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Zakhm

Traduction : Blessure

Bande originale

Gali Mein Aaj Chaand Nikhla
Gali Mein Aaj Chaand Nikhla (II)
Hum Yahan Tum Yahan
Hum Yahan Tum Yahan (II)
Hum Yahan Tum Yahan (III)
Maa Ne Kaha
Maa Ne Kaha (II)
Pad Likh Ke
Raat Sari Bekaraari Mein

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La critique de Fantastikindia

Par Maya - le 24 février 2009

Note :
(8.5/10)

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1992, les émeutes religieuses paralysent Bombay. Ajay (Ajay Devgan) est un compositeur reconnu. Et amer, il se dispute avec sa femme enceinte (Sonali Bendre), elle veut partir à Londres loin de cette violence irrationnelle, il refuse d’abandonner son pays. Le drame se produit alors : la mère d’Ajay qui était partie prier, s’est fait brûler vive par des musulmans, ses heures sont comptées.

A l’hôpital, ils retrouvent le jeune frère d’Ajay, Anand (Akshay Anand), membre d’un groupuscule hindouiste qui participe aux émeutes. Il hurle sa haine des musulmans, ne rêve que de vengeance. Ajay essaie de le calmer, il refuse de céder au fanatisme et à la violence malgré son chagrin. Ajay et sa mère étaient très proches. Celle-ci a un secret qu’il est le seul à connaître jusqu’alors, mais il va devoir le révéler.

Flash-back. Ajay (Kunal Khemu) est âgé d’une douzaine d’années, il vit seul avec sa mère (Pooja Bhatt). Son père Raman (Nagarjuna) est un producteur-réalisateur connu. Il subvient à leurs besoins, il vient les voir de temps à autre. Mais Ajay ne comprend pas pourquoi son père ne peut pas épouser sa mère.

C’est ce que le film va dévoiler peu à peu, par touches successives. Zakhm (Blessure) est une histoire à la fois très simple et exceptionnelle, elle se distingue surtout par la sincérité de ses personnages qui sont très loin des stéréotypes (à part Anand qui tape sur les nerfs, mais ce n’est sans doute pas un hasard).
L’accent est mis sur le trio formé par la mère, le père et l’enfant qui, en entrant dans l’adolescence, commence à comprendre les lois de la société qui l’entoure et les sentiments de ses parents en tant qu’homme et femme. Il ne peut plus rester passif, il veut que sa mère soit heureuse, avant de réaliser qu’à défaut de pouvoir lui apporter le bonheur, il sera son refuge, faisant alors basculer la relation parents / enfants, comme cela arrive à tout adulte un jour. Mais lui l’expérimente très tôt, et lorsqu’on revient au présent, à Ajay adulte, à son calme inébranlable, on comprend alors tout le poids mais aussi toute la richesse que son enfance pas comme les autres lui a donnés. Zakhm est une grande leçon de vie, n’ayons pas peur des mots.

Et pourtant le film ne s’affirme jamais de cette façon, il ne donne pas de leçon, il ne juge pas, même la violence du frère est prise en considération. Zakhm expose des faits et des idées à différentes lumières, et laisse la réflexion faire son chemin.

Le plus grand atout du film est l’interprétation des acteurs. Pooja Bhatt est extraordinaire, son jeu est digne d’une Shabana Azmi, tout en finesse, tout en regards. Le jeune Kunal Khemu est renversant ; du haut de ses 14 ans, il porte la plus grande partie du film sur ses épaules. On sent Ajay Devgan très imprégné, très investi dans ce rôle. Il dégage une grande force qui n’a rien de guerrière, au contraire on sent très bien en lui l’ancien enfant qui s’est construit hors des chemins habituels, qui a dû résister à l’opprobre social, aux intolérants de tout poil, et qui n’est pas prêt à leur laisser le dernier mot.

