant d’un peu de moyens pour tenter de singer les films d’action américains. Ajay Devgan, Anil Kapoor et Boman Irani avaient certainement la carrure pour supporter le projet. Mais un mauvais scénario et une direction défaillante l’ont entraîné par le fond.