Victory
Publié vendredi 9 janvier 2009
Dernière modification vendredi 9 janvier 2009
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Anu Malik, auteur de quelques tubes bien sentis l’année dernière nous offre sa première BO de 2009, une première BO loin d’être sobre, éhontément surproduite à plus d’un titre. Anu revisite son répertoire mais se contente surtout d’appliquer des recettes classiques, voguant pêle-mêle entre dance, bhangra ou plutôt parodie de bhangra et chanson romantique très lissée. Victory est peut-être un succès assuré ou l’histoire d’un bide en perspective…
A la première écoute de Victory, il paraît loin le temps de Ugly aur Pagli et Maan Gaye Mughal E Azam qui n’étaient pas des chefs-d’oeuvres de composition mais se maintenaient à un niveau de qualité plaisant avec de jolis tubes. En fait c’était l’année dernière, c’était hier.
L’album Victory commence comme une réplique molle de Love Story 2050 : violons et voix surannés, instrumentation pesante. Aisa To Sacha Na Tha fait craindre le pire puis le confirme. Couplet et refrain prévisibles, déjà entendus mille fois. La voix de KK (Ajab Si tout de même) n’enchante nullement. On sent le chanteur peu impliqué, assommé comme l’est l’auditeur par les violoncelles dans un refrain académique et pompeux. C’est sans difficulté que l’on peut imaginer les grands ralentis chichiteux pour la mise en images à moins que l’on ait droit à des accélérés. D’une certaine manière, le premier morceau donne tout de suite le ton de l’album, un ton démodé.
Balla Utha Chhakka Laga ne convainc guère plus avec son couplet d’ouverture. Sukhwinder Singh semble être utilisé pour se parodier lui-même. Chanteur à la voix atypique, très à l’aise dans le style bhangra, mais aussi chanteur intimiste émérite capable de vous fendre le coeur avec une chanson comme Haule Haule, il semble ici cachetonner et ne pas croire une seconde à ce qu’il chante. Pas d’entrain à l’inverse d’une musique à nouveau assommante, sans aucune respiration, où les voix et les instruments mixés très forts agacent plus qu’ils ne passionnent. Si vous voulez écouter un beau bhangra, traditionnel et émouvant, c’est vers Dev D que vous pouvez vous tourner et la chanson Hikknaal.
Pas eu le temps de reprendre son souffle, que Mazaa Aa Gayaa sur plus de 7 minutes (!) repart pour une nouvelle tentative de satisfaire les amateurs de bhangra avec les tablas et autres dhols qui montent crescendo (l’ouverture du morceau). C’est au tour de Sonu Nigam de faire le minimum. Cela change radicalement de son interprétation de Phir Milenge Chalte Chalte. Pourtant, à l’écoute du reste, et particulièrement de l’insupportable Victory, Mazaa Aa Gayaa est le meilleur titre du disque. Morceau sans véritable inspiration mélodique, Mazaa Aa Gayaa est celui qui s’écoute le plus facilement.
Ce qui n’est pas le cas de Money Money Money, tonitruant mais très saoulant morceau dance qui ferait passer Mission Istaanbul, le titre éponyme du film pour un morceau des plus doux voire romantique et Shano Shano pour un slow. Le beat ecrase tout le reste des instruments et la voix se perd au fil des secondes et des minutes qui s’égrènent dans un salmigondis de percussions et de samples sans intérêt. Un titre qui se veut tendance mais a plutôt tendance à exaspérer. Un mix du pire d’Himesh Reshammiya et de Golmaal Returns qui représente aussi ce qu’Anu peut faire de plus mauvais. Triste.
Le summum, la cerise sur le gâteau reste Victory, morceau-fleuve de près de huit minutes, montant crescendo, avec un chant semblant déclamer toutes les cinq secondes des banalités, orchestré avec des synthés au son démodé depuis dix ans. La patte lourde d’Anu Malik fait plus de bruit que jamais, tandis que la voix outrée en fait des tonnes. Du rock FM au rabais pour un résultat catastrophique.
Ce n’est pas We Love Kirket qui changera la donne.
Un album finalement assez triste tant ses vaines tentatives d’actualisation des genres musicaux qu’il visite ne donne rien de neuf et encore moins le sentiment d’écouter un disque qui soit quelque peu excitant ou ludique, voire les deux.
La bande-annonce du film :
Année : 2009