Vaaranam Aayiram
Publié jeudi 6 novembre 2008
Dernière modification jeudi 9 octobre 2008
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Par
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▶ | Yuvvraaj |
Harris Jeyaraj.
Ce nom évoque à lui seul des musiques de films tamoules qui tournent encore sur toutes les platines, plusieurs années après la sortie des films en question. Depuis le début du millénaire, ce génie de la composition a enchanté les ondes avec des tubes en puissance à la pelle pour Anniyan, Minnale, Vetaiyaadu Vilaiyaadu, Chellame ou encore Dhaam Dhoom. Considéré comme le deuxième meilleur producteur actuel à Kollywood (derrière l’indétrônable Rahman), il est pourtant le plus gros vendeur notamment grâce à des albums maîtrisés de bout en bout et à une constante qualité de production. Chacun de ses nouveaux morceaux est attendu comme le messie, et il est bien sûr de même pour Vaaranam Aayiram. Cela d’autant plus que le film réunit le producteur Gautham Menon et l’acteur Surya avec lesquels il avait fait merveille dans Kaaka Kaaka.
Autant d’attentes ne sont que peu souvent récompensées… Mais à l’écoute de la BO de Vaaranam Aayiram, on est immédiatement rassuré.
L’album s’ouvre sur Adiyae Kolluthey, un titre rock dont les premières notes feraient hérisser les poils de la ménagère. Une intro très proche du hard-rock fm laisse place à une rythmique basique soutenue par une guitare sèche légère et une basse imposante. Tout au long du titre, de nombreux riffs de guitare saturée rappellent la volonté du compositeur d’imposer une dynamique qui contraste avec les voix douces et sensuelles de Krish et Shruti Hassan (oui la fille de Kamaal Hassan). On obtient une ballade musclée plutôt sympathique qui fera son chemin après plusieurs écoutes.
Si le premier titre était plein d’allant, Harris plombe l’ambiance avec un titre dramatique, Annul Maelae, qui nous plonge dans une tristesse abyssale. Incroyable Sudha Raghunathan qui nous émeut à chaque note, par sa voix habitée. La mélodie est imparable et l’instrumentation dépouillée envoûte l’auditeur rapidement. Les percussions en retrait et les solos de violons maintiennent une ambiance feutrée qui ne laissera personne indifférent. Pas besoin de préciser que cette chanson est un chef-d’œuvre au même titre qu’un E Ajnabi dans Dil Se.
Ava Enna est le titre suivant, et le prochain plat que nous sert Harris est une ballade aux relents de dappa, expérimentation que le compositeur avait déjà explorée dans Munna ou Bheema. Mais Ava Enna est bien plus impressionnant, notamment grâce aux variations nombreuses de rythme ou de mélodies. Karthik offre une belle prestation, prouvant qu’il possède une des plus belles voix actuelles. V. Prasanna fait des vocalises superbes au milieu du titre, comme elle l’avait déjà fait sur Ambe Vae (Dhaam Dhoom), ce qui contribue à donner une saveur lyrique à la chanson. Une belle réussite qui va bercer même les plus durs à cuire.
Harris Jeyaraj n’a visiblement peur de rien. Il recycle la rythmique et la base du morceau de George Michael Faith sur l’excellent Mundhinam. Mais il l’agrémente de variations sonores subtiles (un saxo ou un harmonica) et d’une mélodie sublime dont s’emparent immédiatement Naresh Iyer et Prashanthini. Si ce titre n’est pas un tube en puissance qui va tourner en rotation lourde sur les chaînes musicales tamoules, alors je veux bien acheter le dernier album de Bébé Lily !
Quand on a une BO d’Harris Jeyaraj dans les mains, impossible de passer à côté de la voix d’Hariharan, qui a toujours porté chance au compositeur. Sur Nenjukkul Peidhidum, il nous ravit une fois de plus par la douceur et la subtilité de sa voix. Là encore, les variations mélodiques sont légion, et la production vocale une merveille. Un titre emblématique qui s’apparente au thème du film puisqu’il est en partie repris dans la chanson suivante.
Oh ! Shanthi Shanthi est en effet la suite logique du morceau Nenjukkul Peidhidum en rappelant à nos oreilles les notes du refrain… mais en plus musclé ! En effet, cette chanson est une ballade douce en apparence, mais qui se révèle pleine de fougue à l’approche du refrain. Personnellement, ce titre me rappelle la production du titre d’introduction de l’album, et vogue parfaitement sur la dangereuse pente de la pop rock fm des années 80. Mais c’est un avis somme toute très personnel…
Yethi Yethi clôt avec brio l’album. La rythmique utilisée rappelle les plus grandes réussites du compositeur (Minnale, Anniyan). Mais là encore, le titre n’est pas du recyclage, et il parvient à nous surprendre grâce à de nombreuses variations. Le niveau de production est haut de gamme et on peut s’attendre à se repasser cette chanson indéfiniment.
Pas besoin de tourner autour du pot. Vaaranam Aayiram est facilement la meilleure BO tamoule de l’année 2008 (voire indienne tout court à la vue des productions hindi actuelles). La production est imbattable, les mélodies ancrées dans nos mémoires pour plusieurs années, et la variété des titres proposés nous garantit un plaisir d’écoute infini. Les attentes pour le film vont décupler au fil des semaines, et on peut juste attendre une chose de la part d’Harris : proposer ses services à l’industrie hindi pour relever un niveau dramatiquement bas.