Malgré son sujet grave, Zakhm est plutôt un film porteur d’optimisme, d’humanisme. Il réchauffe l’âme. En plus, Mahesh Bhatt nous fait grâce de scènes insoutenables, s’en tenant à l’évocation symbolique, ce qui est plutôt bienvenu même si c’est parfois un peu convenu, comme l’inébranlable amitié solidaire entre voisins, l’un sikh, le deuxième musulman, le troisième hindou (ou « sans étiquette »). Comme le dualisme entre le bon et le mauvais flic…
On peut aussi reprocher au film une dramatisation excessive de la dernière demi-heure, très manichéenne, comme si le réalisateur se croyait obligé de céder à une démonstration en force après avoir atteint son but en douceur. Ce n’était vraiment pas nécessaire.

Mais ce n’est pas cette dernière demi-heure qu’on retient au final, c’est plutôt une atmosphère particulière, une façon originale et douce de nous amener à partager cette réflexion sur la vie, la tolérance, le respect d’autrui.

Mahesh Bhatt a été récompensé d’un Filmfare Award du meilleur scénario, et Ajay Devgan par le National Award de meilleur acteur (Silver Lotus Award).

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Zakhm, un film autobiographique. Extrait d’interview de Mahesh Bhatt

Le film qui dénonce des travers sociaux et politiques indiens mis en lumière notamment lors des émeutes de 1992, a rencontré des difficultés avant sa sortie, quelques tracasseries administratives…
Mahesh Bhatt a défendu son film qui lui a été inspiré par son expérience personnelle. Il le déclare dans une interview :

"Ce film est construit sur mes propres perceptions (…), sur les préjugés qui ont hanté mon enfance. Par exemple quand j’étais au lycée Don Bosco, tenu par des missionnaires catholiques, je mangeais chaque jour avec mes amis hindous, mais un jour ils allèrent manger plus loin. Ils avaient découvert que ma mère était musulmane. Je peux comprendre qu’ils me percevaient comme le fils d’une femme musulmane qui est la maîtresse d’un réalisateur brahmine. Mais le préjugé venait surtout de la religion. Et tout ça se passait sous le nez de Jésus Christ ! Je me suis senti isolé, rejeté.

Lorsque j’ai traversé le trauma de 1992-1993 cela m’a laissé complètement traumatisé, humilié. Je me suis senti si impuissant. (…) Il fallait absolument que je fasse ce film, il y avait quelque chose en moi qui m’y obligeait, qui devait sortir. C’était pénible pour moi de revivre cette impuissance qui m’avait humilié enfant. L’impuissance est une émotion qu’un homme élevé dans ce genre d’environnement, surtout avec une mère célibataire, n’a pas envie de ressentir de nouveau. Revisiter tout cela était plutôt traumatisant. (…) Je voulais que le film de mon enfance soit rejoué avec ma capacité d’homme de 50 ans à regarder ces êtres humains piégés dans une époque. Regarder l’amour de mes parents qui étaient piégés par les préjugés. Ils étaient victimes de leurs milieux. Ma grand-mère aussi avait des préjugés. Je peux le comprendre. Mais quand les politiciens commencent à jouer avec ces préjugés, c’est là que cela devient dangereux. (…)

Quand ma mère est morte, j’ai dû m’occuper de son enterrement. Pour moi c’était comme une thérapie, d’être capable de tenir cette promesse que je lui avais faite. Mais le fait de proclamer publiquement que je donnerais un enterrement musulman à ma mère était un sujet d’embarras pour les membres de ma famille. J’ai pour la première fois entendu son vrai nom mentionné en public le jour de son enterrement, et j’en ai ressenti une grande fierté. (…)
Très consciente de faire partie d’une minorité (religieuse), ma mère était inquiète pour moi pendant les émeutes de 1992, pour moi et pour mes deux filles qui portent des prénoms musulmans. Mais ce qui m’a vraiment traumatisé ce n’était pas tant la violence des rues, mais, vous savez, ces gens normaux, sensibles, ordinaires, qui pour la première fois révèlent leur visage, j’ai vu les dérapages venir d’eux, et j’ai découvert d’où venait le pouvoir de ce génocide : de l’approbation silencieuse d’une majorité de gens. Alors je pense qu’un film comme Zakhm pourrait aider une majorité de gens à se sentir coupable, à reconnaître ce à quoi ils ont pris part."
(source : rediff.com, 29 décembre 1998, extrait d’une interview donnée au magazine Communalism Combat. )

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